Myriam et Benjamin Brau-Nogué au Septième Ciel, en imposer sans s’imposer la tête dans les étoiles !
Ils ne viennent pas du même monde, n’ont pas la même formation, ni les mêmes rêves d’origine. Et pourtant, Myriam et Benjamin Brau-Nogué ont su faire de leur différence une force, et de leur amour une maison!
Le Septième Ciel, leur restaurant panoramique perché au sommet d’un immeuble discret du quartier CIL à Casablanca porte d’ailleurs bien son nom et s’est au fil des semaines imposé comme un refuge gastronomique prônant une hospitalité libre et sincère !

Lui, le cuisinier formé à l’école de la rigueur, passé par les cuisine du chef Jacques Maximin ou encore de Bruno est animé par la perfection et la transmission. Elle, venue du monde de l’entreprise est tombée amoureuse d’un homme avant de sauter le pas et de devenir restauratrice ! Ensemble, ils ont décidé de créer un lieu qui leur ressemble, où la technique n’est rien sans générosité et où l’accueil est un art à part entière. Un restaurant où on se sent chez soi sans jamais perdre la magie du voyage !

Quand Myriam rencontre Benjamin, elle ne connaît rien au monde des chefs. Elle ne comprend pas cette fascination pour la technique, les grandes maisons, l’obsession des produits. « Je trouvais qu’ils avaient presque des manies de stars », dit-elle aujourd’hui avec tendresse. Mais elle comprend vite que pour partager la vie de cet homme, il lui faudra comprendre sa passion, et peut-être l’embrasser à son tour.
Le déclic viendra de l’expatriation au Maroc. « Si je veux vivre la même vie que mon mari, il faut que je sois dans la restauration » Elle prend ainsi les rennes du restaurant Enso, un restaurant japonais réputé de Casablanca ce qui lui permet de se découvrirun talent inattendu pour le récit, l’expérience client, la transmission du goût et le management ! Elle comprend qu’elle aussi, à sa manière, est faite pour cela !

En pleine crise du Covid, le projet du Septième Ciel émerge. Lui en cuisine, elle en salle. Le duo est scellé. Le restaurant sera donc à leur image : ni froid, ni conceptuel, ni marketing mais vrai. Ancré dans leur histoire. « Avec toi en cuisine et moi à l’accueil : je suis sûre qu’on va cartonner! » Et elle avait raison !

Le Septième Ciel est donc né d’un coup de cœur pour un lieu, mais il a été pensé comme une maison. « On accueille les gens comme à la maison! » Chaque détail est pesé, chaque matériau choisi pour durer. La lumière douce, les coussins, le carrelage ancien, le 7ème ciel c’est une atmosphère, pas un décor!
L’accueil est pensé comme un geste sincère. Myriam veille à tout. « J’aime les gens, vraiment. Et ça se sent. On sent quand quelqu’un sourit avec son âme! » Benjamin, lui, apporte cette culture du partage gascon, où l’on ouvre la porte sans réserver, où l’on partage un morceau de pain, une garbure, un souvenir. « Il m’a appris qu’on peut recevoir sans avoir prévu! »

Mais cette maison est aussi une entreprise. L’une veille à la rigueur, l’autre pousse la technique. Le respect mutuel est la clé de leur binôme : chacun a son domaine, chacun pousse l’autre. Et le restaurant grandit à la hauteur de cette exigence à deux voix.

