Irlande – au pays de la bière et du Whisky, lancement du premier Pub Irlandais sans alcool

25 mai 2019 0 F&S LIVE

Un pub sans alcool en Irlande… C’est pourtant le défi que s’est lancé le bar Virgin Mary, avec l’espoir d’accompagner un changement culturel dans ce pays comptant parmi les plus gros consommateurs d’alcool au monde.

Tout premier pub irlandais sans alcool, il a ouvert début mai et s’est rapidement fait un nom à Dublin, une performance notable dans une ville où les pubs traditionnels et la bière règnent en maître sur la vie nocturne.

Le signe d’une évolution des moeurs en Irlande – Vaughan Yates, 51 ans, cofondateur du Virgin Mary y crois beaucoup “il y a un véritable changement culturel dans le monde par rapport à l’alcool”, explique t’il, persuadé que son pub se trouve à “l’avant-garde” de la transformation.

Surfant sur la vague du culte du bien-être véhiculé par certains réseaux sociaux, ce pub d’un nouveau genre propose des consommations calibrées pour être partagées sur internet, avec garnitures florales et verrerie fine, offrant aux consommateurs la possibilité de se vanter d’avoir pu festoyer sans gueule de bois. Dublin vient en effet d’accueillir un festival tourné vers la santé et le bien-vivre avec professeurs de yoga et nutritionnistes dispensant leurs bons conseils tandis que les cafés de la capitale irlandaise se sont mis à proposer des produits alternatifs au lait de vache réputé mauvais pour la santé.

“Nous sommes favorables à ce que les gens trouvent d’autres alternatives” que la consommation d’alcool, explique une responsable de la santé en Irlande, dont le pays est fortement touché par les maladies liées à la consommation d’alcool. “Dans les faits, la consommation d’alcool a augmenté en Irlande”. La hausse, souligne le Dr Gilheany, concerne à la fois la quantité consommée par personne et le nombre de personnes buvant de l’alcool. “Il était de 82% en 2010 et maintenant on en est à 84%”.

Et l’Irlande est classée 2e sur 194 pays en termes de “binge drinking”, ou alcoolisation ponctuelle importante, selon une étude réalisée en 2014 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Face aux risques pour la santé, le parlement irlandais a adopté en octobre une loi rendant obligatoire l’apposition de mises en garde sur les étiquettes de spiritueux. Objectif : changer ce que le ministre irlandais de la Santé Simon Harris a qualifié de “culture destructrice”.

Au Virgin Mary, la carte des boissons a été élaborée en s’inspirant de celles des 750 pubs traditionnels de la capitale irlandaise. On y trouve par exemple le “Nitro coffee”, une boisson glacée sombre et crémeuse servie directement depuis un robinet à bière, façon Guinness, l’emblématique bière irlandaise.

Mais aussi quantité de “mocktails”, à savoir des cocktails sans alcool, dont les ingrédients sont présentés comme des potions d’apothicaire. Pour ne pas être associé aux bars à jus et autres smoothies, l’établissement a par ailleurs calqué ses horaires sur ceux des autres pubs.

Avant l’ouverture, le personnel était angoissé à l’idée ne pas pouvoir recréer ce qui fait la légende des pubs irlandais: l’ambiance. “Nous ne savions pas trop comment ça se passerait. Mais le premier soir, une fois qu’on était plein, impossible de dire qu’il n’y avait pas d’alcool”, se réjouit la gérante.

Reste une question cruciale: un établissement sans alcool pourra-t-il survivre dans le secteur ultra-concurrentiel des pubs dublinois ?