A la recherche des femmes chefs, sortie nationale en salles le 5 juillet 2017 … Ils sont 98% à être étoilés, elles ne sont que 2%
Où sont les femmes ? … Qui sont-elles ces pionnières de la gastronomie?
Paris brûle sous le soleil de juin. Nous avons rendez-vous dans une petite salle de projection fraiche et charmante, rue Marbœuf. Sur l’écran « A la Recherche des femmes chefs », pour raconter et rencontrer sur des femmes chef(fe)s qui depuis quelques années dérangent, bousculent la place des hommes dans les cuisines. Elles sont quelques-unes, célèbres ou pas, étoilées ou pas, à avoir endossé le tablier de chef, n’en déplaise à cette cohorte de chefs et sommeliers qui avec un petit sourire en coin, ne se poussent pas ou si légèrement pour laisser de la place, regarder avec respect toutes celles qui osent. Ils continuent à tirer les ficelles et sont bien décidés à ne pas les lâcher! Mais voyez vous, elles ne sont pas sottes et elles aussi rient du comportement machiste de ces hommes, elles s’en moquent avec humour et sourires, et … elles se font une place toutes seules. Par leur talent, leurs convictions, leur volonté et leur ténacité. Non elles ne demandent rien, ne mettent pas en avant leur identité de femme, elles veulent simplement gagner la place qu’elles méritent, sans passer par les cases loge francmaçonne ou épaule protectrice d’un manitou de la gastronomie. Simplement être reconnues, respectées, elles veulent toutes qu’on leur fiche la paix et qu’on les laisse cuisiner, exprimer leur talent, leur créativité et leur entité profonde.
Un film pour entendre quelques-unes de ces femmes, chefs de la gastronomie d’aujourd’hui qui inventent la gastronomie de demain, les voir dans leur « jus », avec leurs failles et leurs joies, leurs espoirs et leurs désillusions., leur combat quotidien et leurs victoires.
Mais où sont les femmes? Dans le monde de la cuisine gastronomique – ou pas -elles sont partout mais on les voit pas. Elles, Nadia, Sonia, Fanny, Hélène, Anne-Sophie, Dominique, Adeline, Amanda, Camilla, Alice, Clare, Paz… ne sont pas ou si rarement sur les photos, les unes glacées des magazines, elles ne sont pas membres émérites de jury et encore moins présidentes de concours culinaires. Vous n’y pensez pas! Elles sont comme transparentes, On préfére pour vendre du papier et faire sonner les tirois caisses des magazines, mettre en couv des chefs jeunes, tatoués, barbus, des chefs de file et de courant…affligeant. En com, le glamour a changé de camp, il est devenu masculin ! Les mâles sont là en majesté, ils posent, se rencontrent, se réunissent, se congratulent, se respectent, se cooptent, s’affrontent. Les femmes pendant ce temps, sont en cuisine, loin des projecteurs. Elles ne réseautent pas ou si peu, et si tel est le cas c’est leur « homme » qui le fait pour elles, elles ne sont pas ou peu inscrites dans les loges, elles laissent cela aux hommes et à leur homme, aux hommes les fleurs, les couronnes de lauriers, les photos, les unes et les étoiles. Aux femmes les récompenses sous un « sfumato » discret.
Elles sont 90% à assurer la cuisine du ménage, ils sont une poignée à s’en charger. Ils sont 98% à être étoilés elles sont 2%. Mais 2 % qui comptent, qui grossisssent, qui meritent d’y regarder au plus près, qui meritent d’être suivis et être pris en exemple. Les dieux maitres de la cuisine n’ont qu’à bien se tenir, les femmes arrivent à petits pas silencieux, elles sont là et ne veulent plus compter pour des prunes. Elles ne sont pas encore rassemblées en une armée qui marche vers la reconnaissance méritée, si elles se fédéraient leurs seules armes seraient leurs cuillères de bois, leur sourire et leur talent cimenté depuis la nuit des temps par leur spécificité nourricière, leur vision à long terme de la cuisine.Mères cuisinières, chef(fe)s, grands chef(fe)s, elles sont des chefs comme les autres tout simplement.
LE FILM. Long métrage documentaire. Un peu comme dans la Tour de Babel, on y parle toutes les langues, elles sont d’ici et d’ailleurs ces besogneuses du quotidien, elles parlent français, anglais, chinois, espagnol, italien,… finalement elles parlent toutes le langage universel de la cuisine qui ne fait pas de différence entre les femmes et les hommes, d’où qu’ils viennent, quelque soit leur race, leur couleur de peau,leur religion et leur sexe. Si tous les chefs du monde se donnaient la main…
Bande-annonce: Vérane Frédiani part à la rencontre de talents étoilés, de professionnels de la street-food, mais aussi de sommelières, d’activistes et d’entrepreneuses.
