Un jour, Un livre « Vignoble de Saint-Emilion, un terroir de l’humanité
SAINT-ÉMILION – DU VIN ET DES CHÂTEAUX – Du vin et des hommes, du vin et des femmes, du vin et des domaines et un terroir sacré qui pratique l’art du vin comme une religion. Promenade au coeur du « Vignoble de Saint-Emilion » par Florence Hernandez.
LE LIVRE – 224 pages et quelque 2000 grammes de vignoble, vignes, domaines, châteaux, terroirs, caves et histoires de ces femmes et de ces hommes qui depuis des siècles font la gloire de ce terroir millénaire, béni des dieux et des hommes. Après quelques pages sur Le goût des paysages, ici la sainte Trinité s’incarne plus que partout ailleurs, autour de Bordeaux, sur la rive droite de la Garonne, où depuis le 1er siècle avt J.-C, les vignes fleurissent et définissent le caractère unique des huit communes de la juridiction de Saint-Émilion qui protègent le sang de la vigne. Bienvenue sur « des mers de vignes » tout autour des remparts de la cité de Saint-Emilion, « le mont Saint-Michel des vignes » où se développent allègrement l’œnotourisme. Suivent des pages indispensables sur les vins de Saint-Emilion et les vignes campées sur 5.400 hectares, qui dansent sur les bords de la Garonne. 3 chapitres pour 20 visites de domaines, égrainés sur un terroir qui rayonne de par le monde, domaines qui enivrent par leurs vins et la beauté de leurs terres éblouissantes. Les domaines dont les propriétaires ont ouverts chais, caves, bouteilles et coeur sont classés selon les caractéristiques de leurs vins, selon la géosensorialité des vins, par l’appréciation polysensorielle du terroir – Élégance, Maturité, Complexité – Puissance, Ampleur, Douceur – Fraicheur, Finesse, Minéralité.
L’AUTEUR – FLORENCE HERNANDEZ – Bordelaise, journaliste et écrivain. Après avoir fait le tour du monde comme reporter pour Géo et Grands Reportages, elle se spécialise dans la gastronomie, le vin et l’art de vivre. Experte et passionnée, elle a déjà écrit plusieurs ouvrages sur ce thème dont Les vins du soleil (2005), Le vin dans l’assiette (2006) et Vins et chocolat (2010).
LE SUJET – un terroir, Saint-Émilion – voyage au coeur d’un terroir de saveurs et de savoirs, 20 propriétés emblématiques de Saint-Émilion (dont 5 Premiers Grands Crus Classés et 11 Grands Crus Classés), leur histoire et les spécificités de leurs vignobles et de leurs terroirs. 20 escales, 20 pauses, 20 domaines aux vins divins dont l’histoire est écrite en rouge Saint-Émilion. Truffé de vignobles d’exception et de domaines dont les noms riment avec excellence. 20 propriétés emblématiques, de la plus confidentielle avec 1,36 hectare, le Clos Saint-Martin, à l’une des plus célèbres mondialement, Château Angelus. Une sélection rigoureuse représentative de la mosaïque de terroirs qui composent le vignoble de Saint-Émilion. 20 Maisons qui ouvrent leurs portes de l’œnotourisme à leurs clients pour les initier à toutes les subtilités de l’univers du vin. Les richesses viticoles ne cessent de séduire et surprendre. Les sommeliers des propriétés sont là pour en révéler tous les secrets et faire découvrir les vins de ces terroirs d’exception, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Le livre est Edité à l’occasion des 25 ans de l’inscription de la Juridiction de Saint-Émilion au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO. Visite des 3 familles :
Élégance, Maturité, Complexité – 3 qualités de goût très recherchées par les grands amoureux des vins de Bordeaux. Visite du plus confidentiel, du plus petit confetti, du plus petit des Grands Crus Classés, le Clos Saint-Martin qui voient fleurir ses vignes dans le jardin de l’ancien presbytère. Sublime et délicieuse petite propriété aux mains de Sophie Fourcade – Château Grand Cordin-Despagne, fief de la famille Despagne. François Despagne, descendant de l’une des plus anciennes familles de Saint-Émilion est un des rares propriétaires à vivre à l’année sur son domaine cultivé en biodynamie – Château Roylland, une étoile montante.
Château La Dominique, le rouge avec panache. Depuis la Terrasse rouge, le panorama se déploie en direction des crus les plus prestigieux de Pomérol – Château Corbin, vignoble jardin,
Puissance, Ampleur, Douceur – une heureuse famille de goûts
Château Fonroque, un cru grandeur nature – Château Laroque, élégance et discrétion, excellente et humilité – Château Faugères à la luxueuse sobriété –
Château Pavie Macquin, le cru phare de Saint-Émilion, tenu par un passionné de philosophie antique, Nicolas Thienpont, vigneron autodidacte bleue, secondé par son fils Cyrille.
Château Fombrauge ou l’art du savoir-vivre en Grand Cru Classé, château acquis en 1999 par Bernard Magrez.
Fraicheur, Finesse, Minéralité. Les vins qui ont ces trois qualités sont puissants et sensuels. Château Capet-Guillier, la diversité comme culture de demain, sur 15 hectares en culture biologique.
