The World’s 50 Best 2025 : entre confirmations, responsabilité sociale et nouveaux équilibres. Le décryptage de Food&Sens

21 juin 2025  0  F&S LIVE
 
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La 22e édition des World’s 50 Best Restaurants vient de s’achever dans une ambiance à la fois touchante et festive. Plus qu’un simple palmarès gastronomique, cette liste — créée en 2002 par le magazine Restaurant — est devenue au fil du temps un thermomètre de l’influence culinaire mondiale, voire une cartographie mouvante du soft power gastronomique. L’édition 2025, organisée à Turin, n’échappe pas à la règle : derrière les trophées, une lecture attentive révèle tendances, enjeux géopolitiques et repositionnements globaux.

L’époque où l’Europe dominait sans partage est bel et bien révolue. Le centre de gravité se déplace vers des cuisines d’hybridation, enracinées mais ouvertes, locales et globales. La victoire de Maido (Lima), du chef Mitsuharu Tsumura — qui figurait régulièrement dans le top 10 et avait été proclamé Meilleur restaurant d’Amérique Latine il y a tout juste quelques mois — n’est pas une surprise totale, mais elle confirme la montée en puissance durable de régions comme l’Asie et l’Amérique latine, et notamment du Pérou, déjà sur le devant de la scène avec Central, sacré en 2023. Une victoire qui célèbre une cuisine joyeuse et créative, où se conjuguent saveurs et cultures, inspirée par l’histoire migratoire du Pérou et sublimée par la précision japonaise. Lors de la conférence de presse, le chef a partagé un message vibrant :

« La gastronomie, la nourriture, l’hospitalité peuvent faire de grandes choses. Elles ont le pouvoir de transformer les rêves en réalité, et de résoudre bien des problèmes que l’on pense insolubles. (…) On parle beaucoup de durabilité environnementale, mais trop rarement de durabilité humaine. Je crois que le pouvoir du repas partagé est un exemple puissant de comment vivre ensemble. »

La France, elle, n’a pas démérité. Table de Bruno Verjus (n°8), Plénitude (n°14), Septime (n°40) et L’Arpège (n°45) maintiennent une visibilité enviable. Mais aucune percée ni nouvelle entrée dans le top 50 : une stabilité qui, dans ce classement en perpétuel renouvellement, pourrait sembler un léger recul, mais reflète aussi une présence respectée et respectable.

La meilleure nouvelle française vient peut-être de la pâtisserie : Maxime Frédéric, chef pâtissier du Cheval Blanc à Paris, a été élu Meilleur Chef Pâtissier du Monde, juste un an après le sacre de Nina Métayer. Une double reconnaissance qui consacre l’excellence sucrée hexagonale.

Comme à chaque édition, les critiques n’ont pas manqué. Certains ont trouvé le lieu de la cérémonie un peu froid, d’autres auraient souhaité un lauréat différent, ou dénoncent une forme de prévisibilité dans le classement. Mais au-delà des réserves, l’événement a une fois de plus rassemblé la communauté mondiale, célébré les efforts colossaux des chefs, mis en lumière leur résilience, leur créativité, et surtout le rôle transformateur de la gastronomie dans un monde en mutation.

Quant à ceux qui dénoncent une certaine dimension marketing du classement, difficile de nier que les 50 Best demeurent un formidable outil de lecture de l’écosystème culinaire mondial. Ils permettent de décrypter tendances, tensions, équilibres culturels, et illustrent surtout un tournant décisif : aujourd’hui, la narration, l’émotion, l’impact social et culturel comptent autant que la technique ou la pure virtuosité d’une assiette.

Dans ce contexte, le rôle des agences de relations presse est devenu central. Visibilité, storytelling, gestion d’image : ces leviers peuvent amplifier la voix d’un chef ou d’un lieu, et favorisent les démarches identitaires fortes. Cela peut parfois laisser dans l’ombre des cuisines plus classiques ou moins communicantes. Mais il ne faut pas y voir une dérive : c’est simplement la réalité d’un monde où la communication est indissociable de l’influence.

Alors, et maintenant ? Que peut-on attendre de l’édition 2026 ? Si rien n’a encore été confirmé, les regards se tournent déjà vers l’Asie ou le Moyen-Orient, avec des rumeurs insistantes autour de Hong Kong ou Abu Dhabi comme potentiels hôtes. Des destinations qui allient capacité d’accueil, moyens financiers et scènes culinaires en pleine effervescence, portées par des figures montantes et des récits puissants.

Pour la France, le défi est clair : continuer à exister non seulement par son héritage, mais aussi par des voix nouvelles, des récits singuliers, une audace assumée. Les talents sont là. Il leur faut peut-être simplement une scène mieux racontée, et une image plus connectée aux enjeux contemporains.

Par Lorena Lombardi – Crédits photos: The world’s 50 Best

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