Ils étaient venus pour trois ans. Ils sont restés. Casablanca, sa lumière, sa chaleur, sa générosité, les a conquis. « Ici, quelqu’un qui n’a rien va te donner. Tu ne peux que lui rendre. » C’est cette hospitalité-là que Myriam et Benjaminont intégrée dans leur art de recevoir. Moins codée, moins formelle, mais plus intuitive, plus offerte.
Ce geste marocain, ils l’ont croisé avec leurs racines : l’Alsace rigoureuse, la Gascogne chaleureuse. Et cela donne un restaurant à la fois discret et universel, où l’on peut venir à midi et repartir à 19h sans voir le temps passer. Un lieu qui ne joue pas la scène casablancaise, mais qui crée une bulle de confort, de goût et de soin.
Leur plus belle réussite ? Des clients marocains de la diaspora, émus de retrouver un Maroc qu’ils n’avaient jamais connu. « Ils disent : on sait qu’on est au Maroc, mais si je ferme les yeux, je ne sais plus où je suis. C’est peut-être ça, l’émotion. » Un aller-retour permanent entre l’ancrage et l’évasion.

Dès l’ouverture, ils ont tenu à constituer une équipe locale, jeune, curieuse, parfois inexpérimentée, mais toujours engagée. Benjamin insiste : « La transmission, c’est un travail quotidien. Il faut répéter, montrer, expliquer sans relâche. » Pour lui, c’est une mission autant qu’un devoir : former une génération de professionnels marocains autonomes et fiers de leur métier.
Myriam, elle, croit en la responsabilisation. Elle confie, délègue, reprend si nécessaire. « J’aime voir mes équipes grandir, prendre des décisions, se sentir utiles. » Ce climat de confiance a permis une fidélité rare dans le secteur. Le Septième Ciel devient ainsi un lieu d’apprentissage autant qu’un lieu de travail.

Ils voient dans cette dynamique un engagement social concret. Offrir un emploi, oui, mais surtout transmettre une vision, une rigueur joyeuse, une façon de faire et d’être qui dépasse le cadre strict du restaurant.
Le quotidien n’est jamais un long fleuve tranquille. Il faut décider, arbitrer, anticiper, réparer. Gérer un restaurant en couple, c’est aussi apprendre à dialoguer en toutes circonstances. « Ce n’est pas toujours simple, mais on sait pourquoi on fait ça! »
Leur force ? Une répartition claire des responsabilités: Benjamin en cuisine, Myriam en salle, mais aussi sur l’administratif, les réseaux, les réservations. Chacun connaît les tâches et les priorités de l’autre, « On ne se marche pas sur les pieds et on se soutient sans condition! » Cette discipline relationnelle est un pilier de leur succès!
Et quand les désaccords surgissent, ils les traitent avec méthode. « On ne règle pas les tensions devant l’équipe. On pose les choses le soir, au calme. » Cette maturité du duo est rare. Et elle se ressent dans l’équilibre du lieu!

Ils ne cherchent pas à ouvrir un empire. Leur ambition est claire : consolider, affiner, durer. Le Septième Ciel n’est pas un tremplin, c’est un aboutissement. Un lieu qu’ils veulent faire vivre encore longtemps.
Myriam rêve d’y intégrer plus de culture : des lectures, des expositions, des collaborations artistiques. Benjamin, lui, imagine un jardin maraîcher, une autonomie partielle, une cuisine encore plus enracinée. « On est là pour longtemps. Ce lieu, on veut qu’il vive et nous survive! »

Ils ne ferment aucune porte. Mais n’ouvrent aucune autre pour l’instant, chaque jour est une pierre posée sur ce qui ressemble chaque jour un peu plus à une maison de chef!
Le Septième Ciel est donc une promesse, celle d’un couple qui a su faire de ses différences une complémentarité. D’une femme qui a appris la rigueur auprès d’un homme, d’un homme qui a appris l’accueil auprès d’une femme. Et qui ensemble, ont dessiné cette belle maison.
Dans un pays en quête de tables sincères et durables, leur adresse fait figure de modèle silencieux. Sans dogme, sans posture, mais avec à chaque instant cette générosité discrète qui fait les grandes maisons. Une assiette juste, un sourire vrai, un feu dans la cheminée.

En sortant de l’ascenseur, les clients le disent sans y penser : « On s’est sentis chez nous. On a passé un bon moment et on a super bien mangé! » Alors que demander de plus ?
Propos recueillis et photos by Guillaume Erblang

















