Guillaume Gomez x Philippe Bernachon dialogue autour de la Gastro-diplomatie lors du festival Gastromasa à Istanbul
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Sur la scène de Gastromasa, deux héritiers de la gastronomie française dialoguent. Guillaume Gomez, ancien chef de l’Élysée et aujourd’hui à la tête de sa société de conseil et Philippe Bernachon, héritier d’une maison qui a fait du chocolat un art de famille.
Leur échange, simple en apparence, révèle une idée vaste : la gastronomie est un instrument diplomatique. Ensemble, ils évoquent un symbole : le “gâteau du Président”, créé il y a cinquante ans, pour une réception à l’Élysée. « C’est un gâteau qui a été fait par mon grand-père, pour être servi au président de la République, à l’occasion d’une remise de Légion d’honneur. » rappelle Philippe Bernachon. Ce dessert, d’abord pensé pour un instant d’État, s’est mué en emblème d’une époque où la pâtisserie dialoguait avec la République.
L’histoire débute en 1976, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. Le gâteau du Président devient un geste de diplomatie sucrée, première reconnaissance officielle d’un chef à l’Élysée.
Guillaume Gomez le rappelle : « C’était la première fois qu’un Président a décoré un chef de cuisine à l’Élysée » Un acte fondateur qui vient incarner le rayonnement culturel de la France au travers de son artisanat. Ce lien entre pouvoir et gourmandise ne s’est depuis jamais rompu. Cinquante ans plus tard, le même gâteau est de nouveau servi à l’Élysée, comme une madeleine de Proust politique : un dessert devenu archive vivante, traversant les générations et les mandats.

Derrière le gâteau, il y a une vision. Guillaume Gomez évoque la mission qu’il porte aujourd’hui : « Je m’occupais du rayonnement de la gastronomie à travers le monde. Cette diplomatie civile permet à nos chefs et artisans de briller à l’international. »
Ce rôle dépasse la promotion des produits : il relie les artisans, les producteurs, les chefs, mais aussi les cultures au travers d’une même idée, à travers des événements comme GastroMasa, la gastronomie devient langage universel, un pont entre les peuples. Les salons, dit-il, « sont des moments essentiels d’échange entre nos économies et nos traditions ». Ce sont aussi des lieux d’observation : voir comment les autres cuisines vivent, comment elles inspirent, comment elles répondent à la modernité.
Philippe Bernachon, de son côté, mesure la force de cette mémoire en mouvement. Son chocolat, est désormais venu à Paris sans trahir son âme lyonnaise et devient l’image même d’une tradition capable d’évoluer. La Maison Bernachon, héritière d’un artisanat minutieux, continue de séduire par son équilibre entre héritage et contemporanéité. « Ce qu’on voit dans ces salons, c’est la jeunesse, la curiosité, la vitalité. » ajoute-t-il. La France, dit-il, a tout intérêt à aller voir ce qui se passe ailleurs, tout en invitant le monde à venir goûter son savoir-faire.
En filigrane, les deux hommes rappellent que la gastronomie française n’est pas une forteresse mais une conversation permanente. « On ne peut pas être d’accord sur tout, mais on peut toujours se réunir autour d’une bonne table ! » cite Guillaume Gomez, reprenant le mot de Gilles Bragard, fondateur du Club des Chefs des Chefs.
Le repas gastronomique des Français, inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO, prend ici tout son sens : manger ensemble comme acte d’humanité. Et, comme un clin d’œil final, Guillaume Gomez conclut : « En France, on finit toujours par du chocolat »
À travers ce dialogue entre le gâteau du Président et le chocolat Bernachon, c’est toute la cohérence d’une culture qui se lit : le respect des racines, la transmission du geste, la conviction que le goût unit ce que la politique sépare. La France y trouve son image : gourmande, diplomate et profondément humaine.

















