
Emilie et Thomas Roussey au Moulin de Cambelong, la cuisine d’un couple, l’oeuvre d’une vie !
À Conques, au coeur de la vallée du Lot, un ancien moulin s’est mué en un foyer gastronomique incandescent. Pas un simple restaurant, ni un hôtel à la campagne le Moulin de Cambelong s’est transformé en un lieu incarné, où chaque pierre, chaque plat, chaque regard croisé témoigne d’une vision partagée par Emilie et Thomas Roussey !

D’ailleurs, depuis leur arrivée au Moulin de Cambelong, Émilie et Thomas Roussey ne cherchent pas à conquérir le monde : ils veulent bâtir un monde à leur mesure, leur monde.
C’est donc une histoire de terroir et de réinvention, de cuisine pensée à deux, une histoire d’engagement, de mise en tension créative, de famille intégrée au cœur du projet, et d’une ruralité moderne qui ne demande plus la permission de faire pour créer son cadre ! Le couple y impose son tempo, forge son identité dans l’échange, la fluidité et l’obsession du détail !

Quand ils découvrent le Moulin, c’est d’abord en tant que clients. Le lieu les séduit, mais ils ne s’y projettent pas encore. À l’époque, Rodez située à 40 minutes de route était une étape mais le rêve, lui, était ailleurs, tapi dans un recoin plus vaste, plus ouvert, plus libre. Et puis un jour, l’opportunité surgit et vit ainsi l’évidence se mêler à la prise de risque.
Quitter la ville ou il étaient installés depuis de nombreuses années, changer de rythme, réorganiser sa vie mais surtout : conjuguer vie familiale et ambition professionnelle sans hiérarchie entre les deux ! C’est ainsi que le Moulin est devenu une maison, leur maison !
Le changement n’est donc pas que géographique. C’est une révolution personnelle, presque intime. Emilie et Thomas travaillent plus, certes, mais autrement ! Leur quotidien devient perméable, l’accueil naturel. L’équipe s’élargit peu à peu. Le lieu, encore endormi, est réveillé par touches successives, dans le respect d’un projet qui ne vise pas l’exploit, mais la durabilité !

Une cuisine à deux voix, sans ego
Dès le départ, il n’y a ni hiérarchie ni rivalité. Chacun propose, chacun écoute. Si l’un a une idée forte, l’autre suit. Les rôles s’équilibrent dans le temps, dans l’alternance des saisons et des états d’âme. Dix ans de travail commun ont forgés leur compréhension de la vie et du métier !

Leurs plats se construisent comme des dialogues. Ils partagent tout : les idées, les doutes, les services. Quand l’un s’efface, l’autre porte. Quand l’un doute, l’autre invente. Cette fluidité donne naissance à une carte où chaque assiette raconte une entente, une tension parfois, mais toujours une alliance !
Et leur cuisine, justement ? Elle ne cherche pas l’épater mais à satisfaire ! Elle s’ancre dans le végétal, le produit brut, les racines, les saisons. Le scorsonère, les carottes, les asperges ou le foie gras s’écrivent avec une simplicité apparente mais avec une précision chirurgicale. L’émotion vient du goût, pas du décorum.

Une philosophie du lieu et du temps
Ce qui frappe au Moulin, c’est la manière dont l’espace est pensé comme une extension de la cuisine et ou le service est pensé comme une chorégraphie discrète !
Cette conscience du tout, cette logique holistique, fait aujourd’hui leur force. Ce n’est pas juste de la bonne cuisine. C’est une expérience cohérente à leur image, où le client est pris en considération dans sa totalité : émotionnelle, sociale, sensitive ! Et cela, ils le savent, ne peut se faire qu’avec une équipe engagée !

L’étoile comme témoin, pas comme un but
Ils n’ont pas travaillé pour l’étoile. Ils l’ont reçue en restant fidèles à leur identité. C’est peut-être cela qui rend leur trajectoire si précieuse. Rien n’a été travesti pour plaire. Ils n’ont pas cédé au style en vogue. Ils ont imposé le leur, avec sincérité !
Ce dont ils sont le plus fiers ? Ce sont d’ailleurs les mots que leur glissent leurs clients ! Ceux qui repartent avec une émotion, ceux qui ont vécu ce moment comme une parenthèse dans leur vie et qui disent qu’ils se sont sentis uniques, reconnus ! Ceux-là, ils les collectionnent plus que n’importe quelle distinctions. C’est là leur vrai trésor.
Et l’avenir ? Ils le voient ici. Pas figé, mais en expansion. Avec un spa peut-être, un jardin, d’autres chambres. Mais toujours à deux. Toujours ancrés. Toujours en mouvement. Parce qu’au Moulin de Cambelong, ils ne cherchent pas à faire du bruit mais à laisser une trace, la leur !

Entretien réalisé par Guillaume Erblang – Food&Sens