Il faut soutenir la filière de production de chou-fleur breton
Le chou-fleur est un super légume, il faut le faire savoir ! … surtout auprès des jeunes et d’une population qui ne mange pas équilibré, le chou-fleur est bon pour la santé, et en plus il reste un légume abordable et facile à cuisiner.
Les cultivateurs bretons font face à une concurrence rude venue d’Espagne et d’Italie, la filière française a besoin d’être soutenue, les chefs doivent montrer l’exemple, ils doivent cuisiner le chou-fleur et choisir le chou-fleur breton, c’est aussi une façon solidaire de valoriser les paysans et les producteurs locaux.
Lisez ci-dessous l’article du quotidien Le Parisien
L’emblématique légume breton est de moins en moins cultivé. La marque Prince de Bretagne veut relancer sa consommation, notamment auprès des jeunes.
Le soleil se lève à l’horizon. Salopette de ciré jaune et bottes vertes au pied, Philippe Lesné, 55 ans, récolte depuis 7 h 30 des choux-fleurs avec son fils et un salarié. Couteau à la main d’un côté et gant en cotte de mailles de l’autre, ils coupent les têtes à la racine puis les déposent sur un tapis télescopique. A l’intérieur de la remorque, les légumes sont immédiatement conditionnés prêts à être livrés. Les gestes sont sûrs et précis. Les trois agriculteurs vont les répéter jusqu’à la fin d’après-midi. Et à nouveau demain et les jours suivants.
Toutes ces heures passées dans les champs le dos courbé ont laissé des traces chez Philippe qui porte une ceinture lombaire. « On est nés dans les choux, ce serait difficile pour nous de faire autre chose. Si on n’avait pas l’amour du métier, ça ferait longtemps qu’on aurait arrêté », assure le quinquagénaire en souriant.
Météo et concurrence – Fleuron de la culture légumière bretonne, le chou-fleur est parfaitement adapté aux hivers tempérés de la zone côtière. A Saint-Méloir-des-Ondes, en Ille-et-Vilaine, la famille Lesné en cultive pourtant un peu moins qu’avant car elle a décidé de se reconvertir dans le bio. Un choix guidé par un intérêt écologique mais aussi financier. « Notre dernier exercice était largement déficitaire », déplore Philippe qui espère vendre ses choux-fleurs bio un peu plus cher.
En effet, voilà déjà trois ans que les saisons catastrophiques s’enchaînent pour une bonne partie des producteurs. En 2017, le prix moyen annuel de la tête de chou-fleur plafonnait à 0,46 euro pour un coût de production de 0,60 euro. Cette année, la campagne a même débuté à 0,24 euro !
« Certaines exploitations n’encaisseront pas le choc d’une nouvelle mauvaise saison », alerte Tanguy Rousseau, président des jeunes agriculteurs des Côtes-d’Armor. A qui la faute ? A la météo, mais surtout à l »Espagne et l’Italie qui concurrencent férocement la France à l’export. Conséquence : certains producteurs jettent l’éponge. C’est le cas de François Le Bougeant qui, en plus de son atelier de tomates, cultivait durant l’hiver 6 à 8 hectares de chou-fleur depuis 33 ans. Pas assez rentable.
« Moins d’un ménage sur deux en mange »
« Sur une centaine de producteurs de la région de Tréguier, une dizaine ont abandonné », remarque François, qui va plutôt miser sur la production de semences sous abri. D’autres se tournent vers les légumes anciens ou les céréales. En vingt ans, la production bretonne de chou-fleur a été divisée par deux. Les superficies ont rétréci de 22 115 hectares en 2003 à 13 008 en 2018.
Pour enrayer cette baisse continue, Prince de Bretagne, qui du Conquet à Saint-Malo regroupe 2000 producteurs bretons de fruits et légumes, cherche à relancer la consommation en France. « Moins d’un ménage sur deux en mange », souligne Gaëlle Juton, chef de produit au sein de ce groupe créé en 1970 par six coopératives bretonnes et devenu premier producteur de choux-fleurs en Europe (305 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017).
Souvent associé à des mauvais souvenirs de cantine, le chou-fleur est délaissé par les moins de 60 ans. Pour rajeunir son image, Prince de Bretagne va lancer début janvier une application ludique permettant aux joueurs d’incarner un producteur de choux-fleurs. De quoi susciter des vocations ?
Un légume tendance aux Etats-Unis
S’il est méconnu des consommateurs français, le chou-fleur s’est pourtant imposé depuis quelques années aux États-Unis comme le légume tendance. Sur Instagram, les influenceurs ont en fait leur chouchou. De l’autre côté de l’Atlantique, il se cuisine notamment sous forme de semoule ou de pâte à pizza sans gluten.
Ce légume de la famille des crucifères a tout pour plaire. Très peu calorique, il est riche en fibres et accélère le transit. Il contient également beaucoup de potassium, calcium, vitamine K, B9 et C (56,6 mg pour 100 g de chou-fleur cru). On trouve dans les choux en général des composés appelés indoles et isothiocyanates. Plusieurs études internationales auraient mis en évidence leurs effets préventifs contre les cancers de la prostate, de la vessie et du poumon entre autres. Autre avantage, on peut le déguster en toutes saisons, été comme hiver.