En Grande-Bretagne, l’empire Jamie Oliver prend l’eau
En Grande-Bretagne, l’empire Jamie Oliver prend l’eau – Il est charismatique, bourré de talent, entrepreneur à succès, et figure médiatique installée grâce à ses shows télévisés. Jamie Oliver, star parmi les stars de la cuisine en Grande-Bretagne, connaît une crise financière sans précédent, son empire culinaire traversant une mauvaise passe. Depuis janvier dernier, la presse britannique se déchaîne, les articles se multiplient, les uns se voulant sensationnalistes, et les autres au plus près des faits. Au final, qu’en est-il vraiment ? Food&Sens vous aide à y voir clair.
Coup de tonnerre dans la planète food. La semaine dernière, on apprenait (avec tristesse) que Super Jamie et son empire traversent une grosse crise financière. En cause ? Une mauvaise gestion des affaires, semble-t-il, qui contraint Jamie à fermer plusieurs de ses restaurants. Aujourd’hui, c’est sa chaîne de restaurants italiens Jamie’s Italian qui est dans le rouge, à la tête d’une dette de 71.5 millions de pounds (soit environ 90 millions d’euros). Ces restaurants, majoritairement situés à Londres, ont connu une expansion fabuleuse en l’espace de dix ans, passant de 1 à 37 de par le monde. Mais voilà : si l’on reconnaît le tour de force que toutes ces ouvertures représentent, il faut aussi constater que l’affaire s’est progressivement essoufflée à Londres, dans un marché par ailleurs de plus en plus concurrentiel, et miné par les retombées économiques néfastes du BREXIT. Au final, Jamie et son entreprise doivent de l’argent à un peu tout le monde : les fournisseurs, les propriétaires des lieux, et j’en passe. Ce qui fait, on en conviendra, plus que désordre pour l’image de marque du chef… Rien qu’au personnel des restaurants dans leur ensemble, Jamie devrait environ 2,5 millions d’euros, à en croire le Sun.
De son côté, le Guardian précise que selon la porte-parole de Jamie Oliver, les employés ont tous été payés à ce jour. Autre élément supplémentaire à prendre en compte dans cette affaire, la porte-parole rappelle par ailleurs que le montant de la dette tel que communiqué, tend à donner une image excessivement alarmiste de la situation réelle de l’entreprise. Elle révèle en effet que sur les 71.5 millions de pounds de dettes, 47 millions de pounds seraient en fait couverts par des prêts de la banque HSBC et des autres entreprises de Jamie Oliver. De plus, elle rappelle que le fait de devoir de l’argent aux fournisseurs ou aux impôts est un élément plutôt classique pour les businesses de ce type.
Quant aux documents légaux ayant émergés la semaine dernière sur l’affaire, ils démontrent que de toute façon, la chaîne Jamie’s Italian allait vers le rouge. Face à ce début de naufrage, et malgré que Jamie ait réinjecté en décembre plus de 3 millions de ses fonds personnels dans l’entreprise, la chaîne devra fermer 12 de ses restaurants. Une coupe drastique, mais inévitable au salut de l’enseigne, lâchée de toutes parts par ses collaborateurs. Du côté de la BBC, on déclare que ces fermetures entraîneront la suppression de plus de 200 emplois…
Acculé à redresser les finances de l’entreprise, Jamie n’a eu d’autre choix que de continuer la coupe de ses charges. À commencer par la fermeture de ses deux restaurants Barbecoa (des restaurants à viande), tout juste fermés, suite à une administration judiciaire. Emblématiques du cosy-chic à la Jamie, ces restaurants plus cossus étaient tributaires du lifestyle prôné par le chef. À noter, Jamie Oliver a racheté le Barbecoa de Saint Paul, immédiatement après sa fermeture. Quant à celui de Piccadilly, rouvert il y a un an après un an de travaux, il n’aura pas fait long feu…
Outre ces fermetures imminentes, Jamie a également dû mettre fin à son magazine culinaire « Jamie », dont nous vous présentions le numéro d’été 2017 à ce LINK
L’activité du magazine a cessé en octobre.
Pour autant, on est encore loin du chant du cygne en ce qui concerne la globalité de l’empire culinaire de Jamie Oliver. Un empire qui vaudrait 150 millions de pounds selon le Guardian (environ 170 millions d’euros), et qui continuerait à séduire outre-Manche, puisque l’investisseur irlandais Gérard Fitzpatrick renouvèle sa confiance à Jamie’s Italian. Il prévoit même d’ouvrir un second restaurant à Dublin, opérationnel d’ici six mois, déclare le Irish Times. Qui cite Mr Fitzpatrick : « nous sommes très confiants en l’avenir de Jamie’s Italian. C’est un business fantastique. »
Pour sa part, le Guardian tempère également les avis de tempête entourant la crise actuelle que traverse Jamie Oliver : en effet, il relève que le business de Jamie continue de lui rapporter gros, via son entreprise Jamie Oliver Licensing, qui couvre une série de produits dérivés, ou encore via sa société Jamie Oliver Holdings, qui comprend notamment ses intérêts médiatiques d’après The Guardian.
Allez, il ne nous reste plus qu’à souhaiter que tout cela ne soit qu’une mauvaise passe. Best of Luck, Jamie !
Poor Jamie! Heureusement qu’il reste encore des lieux pour se régaler de sa cuisine si gourmande.
Il ne faudrait pas jeter le bébé avec l’eau du bain!