sarah benahmed le crocodile

Alsace –  » Une fois assis au Crocodile, on a l’impression d’être unique au monde  » explique un inspecteur du guide Michelin

05 mars 2019  0  Non classé
 

signature-food-and-sens  En décrochant le 21 janvier dernier   » le prix de l’accueil et du service en salle  » décerné par le guide Michelin Sarah Benahmed est donné en exemple pour un métier qui ne cesse de se réinventer et de trouver enfin une vraie légitimité. Depuis qu’elle a pris en main le service de salle du restaurant Le Crocodile à Strasbourg elle a été aussi récompensé par le guide Gault & Millau.

Découvrez son portrait publié par le quotidien Régional L’Alsace

Installée depuis presque deux ans à Strasbourg avec son compagnon, le chef Franck Pelux, la jeune directrice de salle du Crocodile trouve, dans les valeurs alsaciennes, un écho à son art du service.

restaurant le crocodile

« C’est une région dans laquelle, avec Franck, on se voit bien faire des enfants » , lâche tout de go Sarah Benahmed. La jeune femme de presque 28 ans ne feint pas son « coup de cœur » pour l’Alsace depuis qu’elle s’y est installée, en mai 2017, pour diriger la salle du Crocodile, restaurant étoilé strasbourgeois dont son compagnon, le chef Franck Pelux, a simultanément pris la tête de la cuisine.

Au gré de son parcours professionnel ces dix dernières années, cette native de la Drôme a pourtant sillonné bien des coins de France et du monde. Parmi ses étapes et références : l’Auberge du Père Bise à Talloires, en Haute-Savoie, la Résidence de la Pinède (La Vague d’Or), à Saint-Tropez, le 1947, à Courchevel, le LP Tetsu, à Singapour, et le Temple Restaurant, à Pékin.

« Durant nos deux années en Chine, avec Franck, on a travaillé tout le temps , raconte-t-elle. Depuis que nous sommes à Strasbourg, on a le luxe d’avoir nos dimanches. On en profite pour se balader à travers la ville qui a un côté petit village et recèle plein de secrets. À chaque fois, on découvre autre chose. Toutes les régions de France sont belles, mais l’Alsace a un truc en plus. Elle a su conserver des valeurs qui sont aussi les miennes, comme le respect de l’autre, la générosité et l’authenticité. C’est la première fois qu’on se sent aussi bien quelque part. »

Gault&Millau «jeune Talent service en salle » Grand Est

En poursuivant ses éloges, Sarah précise avoir notamment été « très émue » lors d’une promenade à Kaysersberg. « Une petite dame m’a expliqué qu’elle balayait devant chez elle pour que son village soit propre aux yeux des visiteurs. Un peu plus loin, une autre femme jouait de l’accordéon juste pour les touristes. Cela m’a touché, tout comme je l’ai été, en arrivant à Strasbourg, de recevoir des mots d’encouragement de gens que je n’avais jamais vu, mais qui tenaient à me souhaiter la bienvenue. Les Alsaciens ont le sens de l’accueil ! »

Elle s’en réjouit d’autant plus qu’elle s’évertue, au quotidien, à élever cette qualité au rang d’art. Preuves s’il en est : après avoir été distinguée par le jury du Gault & Millau en mai 2018 dans la catégorie Jeunes Talents, elle s’est vue décerner, le 21 janvier dernier, le prix de l’accueil et du service en salle du guide Michelin (le premier jamais attribué). « Sarah Benahmed incarne une image de l’élégance et de la générosité, qualités qu’elle déploie avec une aisance impressionnante. Une fois assis au Crocodile, on a l’impression d’être unique au monde » , souligne un inspecteur du guide rouge dans une note interne.