Château Villemaurine, aux mains de Marie Lefévère, vigneronne engagée qui travaille dans la rigueur, la précision, le respect de l’environnement et l’exigence du meilleur. – Château de Ferrand, ou l’histoire dans la modernité, propriété du baron Bich depuis 1978, dont la fille et son mari assurent désormais la destinée du domaine.
Clos Dubreuil, étoile montante de l’appellation, menée par un vigneron jusqu’au-boutiste, furieusement libre, Bernard Trocard, paysan-alchimiste –
Clos Fourtet, ou l’exceptionnel au quotidien, dans une ancienne chartreuse à l’élégance discrète, se produit un vin sur mesure, qui dit qu’il existe bien un style Clos Fourtet.
Château TrotteVieille, ou le classicisme trè contemporain, lieu de « haute culture » – Château Saint-Georges Côte Pavie, propriété familiale préservée qui se transmet depuis cinq générations, a le charme désuet des maisons de famille où l’été accueille des cousinages joyeuses – Château Angelus, une icône atypique, « l’idéal vigneron où la nature est son futur ». Stéphanie de Boüard-Rivoal est l’héritière de ce patrimoine transmis depuis huit générations et offre un vin mystérieux, éclatant et voluptueux – Château Beauséjour Héritiers Duffau-Lagarrosse, codirigé par deux brillantes et pétillantes trentenaires qui veulent aller toujours vers le mieux – Château Saint-Georges, ou le futur comme héritage, repris par un enfant du pays, opiniâtre et dynamique, Jean-Philippe Janoueix.
LES PHOTOS – Guillaume de Laubier accompagne l’auteur pour leur troisième livre ensemble, il a suivi Florence Hernandez sur les quelques 5 400 hectares de vignes de l’appellation pour en capturer les saveurs gustatives et visuelles.
L’AVIS DE LA POULE SUR UN MUR – Beau, très beau livre qui enivre de beauté et d’histoire, de paysage et de vie, que l’on soit amateur ou connaisseur, fin épicurien, esthète, professionnel, néophyte, curieux, voyageur, assoiffé d’histoire et de rencontres, de partages et de visites, d’échanges et de découvertes de domaines et châteaux posés dans une des meilleures régions viticoles du monde, menés par des femmes et des hommes passionnés qui protègent leur patrimoine souvent familial, transmis de génération en génération avec respect, amour et savoir-faite pointu. Ils veillent sur des caves merveilleuses, secondés par des sommeliers réputés. Tous sont les maillons d’une grande chaine de professionnels du vin, d’amoureux de leurs vignes et de leurs vins, ils portent en eux, dans leur coeur et dans leur sang, l’histoire, leur histoire souvent croisée avec la grande histoire. Livre à offrir et s’offrir sans modération.
VIGNOBLE DE SAINT EMILION – FLORENCE HERNANDEZ – EDITIONS de LA MARTINIERE – 40 EUROS
Un détail qui m’avait échappé :
« Ce nectar d’équilibre et de subtilité qui défie avec grâce le temps et les modes s’est forgé une réputation à la fin du XIXe siècle lors de l’exposition universelle de 1867, où il fut consacré comme comptant parmi les fleurons de Saint-Emilion » écrit Florence Hernandez dans son ouvrage.
L’affirmation est étonnante, car nous ne trouvons nulle trace du Château Angélus et de la famille de Boüard sur la plaque commémorative mentionnant les trente-quatre propriétaires exposants de Saint-Emilion médaille d’or à l’occasion de cette exposition. La plaque se trouve dans le hall de la mairie de Saint-Emilion. Et n’oublions pas que les de Boüard ne sont devenus propriétaires d’Angélus qu’en 1922.
Il est vraiment étonnant de lire encore une fois que « Stéphanie de Boüard-Rivoal est l’héritière de ce patrimoine transmis depuis huit générations », soit depuis 1782 selon le site du Château Angélus.
Dans ses 8 premières éditions de « Bordeaux et ses vins classés par ordre de mérite » (1850-1908), Edouard Féret, guide de référence des vins du bordelais, ne mentionne aucun de Boüard de Laforest propriétaire de vignobles à Saint-Emilion. Le « Clos l’Angélus » est cité pour la première fois dans la 8e édition de 1908 comme propriété de la famille Gurchy depuis 1610. La 10e édition de 1929 mentionne le changement de propriétaire du « Château Mazerat l’Angélus » quand la Comtesse de Boüard de Laforest le rachète en 1922 à la Société Bernheim de Paris.
Sur le site des Editions Edouard Féret qui sont quand même une référence en la matière :
« Depuis plus de 200 ans, Féret est le garant de la collecte, de l’analyse et de la conservation de données exhaustives et authentiques autour des propriétés viticoles de la région bordelaise.
Bordeaux et ses Vins, ouvrage de référence, est souvent produit devant des services administratifs et juridiques, qui le considèrent et l’acceptent comme source fiable ».
Je comprends dans ces conditions que Château Angélus n’ait pas le courage de répondre à mes remarques depuis longtemps réitérées. Je comprends moins que les médias en général reprennent en coeur cette version revue et corrigée de l’histoire du domaine. Paresse, manque de courage ou complaisance ?