Destin de Femme – Maïna Conil » j’ai compris qu’on ne pouvait pas faire ce métier ( de chef ) si on ne possédait pas un vrai mental… «
Destin de Femme – sa force c’est la passion pour la cuisine, son moteur c’est l’enthousiasme qu’elle met à cuisiner, son énergie c’est dans le travail quelle la dépense… rien ne fait jamais peur à Maïna Conil, une jeune femme au destin original qui a toujours transformé les difficultés en des atouts pour mieux se construire. Aujourd’hui se petit bout de femme à fort caractère à fait de la cuisine son moyen d’expression.
Suivez là dans le portrait que lui consacre Midi Libre sous la plume de Gil Lorfèvre.
Une chef sur la voie royale – Millefeuille aux lamelles de potiron et au ragoût de crabe. Voilà la première recette qui rendit célèbre en 2007 la toute jeune élève cuisinière du CFA de Nîmes. Dix ans plus tard, Maïna Conil, est devenue l’une des meilleures ambassadrices de la gastronomie française à travers le monde. Âgée d’à peine 27 ans, cette Montpelliéraine, actuellement en poste en Norvège, vient d’être nommée second de cuisine au Royal Monceau à Paris sous le commandement du célèbre chef japonais, Nobu Matsuhisa, connu pour sa cuisine fusion et son business avec l’acteur américain Robert De Niro… Été 2006, Maïna vient de décrocher son bac ES au lycée Joffre. La famille est en joie, pourtant, la jeune bachelière, elle, se pose des questions quant à la suite à donner à ses études. Depuis quelques mois, elle pense sérieuse- ment à s’orienter vers le métier de cuisinier. « J’adorais jardiner, mais je prenais surtout un réel plaisir à cuisiner pour mes parents et mon frère. J’ai donc décidé de passer le pas.» Ses parents, qui l’ont toujours poussée à aller plus loin, lui proposent d’effectuer un stage d’observation chez un ami à Nîmes. « J’ai été accueillie à bras ouverts dans les cuisines de Nîmotel, et il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre que c’était ma voie. »
Apprentissage à Shanghai
Elle s’inscrit alors au Centre de formation pour adultes de Nîmes afin de décrocher un BEP de cuisine. L’été suivant, elle contacte les frères Pourcel, les patrons du Jardin Des Sens, pour effectuer un stage. Elle restera presque trois ans aux côtés des célèbres jumeaux. « Ils sont mes mentors. Ils m’ont appris énormément de choses, en termes de cuisine, bien entendu mais également ils m’ont appris la confiance en soi et dans ce métier c’est très important ! »
Après plusieurs mois d’apprentissage, Maïna, qui vient de souffler ses 20 bougies, est embauchée comme chef de partie – autrement dit, un cuisinier confirmé qui a une responsabilité précise – et envoyée « à la dernière minute » avec une brigade de quarante personnes à Shanghai pour l’Exposition universelle où les chefs montpelliérains ont en charge la restauration au sein du pavillon français. « C’était une aventure dingue ! On faisait 1200 couverts par jour là où au départ nous devions en faire seulement trois cent, se souvient celle qui va devenir durant ce long séjour sous-chef de cuisine. Le succès était au rendez-vous et, en cuisine, il fallait travailler vite et bien ! » La jeune femme va rester six mois en Chine.
De retour en France, Maïna tourne en rond et décide alors d’aller rejoindre son frère aîné qui travaille depuis de nombreuses années à Hong Kong. Forte de son expérience en cuisine auprès des frères Pourcel, la cadette ne veut pas perdre de temps et une fois sur le sol chinois, elle postule chez les plus grands cuisiniers de la ville. « Je suis d’abord allée voir Pierre Gagnaire, puis Joël Robuchon… »
Et c’est chez ce dernier, qui est en course pour l’obtention d’une troisième étoile pour son restaurant l’Atelier de Joël Robuchon, que Maïna parvient à décrocher un poste, comme chef de partie. Elle y restera un an, de 2011 à 2012, « l’année de la troisième étoile ». Un souvenir encore vivace chez la jeune Montpelliéraine : « J’ai participé avec l’équipe à l’obtention de cette étoile et j’en retire, aujourd’hui encore, une grande fierté. »
« Je pleurais tous les soirs »
C’est aussi à Hong Kong qu’elle rencontre l’homme de sa vie. « Quand il est rentré à Paris, j’ai choisi de le suivre… » Maintenant qu’elle fait partie intégrante du petit monde de la gastronomie française, elle n’hésite pas à solliciter un emploi en cuisine auprès du chef Alain Ducasse au Plaza Athénée. » J’en ai bavé comme jamais, cela ne m’était jamais arrivé. Au début, je pleurais tous les soirs « , raconte Maïna, à qui Alain Ducasse a demandé de reprendre le métier à zéro et d’intégrer sa brigade comme simple commis.
» J’avais fait le choix de tout recommencer mais je ne m’attendais pas à vivre l’enfer. Jamais jus- qu’alors, je n’avais eu à souffrir de mon statut de femme en cuisine, ce qui ne fut pas le cas au Plaza Athénée. Là, j’ai compris qu’on ne pouvait pas faire ce métier si on ne possédait pas un vrai mental… » Ce dont bénéficie, a priori, cette passionnée, si on en juge par la confiance que lui témoignera, quelques mois plus tard, le chef français en la nommant sous-chef de cuisine au Spoon de l’Intercontinental Hotel à Hong Kong.
Retour en Chine et nouvelle expérience
C’est là, dans l’Empire du milieu, qu’el- le fait connaissance du jeune chef norvégien, Oyvind Naesheim, en poste également à Hong Kong. C’est lui qui en juin dernier n’hésite pas à l’appeler pour venir le rejoindre à Stavanger, quatrième plus grande ville de Norvège, où il vient de prendre les commandes d’un restaurant gastronomique propriété de Nobu, le chef japonais. » Nous cuisinons des produits locaux et particulièrement des poissons « , souligne Maïna, qui a fait des sauces et de la cuisine asiatique l’une de ses spécialités. » Les pêcheurs nous vendent les poissons qui ne sont pas consommés ici en Norvège. Nous les cuisinons en essayant de trouver des techniques et des saveurs nouvelles, c’est très enri- chissant ! Et en plus, nous produisons nous-mêmes nos légumes. » Chez Robuchon ou Ducasse, la jeune cuisinière réalisait les plats imaginés par ses aînés, ici, désormais, elle invente tous les jours de nouvelles recettes « et ça, c’est fabuleux ! »
En mai, Maïna Conil va intégrer l’équipe du chef Nobu à l’hôtel Royal Monceau, entièrement rénové. Elle sera second de cuisine au côté d’une brigade de 25 personnes. La dernière marche avant de devenir officiellement chef. « C’est une nouvelle aventure qui s’ouvre à moi. Je vais apprendre la rigueur japonaise. Et sans doute me spécialiser dans la cuisine d’aliments crus et la réalisation de sushis. Je me donne deux ans… »
Et après ? « J’aimerais faire une pose et avoir des enfants. » Et pourquoi pas ouvrir un restaurant ? « En France, aujourd’hui, c’est difficile mais bon j’y pense sérieusement. » Et quel endroit ? « Dans le sud, près de Montpellier, mais, chut, ne le dites pas à mes parents, ils seraient trop heureux… et moi aussi ! »
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