Retour Chez NE/SO – Guillaume Sanchez – F&S en immersion dans son FoodLab
Retour Chez NE/SO – Guillaume Sanchez, en immersion dans son FoodLab
Après une première découverte de ce lieu ressemblant tant à son chef me voici de retour pour un dîner d’exception.
Lorsque je pénètre dans la cuisine de NE/SO ce samedi soir-là, peu avant l’arrivée des premiers clients, je me retrouve immédiatement dans celle de ma grand-mère, petite, quand elle nous préparait des pommes de terre en robe des champs. Rien de gastronomique me direz-vous, mais ces tubercules vivront quelques expériences qui sauront les dérouter.
Guillaume Sanchez a ce don-là. Ou plus exactement travaille irrémédiablement à cela, d’une manière aussi pointue que ses recherches sur la fermentation, et sur sa quête d’essentiel dans les saveurs et textures. Il nous fait voyager, via des contrées lointaines et inconnues, nous titillant parfois, par une acidité pointue ou une amertume si bien maitrisée rencontrant des papilles endormies, pour finir par nous ramener à de l’émotion pure, dans des impressions de rondeur et souvenirs des plus réconfortants.
Ci-dessous : « Panacotta » de seiche, pomme fermentée 400 jours et caviar
Ce soir-là, le menu est unique et servi de concert, en accord mets et vins, aux 22 personnes ayant décidé de s’offrir une expérience inédite et impliquée.
Le FoodLab est né d’un constat que l’on ne peut plus ignorer. En plus d’être soumise à l’appréciation des clients deux fois par jour, à chaque service, la cuisine des chefs est aujourd’hui jugée, sans possibilité de réel échange et parfois de manière implacable, derrière l’anonymat d’un clavier, sur des sites que l’on n’a plus guère besoin de nommer.
Guillaume, pourtant issu de cette génération tout numérique, a cherché le moyen de contourner cet état des lieux souvent trouble voire pervers, non pour s’y soustraire, mais au contraire afin de lui redonner de son humanité. Il a donc instauré, au gré des changements de carte, une soirée dédiée à un dialogue ouvert entre clients et cuisine, dans un échange constructif loin d’un simple effet marketing.
Dressage de l’imprégnation d’oignon à l’anguille
Ces expériences sont une mise à nu, une prise de risque directe face à la critique, quelle qu’elle soit, orale et écrite, argumentée, qui décortique un menu plus étayé qu’à l’ordinaire, aspirant au pas de recul d’un palais extérieur, indispensable selon Guillaume pour « sortir » un plat.
Chaque remarque sera lue, pesée, étudiée avec le plus grand soin, et le plat possiblement réadapté : il offre ainsi une réelle implication dans la dernière partie de l’acte créatif pour lequel ces convives d’un soir prennent leur rôle très à cœur, scrutant l’essence de leurs ressentis et soucieux de justesse dans la manière de les retranscrire.
Oignon imprégné par un jus brun d’anguille, laqué au vinaigre de Voatsifery et anguille
Ce samedi-là, la seiche se fera panacotta, les grains de caviar seront posés avec la préciosité d’un travail d’orfèvre, le merlu se parera de marc de café et ail noir avant d’être marqué au barbecue, et l’oignon se dégustera servi au milieu d’un sous-bois. Les pommes de terre seront tatin et les gnocchis évanescents… une expérience unique où tous seront accompagnés et transportés dans l’univers d’un chef talentueux à découvrir, si ce n’est déjà fait, de toute urgence.
ci-dessous – Préparation des moules farcies
Courge et citrouille confites
Moules farcies, courge et citrouille confite, bouillon des forêts d’Ile de France
Mises en place des cèpes et ravioles
Raviole de cèpes, cèpes réhydratés dans leur propre bouillon
Ci-desssus : Truite confite au foin, gel de vin jaune, sur kiwi du sud ouest de la France – Servie avec une sauce au tamarin fumé
Préparation du merlu, traité comme une viande, avec marc de café et ail noir, avant d’être marqué au barbecue
Ci-dessus – Mises en place du merlu, avec les salsifis en deux façons, confits et d’octobre 2017 – Ci-dessous : Salsifis
Ci-dessus : Merlu, marc de café, ail noir et salsifis d’octobre
et ci-dessous : Lorie La chef pâtissière et Daphné
Chèvre glacé, kimchi, mûre et piment doux
Ci-dessus : Pommes de terre confites comme une tatin
C-dessous : Pommes de terre confites comme une tatin, gnocchi moderne à la vanille et pomme de terre, citron, vinaigre de pomme, glace vanille et miel fermenté
Servi avec un bouillon tiède à la pomme de terre
Dressage du café vert
Panacotta montée au café, glace au café vert, poudre et vinaigre de café vert, croustillant amande sauvage et émulsion jasmin
NE/SO – 6 rue Papillon 75009 PARIS www.neso.paris
©Photos et texte Julie Limont – www.julielimont.com