Nous voilà en totale immersion en cuisines de femmes chefs. Au fil des images, nous découvrons entre autres, Anne-Sophie Pic ***, elle porte ses chemises blanches immaculées comme une armure. Rien ne peut l’atteindre, elle est protégée par sa philosophie de vie et des murs invisibles construits par son proche,entourage. Kamilla Seidler, la meilleure ambassadrice de la cuisine bolivienne. Danoise exilée en Bolivie, elle cuisine à 4000 mètres d’altitude avec énergie et sourire désarmants.Engagée et déterminée, elle a été élue meilleure femme chef d’Amérique latine par The World’s 50 Best. Barbara Linch, pétillante, elle gère 8 restaurants avec une énergie folle.
Victoire Gouloubi, la bien prénommée, a remporté la victoire sur le poids de la culture africaine. Adeline Grattard, franche et nature, non seulement elle cuisine bien, très bien mais en même temps elle élève ses trois enfants! La Bretonne Dominique Crenn qui a conquis l’Amérique, ** élue meilleure femme chef du monde par le World’s 50 Best 2016.
Amanda Cohen, chef végétarienne new-yorkaise, défend les salaires et les protections sociales de ses employées. Pilar Rodriguez, chef chilienne qui cuisine au coeur des vignobles. Et les autres. Toutes fondues de cuisine, de partage et de générosité.
LA REALISATRICE – VERANE FRÉDIANI
Méditerranéenne pur jus, elle a à coeur de défendre les droits et la place des femmes. elle veut les voir sortir de l’ombre, de leurs cuisines, de leurs bureaux, de elle a choisi de mettre en lumière ces femmes qui sans les étoiles du guide rouge, sans les premières marches de podium, mettent des étoiles dans les yeux des gourmets invités à leur table, des spectateurs de ce documentaire hors du commun qui ne raconte pas une histoire de plus mais des histoire de vie de parcours pour écrire la grande histoire de la cuisine.
Avant de s’attaquer à la cuisine, elle a visité les mondes machistes de la boucherie et de l’élevage dans un documentaire « Steak (R)Evolution », réalisé avec Franck Ribière.
GÉNÉRIQUE: une farandole d’hommes et de femmes, pour des regards croisées dans la chaleur des cuisines dici & d’ailleurs, dans une forêt de pins quelque part en Argentine, sur des hauteurs boliviennes, dans la chaleur moite de rues asiatiques. Par ordre d’apparition à l’image. Les hommes: Frank Pinay-Rabaroust, Luc Dubanchet, Nicolas Vierne, Michel Hermet.
Les femmes toutes belles, belles, belles dans leur intimité culinaire, leurs mots et leurs gestes. Elena Arzak – Amanda Cohen – Kamilla Seidler – Clare Smyth – Cristina Bowermann – Alice Waters – Jacotte Brazier – Anne-Sophie Pic – Dominque Crenn – Adeline Grattard -Barbara Lynch – April Lily Partridge – Paz Levinson – Cristeta Comerford – Victoire Gouloubi – May Chow – Wang Yuan-Li …
Film document à voir, à écouter et à entendre. Tous ces témoignages féminins et masculins résonnent avec les réflexions des dernières élections législatives. La politique comme la cuisine se féminise. Les femmes ne sont plus simplement assistantes parlementaires discrètes, elles siègent sur les bancs de l’Assemblée. Elles ne sont plus femmes de chefs, mais chefs.
Film touchant, on ne peut qu’être emporté par une vague d’émotion devant la force de ces femmes qui ne recherchent pas la gloire mais veulent surtout servir la cuisine, partager, donner. Nourrir! Dans des cuisines-bulles immaculées où tout n’est que volupté et élégance, philosophie et gestes artistiques, comme celles de la chef triplement étoilée, la majestueuse Anne-Sophie Pic, au coin d’une rue de Shanghai ou de Bangkok, dans les locaux d’un restaurant perdu dans un village perdu de Bolivie. Elles font toutes leur métier – nourrir – avec panache et courage: nourrir et en même temps éduquer, permettre à des jeunes défavorisés d’apprendre à bien cuisiner pour leur famille, d’apprendre un métier, elles se battent pour les extraire de la pauvreté. Elles sont la mémoire des cuisines locales, des gestes ancestraux, elles sont les gardiennes des traditions tout en coupant les liens qui entravent la liberté. Qu’elles soient tombées en cuisine par héritage, choix, envie, plaisir, elles sont les nouveaux visages de la gastronomie.
Ps – aux hommes d’hier, maitresse d’hôtel n’est pas un gros mot ni une insulte, aujourd’hui les femmes connaissent le vin, savent lire une carte des vins et paient l’addition…
Ps2 – Food&sens aiment les chefs, qu’ils soient femmes ou hommes
À LA RECHERCHE DES FEMMES CHEFS – Film écrit et réalisé par VÉRANE FRÉDIANI, produit par Franck Ribière
SORTIE EN SALLES LE 5 JUILLET 2017
Crédit des photos et visuel de l’affiche : La Ferme Productions