Michel Portos forme de jeunes détenus à la cuisine en vue de leur parcours de réinsertion
Bonneville, Le Puy-En-Velay, Riom, Moulins … Le chef marseillais Michel Portos assure des masterclass de cuisine dans 4 établissements pénitentiaires d’Auvergne-Rhône-Alpes, début novembre ils participeront à une sorte de » Top Chefs « . Outre le challenge du concours, c’est avant tout pour accompagner ces jeunes détenus dans un programme de réinsertion professionnelle que le chef prodigue conseils et techniques derrière les fourneaux.
Le quotidien régional La Montagne était au centre pénitentiaire de Riom pour assister à un formation de cuisine en présence du chef… à Lire ci-dessous :
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Le chef Michel Portos, doublement étoilé au Michelin, était à Riom (Puy-de-Dôme), ce mercredi, pour parfaire la formation en cuisine de six détenus. Ils vont participer à un concours culinaire face aux prisonniers de trois autres établissements pénitentiaires de la région.
« Vous avez trois minutes pour préparer les potimarrons?! » Mercredi matin au centre pénitentiaire de Riom. La voix du chef s’impose dans la petite cuisine des ateliers de formation professionnelle. Le tablier vissé au corps et la charlotte sur la tête, six détenus s’exécutent en silence, concentrés.
Cuire des champignons, bien utiliser une poêle, désosser une cuisse de volaille, tenir un couteau… Aux manettes de cette masterclass, Michel Portos, doublement étoilé au guide Michelin et sacré chef de l’année en 2012 par Gault et Millau, enchaîne les conseils à destination de ces six jeunes qui découvrent depuis quelques semaines la vie devant les fourneaux. Le temps presse : ils vont participer en novembre à un concours culinaire face à des détenus de trois autres établissements pénitentiaires d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Parcours de réinsertion – Si cette opération « Top chef en prison » attire la lumière, elle s’intègre surtout dans leur parcours de réinsertion. Car ces six détenus ont entamé l’une des trois formations professionnelles proposées au centre pénitentiaire de Riom (cuisine, bâtiment, hygiène-propreté). « Il faut que ce qu’il se passe durant la détention puisse leur servir à l’extérieur », résume Damien Igonenc, responsable de la formation professionnelle à la direction interrégionale des services pénitentiaires (DISP). « L’accès à l’employabilité est indispensable : les aider à trouver un emploi à la sortie de prison, c’est les aider à éviter la récidive et à respecter leurs obligations judiciaires. Par exemple, il est plus facile d’indemniser les victimes quand on a un salaire. »
Cette formation professionnelle est donc ponctuée cette année par la deuxième édition de ce concours culinaire entre détenus. En lice pour la première fois, Riom fera face aux toques de Moulins (Allier), le Puy-en-Velay (Haute-Loire) et Bonneville (Haute-Savoie) lors d’une finale organisée le 21 novembre à l’Institut Bocuse, à Lyon.
Chaque établissement pénitentiaire y sera représenté par trois détenus. « Ce concours apporte une petite émulation entre détenus et avec le personnel, ainsi qu’un esprit d’équipe : il faut se soutenir et jouer collectif pour gagner la finale. Ce sont des valeurs importantes », relève Magalie Brutinel, directrice du centre pénitentiaire de Riom.
« Touché par l’univers carcéral » – Au-delà des conseils du chef, la présence de Michel Portos mercredi à Riom avait aussi valeur d’exemple pour les détenus riomois. Car depuis quelques années, le cuisinier multiplie ce type d’expérience en prison. Il a notamment préparé en 2013 un repas uniquement à base de produits frais aux 1.800 détenus des Baumettes à Marseille. « J’ai été touché par l’univers carcéral », raconte celui qui a grandi dans les quartiers nord de la cité phocéenne et qui explique qu’il n’a jamais trouvé sa place dans le système scolaire.
« Je me suis presque senti investi d’une mission, poursuit Michel Portos. J’ai envie d’aider ces populations-là, à travers la transmission, le partage. Je crois à la réinsertion. Le but n’est pas d’en faire des chefs étoilés, mais qu’ils aient un déclic pour ce métier, pour lequel il existe un vrai débouché. Ce concours culinaire, c’est une façon de mettre leur travail en lumière : pour la première édition, j’ai adoré voir la tête des grands chefs qui composaient le jury en finale?! Ils étaient scotchés?! »
Arthur Cesbron – Photos Franck Boileau