Marrakech – Délices & Epices en 4 adresses : Le Grand Café de la Poste, Nomad, Manzil La Tortue, La Bottega

Le goût de Marrakech – Il est loin le temps ou les caravaniers se contentaient d’une poignée de dattes sèches, d’une chorba de vermicelles, de tomates et poivron rouge, désormais, brochette, chekchouka, tajines, méchoui, couscous font communier ensemble autour d’une table les amoureux du royaume chérifien sous un nuage au chaud parfum des épices.
LE GRAND CAFE DE LA POSTE – C’était au temps du protectorat
Le rendez-vous favori des amoureux du Maroc du temps des colonies quand le vent brûlant du désert jetait ce ton spécial sur la ville, que carrioles et chameaux se croisaient poliment. Quartier de Gueliz, « la ville nouvelle », aujourd’hui malls et boutiques étincelantes occupent le moindre espace autour de cette adresse mémorable. Au début du XX, sous le protectorat français, le café régnait seul dans toute sa simple magnificence aux portes de la ville, il était une des premières constructions de ce nouveau quartier voulu par les instances d’alors pour prolonger la médina et ouvrir la ville. Le café devient dès les années 1920 le rendez-vous des importants de la ville, des colons français et des commerçants, des fonctionnaires, officiers, négociants, écrivains, voyageurs, ingénieurs qui tracent des routes et des avenues au cordeau en opposition avec les ruelles tortueuses de la kasbah et de la médina. Entre le Marrakech traditionnel et la nouvelle ville, le Café de la Poste règne en majesté. On y vient comme dans tous les cafés du monde, lire les journaux venus de l’Europe entière, honorer des rendez-vous, voir la tradition et la modernité se toucher, observer les premières automobiles et les caravanes. L’élégance habite le lieu, les costumes blancs et chapeaux de paille des fonctionnaires rencontrent les uniformes beiges des officiers. Se croisent Joseph Kessel, le Maréchal Lyautey, le Glawi. Saint- Exupéry y aurait aussi bu un café noir, très noir, avec une corne de gazelle parfumée à l’eau de fleur d’oranger. Viendra le temps de l’indépendance, le café demeure, s’adapte aux nouveaux codes sans perdre son décor Belle Époque à touches orientalistes. Dans les années soixante, le Café va faire son cinéma, il sert de décor magnifique à de nombreux films…

Aujourd’hui
Le Grand Café de La Poste est la mémoire de cette période coloniale, une institution qui rafraîchit avec ses ventilateurs, offre le repos dans des fauteuils de cuir, avec vue seur des affiches jaunies d’époque. comme à son ouverture, dans une atmosphère faite de nostalgie douce, intellectuels, notables marocains, touristes et artistes, princes et diplomates s’y croisent, discutent, observent. Aujourd’hui comme hier et avant-hier, comme au temps du protectorat et depuis le temps de l’indépendance, tout est souvenir et marque de l’histoire. Objet, chaise, fauteuil, lampe, protègent le souvenir de milliers de conversations, d’ombres passées, de rencontres et racontent comme un murmure Marrakech. Au fil des années, le café s’est modernisé, transformé sans jamais perdre son identité de page d’histoire et de mémoire. Il est un lieu où se croisent l’élégance français et l’élégance marocaine.


En ce lieu où règne la légendaire discrétion marocaine nous avons adoré la cuisine bistronomique d’esprit français, des produits simples et bien travaillés, comme par exemple la salade d’araignée de mer et avocat, le coquelet simplement rôti et l’excellente tarte fine aux pommes et glace vanille. C’est vraiment le seul restaurant français, où l’on vous servira de la vraie baguette accompagnée de beurre, c’est à relever !


Nous sommes sortis du café marqués par l’histoire, nous nous sommes imaginés en robe diaphane et chapeau voilé, costume immaculé avec canne au pommeau d’argent, nous engouffrants dans une automobile pour quitter l’air chaud et la poussière ocre de la ville.


NOMAD – Dans la médina de Marrakech. Nous devons serpenter au rythme des venelles les suivent monter descendre, tourner, se laisser emporter. Et puis, soudain, au détour d’une placette, une plaque émaillée indique NOMAD, deux vitrines laissent deviner une boutique et un escalier qui invite, invite encore à monter, monter encore et découvrir des salons et un accueil qui lui aussi nous invite à monter encore et encore pour découvrir une première terrasse et quelques marches encore une deuxième terrasse et… nous voilà entre le ciel et la place, fourmilière vivante, colorée.


