Un moment délicieux à Amsterdam – Café Caron – récit intimiste avec le chef de famille Alain Caron …
C’est un soir d’avril que « La Poule sur un Mur » s’est posée en douceur à Amsterdam.
Musées, canaux, tulipes, gouda, palais royal, je les survole pressée de retrouver un chef qui depuis toujours fait partie de mon paysage gastronomique et de tendres amitiés. Il pleut sans bruit sur la ville et le chemin à pied de l’hôtel au Café Caron est un bonheur amusant. Marcher le long des canaux, traverser les parc et les places se retrouver face aux impressionnants musées Van Gogh et Rijksmuseum… quelques rues à parcourir, les pas s’envolent. Au coeur de la ville.
Un coin de rue charmant, une verrière, des boiseries vert tendre qui attirent sans éblouir, sans gêner le regard, on a tout simplement envie de rentrer, de pousser la porte du « Café Caron« . Un rendez-vous improbable, entre deux avions, deux vols, deux envolées, et c’est le moment de joyeuses retrouvailles avec la famille Caron et son chef Alain Caron.
Des les premières secondes, la gaieté me frappe. Comme une balle elle tape de mur en mur, rebondit du sol au plafond, touche gracieusement les tables, éclaire les cuisines et inonde la salle. Elle éclaire les regards, elle réchauffe les cœurs, elle fait joliment sourire. Elle est résidente du Café Caron.
Café Caron, ça vibre, ça sourit, ça boit, ça mange, ça vit. on y cuisine en famille, on y travaille en famille. on rit, on s’attable, on bavarde. On est bien, chez Alain. Le bois blond est chaud comme le pain, la bière est d’ici, les vins de France.
Il est 20 heures. Toutes les tables sont occupées, le comptoir est plein lui aussi. Chef Alain, casquette vissée sur la tête, va de table en table. . Il s’assoit, s’attelle, partage simplement quelques mots et quelques gorgées de vin, des tapes sur l’épaule et des sourires contagieux. On est bien, chez Alain, au chaud sous la verrière. dehors un petit 12° , il bruine sur toutes les vitres. cela n’empêche pas les bons vivants d’Amsterdam de sortir, de vivre et de se retrouver dans cet endroit magique où règne une ambiance bistrot-café comme on l’aime. Tous les âges voisinent, les cheveux blancs et les boucles dorées, des vikings blonds et des beaux bruns, des blondes nordiques et des asiatiques exotiques. Amsterdam est a ville de toutes les couleurs.
Je trouve une place au comptoir. Des vins, des bières et des tapas: huitres -fine de bretagne, charcuteries, sardines « ortiz », jambon ibérique. Un verre de Bourgogne – Savigny-les-Beaune, Vieilles Vignes 2015 -. Il est doux, onctueux, il réchauffe et donne bonne mine, il réveille avec sa jeunesse. J’aime la fraicheur de ce vin. mais voilà qu’Alain Caron m’entraine à table pour un diner en tête-à-tête sur une jolie table d’hôte, table de partage, de convivialité et de confidences. Alain parle, parle, parle, se lève pour accueillir. Ici chacun est considéré, reconnu, en ami. Je suis terriblement bien ici, à bavarder et regarder le chef Alain Caron, nager entre les tables comme un poisson, picorer par ci, frôler les épaules et les verres, partager des bouffées d’amitié et des chapelets de sourires! Je me sens inondée d’une sensation délicieuse, ce verre de vin m’a donné cette belle nonchalance, il a ouvert la parole et l’appétit, chassé la mélancolie et installé une légère désinvolture.
Toutes les langues chantent sous la terrasse, le français, l’anglais, le néerlandais. Alain Caron continue ses accolades tandis que les toits s’égouttent. C’est bigrement chaleureux comme si un soleil invisible chauffait à travers les vitres mouillées. Il bruine sans bruit. C’est sympa, c’est joyeux. On est bien ici.
Alain Caron n’oublie pas ses maîtres et ses amis. Un dessin de son héros, Paul Bocuse, a trouvé naturellement sa place et rappelle le parcours et les origines françaises du chef. Entre deux mots, Alain Caron se lève , fait goûter des vins, les derniers rentrés dans sa cave. 9a hume, ça goûte et ça aime les choix du sommelier. Alain revient à table. Confidences. Nous parlons beaucoup, de cuisine, de chefs, de projets, de famille et d’amitié… entre deux mots nous entamons la découverte de la carte. Je laisse le chef choisir. Exquise salade (feuilles fraiches et betteraves de toutes les couleurs) et galantine de canard, crème de céleri, jus de canard. C’est beau et bon, ça sent la cuisine traditionnelle française, ça respire la France profonde.
Alain Caron parle comme un fleuve de la cuisine, de sa cuisine, de sa famille, de ses fils David et Tom qui sont en cuisine, de sa femme, de ses voyages avec les chefs qu’il aime, de la Bourgogne, du vin, de son métier…
Nous découvrons une création du chef Thomas, un somptueux Pithiviers – confit de canard, pied de cochon, duxelle de champignon, confits d’oignons liés à la purée d’ail, à la manière de Bernard Loiseau, feuille de chou vert, jus réduction de vin rouge – et une création d’Alain Caron, un cabillaud doré au four, nacré et cuit à souhait, pris entre compotée de poireaux, jeunes pousses de barbe de moine et fromage de Hollande un peu volontairement brûlé, beurre blanc.
Comment résister au dessert, celui dont on rêve et que Café Caron a réalisé, une tarte Bourdaloue juste parfaite.
La soirée est belle. Je quitte Alain Caron, un chef, un artiste qui joue aussi bien des casseroles que de la batterie, auteur de livres et présentateur de télé, curieux de tout et de tous, un ami fidèle à celles et ceux auxquels il a donné sa confiance et son affection, un homme heureux! Délicieux!
Café Caron est délicieux, à l’image de la famille qui l’anime. Une belle échappée, une parenthèse chaleureuse où il fut doux de manger, boire et parler. Il pleuviote encore. Il ne me reste plus qu’à écouter la nuit et partager mes souvenirs.
Café Caron – Frans Halsstraat 28 H – Amsterdam – 020-6758668