« Un bon accueil est un accueil sincère, fait avec le cœur » , estime Sarah en ajoutant que, pour faire un bon service, « il faut avant tout réussir à comprendre, en quelques secondes, ce que la personne est venue chercher. Les participants à un repas d’affaires, par exemple, veulent de l’intimité quand, au contraire, les personnes célébrant un événement veulent passer un moment exceptionnel… Mais attention, si chaque client est différent et à ses propres attentes, tous doivent être servis avec le même amour ! »

Et de noter : « Avec Franck, nous nous voyons d’ailleurs plus comme des aubergistes que des professionnels de la grande gastronomie. Nous sommes dans la simplicité, l’émotion. On apprécie de donner du bonheur à nos clients, de partager un moment de leur vie comme eux partagent un bout de la nôtre. Les métiers de la salle sont un don de soi. On donne toute l’énergie qu’on a en nous. Ainsi, quand je recrute un nouveau coéquipier, je préfère toujours une personne gentille à une autre qui, même si elle affiche des références dans de grandes maisons, me paraît hautaine. Ce qui m’intéresse, c’est la bonté. »

Vocation et amour

« Sarah est avec son équipe comme avec ses clients, généreuse et attentionnée, glisse Astrid, l’une de ses collaboratrices. Elle nous voit comme une famille. » Étonnant ? Non, au regard du fait que c’est au milieu de la sienne qu’elle a nourri sa vocation. « Dès l’âge de 7 ans, j’ai eu à m’occuper de mes sœurs et à leur faire à manger quand mes parents n’étaient pas à la maison , confie-t-elle. Au début, c’était une corvée puis, au fur et à mesure, cela s’est transformé en passion. Tous les mercredis, j’amenais mes sœurs à la bibliothèque pour qu’elles consultent des livres de cuisine et choisissent les recettes qu’elles voulaient que je leur concocte. À 10 ans, mon père m’a même offert un vrai fourneau. Je cuisinais et cuisinais encore, mais j’étais surtout heureuse, le soir venu, de pouvoir préparer une table pour que toute ma famille puisse se réunir. »

À l’évocation de cette histoire, une conseillère d’orientation conseille, logiquement, à Sarah d’intégrer une école hôtelière à la sortie du collège. « Mes parents ont refusé, car ils trouvaient que la restauration était presque un sot métier » , dit-elle en relevant être tout de même parvenue à étudier au lycée hôtelier de Tain-l’Hermitage. Dans ce cadre, elle effectue notamment un stage au Charlemagne, une table étoilée animée par le chef Laurent Peugeot à Pernand-Vergelesses, en Bourgogne.

« C’est là que j’ai rencontré Franck qui venait d’y décrocher son premier emploi. J’avais 16 ans et lui 19 ans. Nous avons eu un coup de cœur mutuel, mais il ne s’est rien passé. J’étais trop jeune , rigole-t-elle. Nous nous sommes revus quand j’ai eu mon bac et ne nous sommes plus quittés depuis dans le privé comme dans le travail. Nous avons grandi ensemble et évolué dans les mêmes maisons. Notre passion pour nos métiers est décuplée par notre amour et inversement. Nous ne faisons qu’un. Quand l’un a un coup de blues, l’autre le remotive. On essaye d’être meilleur pour soi et pour l’autre. »

Une question s’impose dès lors. Pourrait-elle travailler un jour sans son compagnon et complice ? Sa réponse est aussi rapide que tranchée : « C’est juste inconcevable ! »

  • 7 mars 1991 :naissance et enfance dans la Drôme. Elle y fera ses études au lycée hôtelier de Tain-l’Hermitage.
  • 2009 à 2015 :travaille dans la salle de grandes tables étoilées. Collabore notamment avec le chef Arnaud Donckele à La Résidence de la Pinède d’Or, à Saint-Tropez, et avec Yannick Alléno au 1947, à Courchevel.
  • 2015 :afin d’animer le Temple Restaurant, elle s’envole pour Pékin avec son compagnon Franck Pelux, chef médiatique depuis sa participation à l’émission « Top Chef » 2017.
  • Mai 2017 :à l’invitation de Cédric Moulot, son propriétaire, prend la direction de la salle du Crocodile et emménage à Strasbourg.
  • 21 janvier 2019 :reçoit le prix de l’accueil et du service en salle, le premier jamais remis par le guide Michelin.
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