C’est le Restaurant « marocain moderne » Nomad avec vue mirifique sur la ville qui s’étend en majesté à nos pieds et nous offre des toits desquels jaillissent des antennes et des minarets qui poussent majestueusement vers le ciel. Des souks, montent les odeurs d’épices, les voix des marchands de la place, les prières des moquées. On commence ici comme partout ailleurs par un thé sucré délicieusement, aux mille saveurs de menthe et de sauge, ou par une infusion glacée parfumée délicatement de pomme, verveine, réglisse et menthe.on se régale de salade, de beignets de courgettes, de tajines qui ont longuement mijotées, de poissons grillés…



On est si bien lovés dans des coussins de laine aux mille couleurs, dans ce petit salon discret et délicat qui nous accueille à l’abri du soleil brûlant et des conversations. Il est si agréable de s’attarder, de prendre un dernier thé, une dernière infusion, un dernier café avant de gagner la terrasse, jeter encore un regard sur le ciel et la place, se pencher au bord de ce balcon suspendu magiquement sur la ville, redescendre et retrouver les mille et une légendes de Marrakech, les souks, la kasba et la médina.



Le déjeuner fut délicieux, nous avons partagé de délicieux « Beignets de courgettes, feta, basilic, huile d’argan, yaourt à la menthe », le confit d’agneau, les gambas d’Agadir, les boulettes de sardines …





MANZIL LA TORTUE – Un lieu pour vivre une pause pour les lièvres qui courent trop vite ! Et les autres…


Après quelques tours de roue, quelques kilomètres pour quitter la ville et gagner la campagne. Quelques minutes pour échapper au bruissement de la ville, serpenter entre champs d’oliviers et palmiers lourds de grappes de dattes, voir la poussière colorer la voiture, admirer les bougainvillée qui fleurissent le long des murs… Au bout de la route de terre, surgit notre parenthèse du jour, une maison d’hôtes discrète dressée autour de l’eau et de la lenteur. Quelques pas pour atteindre la boutique, traverser des salons et voilà la piscine atout majeur du lieu. Immense elle reflète le ciel et les palmiers. ici, il ne fait pas être pressé, mais prendre le temps, le temps d’un bain, d’un thé, d’un déjeuner à l’ombre de cannisses. ne dit-on pas ici « La lenteur de la tortue vaut mieux que la course du vent. ».


Dans la langueur de l’été indien marocain où le thermomètre frôle les 34 degrés et incite à choisir à la carte une généreuse salade de pastèque, tomates, feta si fraiches, un goûteux tajine, des crevettes venues de l’océan, une burrata langoureusement assoupie sur des tomates du jardin,… La carte bistronomique est du jour et présentée à l’ardoise …


LA BOTTEGA, le goût sur un air d’Italie. Restaurant et épicerie fine, ti amo Gian Carlo. Le magique chef-propriétaire reçoit comme un prince sur un air de Dolce Vita, de Vespa, de pâtes fraîches, de burrata. Il parle avec autant d’enthousiasme et de sourire, comme une diva, du pape que des pâtes et de la poutargue qu’il râpe lui-même, généreusement…


Le décor comme un cabinet de curiosités, toutes les couleurs de la gamme terra cotta, terre cuite, terre battue, dansent, réchauffent, riment avec nature et évasion. Chics et chaudes. La jolie adresse coincée entre la seule église de la ville, une mosquée et une école, a su se dessiner une identité avec la personnalité époustouflante du maitre des lieux et une décoration petillante, réconfortante qui a attrapé les tons de la nature, de la terre.

Çà et là des couleurs bigarrées, des fleurs, des canapés et des fauteuils, des tissus chatoyants, du bois, des objets ethniques, des objets d’Italie, de cette Italie qui se faufile partout et court du sol au plafond, du comptoir aux assiettes, effleure le ciel et le soleil. Un univers enchanteur chargé d’âme et de tendresse. La cuisine aussi a pris des coups de couleurs. Cuisine italienne de famille, simple, généreuse, sincère, qui joue les rencontres avec les épices et les saveurs d’ici.


GRAND CAFÉ DE LA POSTE – Guéliz
NOMAD – Médina
MANZIL LA TORTUE – 15 km de Marrakech
LA BOTTEGA – Guéliz

















