Joël Frantz, restaurateur alsacien installé à Kiev en Ukraine témoigne de la situation
Le quotidien régional DNA ( Dernières Nouvelles d’Alsace ) est entré en contact avec un restaurateur alsacien qui vit depuis 29 ans en Ukraine …
Témoignage en direct sur la situation sur place –
Parti à Kiev il y a 29 ans, en 1991, Joël Frantz, qui a grandi à Rauwiller, en Alsace-Bossue, a travaillé dans le premier restaurant français de la capitale, avant d’ouvrir son propre établissement, au cœur de la ville, dans le « quartier présidentiel ». Il y a deux semaines, il était en Alsace. Il est reparti dans sa ville d’adoption, où il s’est marié et qu’il ne compte pas quitter. C’est sa décision, au soir du premier jour de la guerre provoquée par Vladimir Poutine.
Ce jeudi après-midi, à 16 h, il a été se réfugier à la cave, alerté par trois coups de sirène. Une heure, avec une quinzaine d’Ukrainiens dans le parking souterrain de l’immeuble où se trouve son domicile, au centre de Kiev également. « Ils sont calmes, inquiets, mais pas paniqués ». Un peu plus tard, il a retrouvé ses beaux-parents, des octogénaires ; avec son épouse ukrainienne, ils vont vivre ensemble.
Les informations lui viennent de la télévision, des sites d’information officiels. Internet fonctionne. Son restaurant est fermé. Le quartier où il se trouve, quartier politique, est cerné par les militaires ukrainiens. Il n’a pas connaissance d’affrontements, « les rues sont vides, les boutiques fermées, un supermarché était ouvert aujourd’hui, mais il ne prend que du cash ». Scène insolite, « j’ai vu passer un camion de ramassage des poubelles, ça m’a étonné ». Son beau-frère a pu circuler en voiture, mais certains ponts sont fermés et tenus par l’armée.
La décision de rester en Ukraine, à Kiev, « a été facile à prendre. C’est la ville de mon épouse et de mes beaux-parents ». Depuis sa ville d’adoption, il émet un vœu : « j’espère que le monde entier aura compris désormais ce qui se passe. Il n’y a pas 36 solutions… Il faudrait aussi que les gens en Russie comprennent et se mobilisent ». Mais sur ce point Joël Frantz a peu d’espoir.
Ce jeudi matin, après les premières alertes, il nous disait la « surprise » et celles des habitants de Kiev, « qui ne pensaient pas qu’on en arriverait là ». « Les Occidentaux ont laissé faire, l’armée russe est entrée comme dans du beurre… Tant qu’il n’y aura pas de réaction forte de l’Occident ». Puis suivent un silence et une question : « est-ce que les gens manifestent ? » Comme un appel au secours lancé de Kiev jusqu’à Strasbourg.
Par Christian BACH