Suisses et Hollandais investissent lourdement sur le marché de la viande synthétique
Inquiétant diront certains, préoccupant pour l’éthique pour d’autres, par contre rassurant pour ceux qui pensent que la production de viande arrive bientôt à saturation, et que la viande artificielle est la bonne solution pour palier aux besoins à venir et éviter des pollutions supplémentaires.
L’entreprise spécialisée dans la transformation de viande a investi 2 millions d’euros dans le capital de Mosa Meat, leader mondial de la production de viande à partir de cellules animales.
C’est un pari osé pour Bell Food. Le groupe suisse, qui compte parmi les principaux transformateurs européens de viande vient d’investir 2 millions d’euros dans le capital de la start-up néerlandaise Mosa Meat, leader mondial de la viande de culture, ou viande artificielle.
Créée en 2013, cette société a mis au point une technologie permettant de produire de la viande en laboratoire à partir de cellules animales. Aucune chair animal n’est donc utilisée dans le processus de production. « Il s’agit d’une véritable viande qu’il est impossible de différencier au microscope avec la viande de boeuf, de porc ou de volailles », assure Bell Food dans un communiqué.
Grâce à l’investissement de Bell Food et d’autres entreprises, Mosa Meat a levé 7,5 millions d’euros pour financer ses travaux de recherches jusqu’en 2021. En 2013, la start-up avait présenté son premier burger composé d’un steak de 150 grammes réalisé à partir de cellules animales. Le projet, financé par le cofondateur de Google, Sergey Brin, avait coûté 290.000 euros.
Anticiper une forte augmentation de la demande
Bell Food espère de son côté pouvoir commercialiser la viande de culture d’ici 2021. Mais le groupe reste prudent: « Nous en sommes encore à un stade très précoce même des prototypes sont déjà testés », affirme son porte-parole. « Le but est de trouver un moyen de produire cette viande à un prix concurrentiel », ajoute-t-il.
Surtout, ce nouveau positionnement vise à répondre à l’augmentation à hauteur de 70% de la consommation en viande dans le monde d’ici 2050 selon l’Organisation des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), précise Bell dans son communiqué. Une demande que les méthodes de productions actuelles ne seront plus en mesure de satisfaire. Mais pour le groupe suisse, c’est aussi un moyen d’offrir une « alternative aux personnes préoccupées par leur consommation de viande pour des raisons éthiques ».
Les émissions de gaz à effet de serre réduites de 80%
Si Bell Food reconnaît que la taille du marché de la viande synthétique est « difficile à prédire », il est convaincu que ce dernier « existe ». Et il n’est pas le seuil. Comme le rappelle Le Temps, plusieurs start-up se sont lancées sur ce créneau ces dernières, notamment dans la Silicon Valley, où « Memphis Meat, par exemple, a reçu des financements de Bill Gates et Richard Branson » en 2017.
« Je crois que dans une trentaine d’années, nous n’aurons plus besoin de tuer des animaux et que toute la viande sera soit propre, soit fabriquée à base de plantes, aura le même goût et sera meilleure pour la santé de tout le monde« , avait déclaré le fondateur de Virgin Group.
Certains se disent également favorables à la viande de culture en raison de ses vertues écologiques: « Si toute la viande produite au niveu mondial était cultivée de manière in vitro, les émissions de gaz à effet de serre pourraient être réduite de 80% et l’utilisation d’eau de 90% », a déclaré un chercheur européen cité par le Washington Post.