Denrées alimentaires, Salaires, Énergie… – « On augmente les tarifs. On n’avait plus le choix. » – les restaurateurs face au dilemme de l’inflation
Encore un exemple de restaurateur contraint d’augmenter ses prix, sans quoi son entreprise pourrait se retrouver en péril économique. C’est le dilemme de nombreux restaurateurs actuellement, des produits alimentaires qui prennent plus de 25 % d’augmentation, la pénurie de main d’oeuvre qui oblige à revoir les salaires à la hausse, les prix de l’énergie qui flambent,… tous les voyants sont au rouge !
Article du quotidien régionale L’Est Républicain
C’est la mort dans l’âme qu’ils ont fini par céder. « On augmente les tarifs« . La décision a été prise juste avant leur départ en vacances et sera appliquée dès la rentrée. » On n’avait plus le choix. Le comptable nous a bien fait comprendre que, si on reculait encore l’échéance, on courait à la catastrophe.«
Anne-Sophie et Romain, 3e génération de Kruch qui préside aux destinées du Bon Accueil à Richardménil, se sont donc résolus à faire porter l’effort par leurs clients. Au moins en partie. Décision d’autant plus déchirante que, depuis la reprise du piano en 2017 par Romain, le frère, était appliquée dans cet établissement bucolique la règle du « gastronomique à petit prix ».
Mais les petits prix ne sont plus de saison lorsque « la facture d’électricité a été multipliée par deux en moins d’un an », déplore Anne-Sophie, la sœur. « Que celle du gaz a augmenté de 50 %, que l’essence impactant nos livraisons est de plus en plus chère, que le secteur du vin a connu deux années compliquées. » Et la liste tourne à la litanie : « Nos assurances, elles aussi, ont grimpé. Pour raison de Covid« , nous explique-t-elle. « Le Smic, pareil. Et bien sûr, je ne parle pas des matières premières. Faut se battre pour trouver de l’huile abordable. Farine, sel, sucre, tout a flambé. Même les produits qui ne l’étaient pas sont devenus nobles aujourd’hui !«
Le choix a un prix – Pour l’instant, les Kruch tentent de limiter le choc. En conservant dans un premier temps leur menu d’appel à 35 €. « En revanche, il n’y aura plus de choix. Ce sera une entrée, un plat, un dessert. » De sorte de faire des économies d’échelle.
Quant au menu supérieur, lui bénéficiera d’un double choix, mais subira une hausse des prix. Tout en conservant la noblesse de ses produits. « Enfin, vous savez, on sait aussi faire du très élaboré avec des produits pas particulièrement nobles« , précise Romain, qui met un point d’honneur à recycler tout ce qui peut l’être avec ingéniosité.
Un premier sondage a été effectué auprès de leurs habitués. « Qui comprennent tout à fait notre problème« , constate Anne-Sophie. Mais eux aussi sont victimes, à leur niveau, de l’inflation généralisée. « Et ça fait des mois qu’on les sent beaucoup plus frileux.«
Par L. GANOUSSE