Tara Khattar, ex Top Chef, se confie à F&S depuis Beyrouth : son livre à venir, sa cuisine, ses envies

30 septembre 2019  0  Non classé
 

signature-food-and-sens Dans la vraie vie, elle est telle que nous l’avons vue dans Top Chef : vive, souriante, décidée, volubile. Tara Khattar, candidate de la saison 2018 de Top Chef France, poursuit depuis sa route culinaire, du côté des États-Unis (où elle vit). Mais c’est à Beyrouth, la capitale de son Liban natal, que nous l’avons rencontrée, pour une interview à bâtons rompus. C’est là qu’elle nous a raconté l’après Top Chef, et la suite qu’elle a donné à sa carrière. Partageant son temps entre Dallas, New-York et les Bahamas, où elle mène tambour battant son affaire de catering, la jeune femme prépare la sortie de son propre livre. Elle nous en dit plus ci-dessous.

F&S : Bonjour Tara ; parle-nous de ton expérience post-émission ? Comment as-tu géré ta soudaine notoriété ?

Tara : Après Top Chef, ça a été très intense de ce point de vue ; un jour, je déjeunais avec ma mère à Beirut, et j’ai soudain été enlacée et embrassée par des gens qui passaient par là, m’ayant reconnue comme candidate de l’émission. Par moments, ce type de comportements est très surprenant, car on ne s’y attend pas ! Mais c’est l’un des aspects de la notoriété ; on ne peut pas être connu, et refuser d’être abordé dans la rue. Il faut faire avec. Au fond, ça ne me dérange pas, car j’aime beaucoup les gens. Ceci dit, après l’émission je me suis beaucoup éloignée des réseaux sociaux, car j’y ai reçu des messages très blessants. Les gens nous jugent facilement… Et puis, les émissions de télé-réalité ont tendance à exagérer aussi un peu notre personnalité ; la production coupe les phrases au montage, pour n’en garder qu’une petite partie, qui peut sembler du coup hors contexte ou très forte. Mais bon, c’est comme ça que ça fonctionne. Toujours est-il que six mois après l’émission, je me suis rendue compte que je passais trop de temps à tâcher de gérer la célébrité ; alors j’ai recommencé à me concentrer totalement sur le travail et sur la cuisine, et à faire des plats qui avaient du sens pour moi.

F&S : Es-tu toujours en contact avec les chefs et candidats de l’émission 2018 ?

Tara : Oui, je suis toujours en contact avec Michel Sarran, qui est même venu à mon mariage (ce qui m’a beaucoup touchée). Et toujours en contact avec les autres candidats, comme Vincent (Crépel), Camille (Delcroix), Justin, Thibaud, Victor, tout le monde. On a un groupe whatsapp tous ensemble ; on se revoit, on est proches.

F&S : Un an et demi après la diffusion de Top Chef 2018, quel bilan tires-tu de l’émission ? Qu’est-ce qu’elle t’a apporté ?

Tara : Juste avant de commencer le tournage de Top Chef, je venais de me faire opérer de la main. J’ai donc eu très peu de temps pour me préparer avant l’émission ; cela m’a appris à me centrer davantage, à être plus focus. L’émission m’a aussi permis de beaucoup m’améliorer en tant que chef ; elle pousse à la créativité. Ça m’a également permis de réaliser que je tiens à ce que ma vie privée le reste. Communiquer sur ce que je mange, où, quand et avec qui, ce n’est pas pour moi. Et je ne pense pas que ça intéresse les gens.

F&S : Dirais-tu que l’émission a été un tremplin efficace pour tes projets ?

Tara : Elle m’a donné une crédibilité très rapidement. C’est une très bonne chose, d’autant qu’en France, il faut avoir 30 ans de métier au moins pour être un peu reconnu !

F&S : Que fais-tu désormais ?

