Bernard Magrez s’exprime sur l’après Robuchon, La Grande Maison et sur l’ambition de son Groupe
Bernard Magrez, c’est la magnat du vin de Bordeaux, l’homme aux 40 Châteaux comme certains le surnomment. L’homme a longtemps cultivé la discrétion, bien connu dans l’univers du vin et de la gastronomie, il ne l’était pas du grand public, c’est la création de La Grande Maison à Bordeaux en compagnie du chef Joël Robuchon qui l’a propulsé au devant de la scène.
Après le lancement médiatique de cette belle maison bourgeoise avec ambition de décrocher le graal des étoiles au guide Michelin, l’homme d’affaire bordelais a dû faire face à la polémique lancée contre Joël Robuchon sur le sujet du harcèlement en cuisine.
Bernard Magrez n’a pas démérité, aux côtés du chef Robuchon, il a fait face à la polémique avec un soutien sans faille, la machine juridique et la force de communication du groupe s’est mise en route permettant de minimiser l’impact de l’affaire.
C’est là que Bernard Magrez est entré en scène, et quand quelques mois plus tard il décide de se séparer du chef malgré la grande amitié qui les lie, et l’obtention de deux étoiles au guide Michelin, l’homme d’affaire se retrouve encore à l’affiche. Mais depuis, le chef Pierre Gagnaire a rejoint Bordeaux et La Grande Maison, une nouvelle dynamique s’est mise en place, le chef a pris en main les clés de la cuisine.
Interrogé sur TV7, l’homme d’affaire s’exprime pour la première fois depuis le départ du chef Robuchon, il en profite pour parler de ses projets. Cécile Magrez-Daquin directrice générale de La Grande Maison explique la stratégie d’avenir du Groupe B. Magrez.
De nouvelles ambitions pour son restaurant La Grande Maison :
Pour autant, malgré cette reconnaissance et s’il salue l’excellence de Joël Robuchon – « c’est le meilleur » -, Bernard Magrez estime que leur association s’est soldée sur un « pari perdu« . Principalement parce qu’il n’y a pas à Bordeaux, selon lui, un tissu économique suffisant pour assurer la pérennité d’un établissement aussi haut de gamme :
« C’est un parti que j’ai perdu clairement dans la mesure où il fallait, pour le gagner 75 à 80 couverts par jour du 1er janvier au 31 décembre. Et ce avec un coût du couvert relativement élevé. Nous n’y sommes pas parvenus. Et je pense qu’on ne pouvait pas y arriver. J’ai donc préféré aller vers quelque chose qui correspondait mieux à l’économie régionale pour 80% et internationale pour 20% ».
Nouveau démarrage indique Cécile Magrez-Daquin directrice générale de La Grande Maison
» C’est une belle aventure qui redémarre avec une personne, une offre différente. Avec Joël Robuchon, nous atteignions le ticket moyen que nous envisagions mais sur un nombre de couverts insuffisant. Est-ce que décrocher trois étoiles au Michelin aurait suffi à résoudre l’équation économique ? Je n’en suis pas sûre. Bordeaux voit passer beaucoup de touristes étrangers, nous le voyons bien à la Grande Maison où les chambres sont majoritairement occupées par cette clientèle, mais le tissu économique n’est pas encore là. Joël Robuchon ne souhaitait pas remettre en cause sa formule qui marché à Tokyo, à Londres, à Monaco ou à Singapour. Mais Bordeaux n’est – encore – pas Tokyo ! Avec Pierre Gagnaire, un nouveau dialogue s’est tout de suite installé.«
D’autres projets d’investissements
Ils sont nombreux dans le vignoble. Mais pas seulement. Il compte en effet acheter deux autres hôtels à Bordeaux. Le groupe détient quatre grands crus classés en bordelais, il cherche à en acquérir un 5e mais encore faut-il trouver un vendeur ! B. Magrez reste à l’aguet et surveille aussi de près le monde des startups qui peuvent apporter de nouvelles opportunités, comme le groupe l’a fait avec l’acquisition de B-winemaker.
Diversifier son groupe dans des productions agricoles
L’homme d’affaire veut aussi diversifier ses affaires dans des productions de qualité comme le caviar et les huîtres.
Pour comprendre d’où vient cette volonté permanente d’avancer, Bernard Magrez explique : « A 13 ans mon père m’a mis dehors. Entre 10 ans et 13 ans, parce que j’avais des mauvaises notes, mon père me collait un papier dans le dos avec écrit dessus « je suis un fainéant ». J’allais à l’école comme ça. Je longeais les murs. Après, il m’a mis de côté et dans un centre d’apprentissage en bleu de travail pour apprendre à scier le bois. J’ai arrêté l’école très tôt. Ce que j’ai considéré, à tort peut-être, comme une humiliation m’a donné l’envie permanente de tenter de prouver que je ne suis pas trop un tocard ».
Développer l’œnotourisme
Le groupe B. Magrez vise dans les deux ans qui viennent un taux de remplissage de 75 % sur l’ensemble de leur offre œnotourisme : hébergement, salles de réception, réceptif entreprises. Ce chiffre, est atteint aujourd’hui en saison mais pas encore hors-saison.
» Il faut travailler avec les bons tour-operators, les bons sites, et continuer à miser sur le bouche-à-oreille. » indique Cécile Magrez-Daquin directrice générale de La Grande Maison.
» Nous avons commencé l’œnotourisme en 2008, à une époque où nous étions peu nombreux sur cette activité dans le bordelais. Depuis, l’offre s’est considérablement diversifiée et il nous faut nous renouveler tout en continuant de respecter l’univers Bernard Magrez et ce qu’il représente. «
Source : Sud-Ouest – La Tribune