Marseille a vibré avec Les Rencontres des Cuisines Africaines
Marseille n’est pas très loin de l’Afrique, juste quelques grosses poignées de kilomètres séparent les cotes de la cité phocéenne et celles de l’Afrique.
Pendant deux jours Marseille a vécu « Les Rencontres des Cuisines Africaines » dans les grandes marmites gourmandes de la Friche Belle de Mai. Près de cent cuisiniers, cuisiniers, chefs, acteurs de la scène culinaire africaine se sont donnés rendez-vous la Friche La Belle de Mai, ce fantastique terrain de jeu de rencontres, de partage, de culture d’ici & d’ailleurs, « terrain d’expérimentation artistique et urbaine, projet sociétal, aventure citoyenne singulière… ».
Ils sont venus, ils sont tous là ces porteurs de messages et d’idées, qu’ils aient franchi la mer ou soient des représentants de la diaspora, ils ont tous la même passion, leur terre natale, sa culture et sa cuisine, la cuisine est culture elle raconte l’histoire d’un pays, d’un peuple, ses errances et ses combats, sa joie et ses peines, ses projets et son passé. Ils sont venus pour partager au fil de rencontres, d’échanges, de conférences, tables rondes, cours de cuisine, démonstrations, interviews, ateliers et autres points d’échange, raconter leur cuisine. Cuisine qui garde en mémoire les plats traditionnels, les recettes de toujours qui ont traversé le temps sans mots et sans images simplement avec des paroles qui ont transmis cette histoire, ces gestes et coutumes. Cette cuisine africaine s’inscrit aussi dans le monde d’aujourd’hui, elle se veut contemporaine, moderne, débarrassée des dogmes d’avant sans rien perdre de son identité mais en répondant aux modes de consommation aujourd’hui. Ces cuisines africaines ont quitté leur berceau, désormais elles se dégustent partout dans le monde grâce à des chefs qui diffusent leurs recettes et racontent les produits de chez eux, comme attieké et autres délices végétaux, produits qui eux aussi ont pris avion et bateau pour s’exposer et se déguster partout. Comme l’ont fait les épices, la vanille, l’ananas, le poivre, toutes ces merveilles qui se sont merveilleusement intégrées dans d’autres cuisines qu’elles twistent follement. Que seraient nos cuisines sans Poivre de Penja, piment, ananas du Bénin…
L’âme, la culture africaine pimente la ville comme la Harissa (mot du verbe arabe harasa qui signifie « piler » ou « broyer ») secoue la cuisine. Avec ce mot, vous pensez cuisine orientale, sauce pimentée qui pique, couscous, tajine, vous voyagez immédiatement dans les délices des mille et unes nuits, sur les bords de la Méditerranée, en Tunisie, où est née cette sauce qui est une savoureuse explosion de saveurs, qui entraine dans une échappée du goût colorée, généreuse, spontanée, naturelle. et les épices qui se posent sur et donnent ce supplément de gout, de saveurs et de voyage? La Harissa n’est pas la seule à avoir trouver sa place dans les cuisines africaines, dans les cuisines du monde et dans les acteurs de ces rencontres africaines qui ont ensoleillé la ville, l’ont faite danser au rythme du combo, de la sauce gombo, de l’huile d’argon, du café, de l’attiéké. Pendant deux jours toutes et tous ont parlé cuisine, au-delà du couscous du tajine et du maffé et du yassa.
Il est préférable de parler des cuisines africaines et non seulement de la cuisine africaine car la cuisine africaine est aussi riche que variée. Celle d’Afrique du Nord, de Côte d’Ivoire, du Mali, est différente de celle d’Ethiopie, du Sénégal.
Tous les acteurs et intervenants de ce rendez-vous qui a rassemblé fournisseurs, professionnels et chefs, su ces deux journées de goût ont animé démonstrations, forums, concours, conférences, ateliers qui ont été les temps forts pour mettre en valeur des produits d’ici et d’ailleurs, des produits connus et reconnus et d’autres à découvrir en compagnie d’exposants et d’une ribambelle de chefs .Chorba frik, bamiia, bassi-salté, fonio bassari, bobotie… ont défilé majestueusement. La cuisine africaine est encore méconnue ! Du maghreb jusqu’à l’Afrique du Sud, des recettes portées par des cuisiniers et des ambassadeurs de produits, qui racontent l’histoire d’un peuple, d’une culture, d’un art de vivre ont affiché leur originalité, leurs saveurs.
Merci aux 70 intervenants, représentants 23 pays d’Afrique, chefs & cheffes, producteurs, agriculteurs, journalistes, universitaires, formateurs qui ont débattu, ont fait briller les cuisines d’Afrique, ont parlé de ce terroir africain si riche et varié, à toutes celles et ceux qui ont partagé leurs cuisines métissées, leurs recettes, leurs idées et leurs projets, leur approche de la cuisine, Merlin Ella pour sa sauce combo, à Yvon Mbiavanga, à Saralé Ozana pour ses explications sur la cérémonie du café, au chef O’miel, qui se définit joliment comme » l’architecte du palais », aux éleveurs du premier caviar de Madagascar, à Aristide Kounkponou qui a évoqué la traditionnelle ancestrale cuisine vaudou qui protège des dangers,
à la délicieuse Fatéma Hal, Africaine du Maroc, qui a parlé en connaissance des femmes cheffes et leur place sur la scène culinaire,
Georgina Viou qui, chapeau vissé sur la tête, a préparé une infusion à l’ananas …