Tara : Je suis basée aux États-Unis. Je fais du catering (création de menus sur-mesure pour des mariages, par exemple, ce qui plaît beaucoup aux Millenials), et du consulting (pour des ouvertures de restaurants, des menus, pour conseiller des restaurants en perte de vitesse, etc). J’ai également des projets de consulting en France. De fait, je reçois beaucoup de demandes de la part de la France, mais aussi du Moyen-Orient. En tout cas, je fais vraiment de mon mieux pour que mes clients soient contents ; il est très important pour moi de bien faire mon travail. D’autant que si je cuisine, c’est pour rendre les gens heureux.  

F&S : Quels sont tes projets à long terme ?

Tara : Mon but ultime serait de devenir une marque. En parallèle, je souhaite démocratiser la cuisine, car je suis gênée par le fait qu’il n’y ait que deux types de cuisine : celle des chefs étoilés, et celle des amateurs. Et rien entre les deux ! Moi je veux montrer que la cuisine professionnelle est facile, et accessible à tous. Il suffit de connaître les petites astuces pour réussir un plat. Il n’y a pas besoin de faire des grandes techniques savantes et compliquées pour que la cuisine soit bonne. Mon but est d’apprendre aux gens à cuisiner, et non de leur donner une recette. Et puis, j’aimerais encourager la jeune génération à cuisiner ; et lui montrer qu’on peut cuisiner avec tout.

Tara Khattar pour Elle&Vire

F&S : Tu travailles actuellement sur un projet de livre ; peux-tu nous en dire plus ?

Tara : C’est une idée qui m’est venue il y a trois ans, avant l’émission Top Chef. Elle est née de mon parcours personnel ; bien qu’ayant grandi au Liban, j’ai appris la cuisine française, mais pas la libanaise. Quand j’ai déménagé aux États-Unis pour faire mon Master, j’avais beaucoup de temps libre en parallèle ; c’est là que j’ai commencé à faire de la cuisine libanaise, car j’avais pris du poids. Au début, j’ai appris par téléphone, en parlant avec mes grand-mères. À force, je me suis mise à cuisiner énormément. Comme je faisais des quantités astronomiques, je mettais tous ces plats libanais dans des boîtes de conserve, que je donnais à mes voisins et amis. Leurs retours étant très positifs, j’ai fini par me dire que je pourrais lancer un business. J’ai donc créé mon affaire ; en deux mois, j’avais déjà 60 clients. C’est à ce moment que l’idée m’est venue de faire un livre, pour rassembler les recettes libanaises de nos grand-mères. Ces recettes ne sont pas dans les livres, et risquent de disparaître. Au Liban, les grand-mères ont tant fait pour nous avec leur cuisine ; hélas, leurs recettes disparaissent avec leur génération. Ce livre permettra de leur rendre hommage ; car toutes ces femmes n’ont pas été appréciées à leur juste valeur, ni n’ont été reconnues pour tout ce qu’elles ont fait pour leur famille, toute leur vie durant.

F&S : À quand la sortie du livre ?

Tara : En octobre 2020, donc dans un an. Le livre, qui paraîtra aux éditions Hachette, contiendra plus de 100 recettes, réparties par catégories de plats : les brunchs, les déjeuners de semaine, les plats rapides, les plats des grandes fêtes, les plats du dimanche, etc. Tout y est expliqué étape par étape, et peut être réalisé avec les ustensiles de cuisine de base, qu’on a tous chez nous. Au final, l’idée est de proposer un livre de cuisine à destination des amateurs, mais qui soit 100% crédible pour les professionnels de la cuisine. J’ai voulu garder les choses simples ; comme un retour aux sources. Vous verrez, le livre contiendra aussi des recettes libanaises inédites.

F&S : Toi qui es originaire du Liban, que peux-tu nous dire sur la scène culinaire du pays ?

Tara : Beyrouth a une belle scène culinaire ; on y trouve de super concepts food ; ils viennent directement de New-York et de Londres, puis débarquent à Beyrouth, avant de s’implanter à Paris. On a un pays très riche culinairement parlant, et le peuple libanais est aimant ; ici, les gens t’aident si tu as besoin. Je m’en rends compte chaque fois que je reviens.  

Propos recueillis par Anastasia Chelini
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