Il aimait la vie, la bonne bouffe et les chefs – Jean-Luc Petitrenaud s’en est allé discrètement

12 janvier 2025  0  Non classé

Jean-Luc Petitrenaud, journaliste, chroniqueur à la plume alerte et à la gouaille féconde, s’en est allé, en laissant des souvenirs et de la tristesse à toutes celles et ceux qui ont croisé sa route, qui ont reçu à leur table ce pèlerin de la bonne cuisine qui arpentait sans fatigue la France profonde et la France en vue, à la recherche de moments forts à partager. Plus journaliste que critique, il maitrisait avec un goût certain les codes de la cuisine, de la gastronomie, adorait aller à la rencontre des artisans, producteurs, pâtissiers, maraichers, fromagers, des acteurs de la terre et de la mer indispensables pour les chefs. Il savait jouer avec les mots pour rassembler, fédérer et enchanter lecteurs et téléspectateurs. Il voulait que sa vie soit « une recréation permanente ». Il avait touché à l’édition, à la télé et rassemblait lecteurs, auditeurs et téléspectateurs fidèles.

Il liait intimement la cuisine, les produits, les assiettes, le bonheur et les émotions, ces entions que seuls les sensibles au bon peuvent ressentir devant une assiette bien troussée. Il sillonnait la France pour ses livres (une vingtaine !) et ses émissions dont la célèbre « Les escapades de Petitrenaud » dans laquelle il découvrait et faisait découvrir une ville ou un région où il s’installait le temps du tournage et des rencontres pour célébrer la convivialité, la tradition, l’authenticité

Jean-Luc Petitrenaud est né à Clermont-Ferrand en 1950. Il va d’abord jouer sur les planches, faire du théâtre, dévoilant ce talent théâtral qui va agiter ses émissions. Il va toucher à la radio avec ses premières chroniques culinaires sur sur Radio Puy-de-Dôme, Radio Swiss, Europe 1 et Sud Radio avant de régner sur les émissions de télé qui s’installent dans les programmes. Il rassemble la France profonde qui se cale devant son téléviseur pour voir son émission qui une fois par semaine, le dimanche précisément, donne rendez-vous à touts ces Française et tous ces Français de la ville et de la campagne pour découvrir ses trouvailles, ses échanges. Il entraine les téléspectateurs au coeur de l’hexagone, en bord de mer, à la campagne, à la ville, à la montagne ou dans un village reculé, où lui seul renifle, déniche l’adresse gourmande.

Il sévit d’abord avec « Les Grands Gourmands » (1997-2000) sur France 3, puis « Carte postale gourmande » (2000-2006) et « Les Escapades de Petitrenaud » (2006-2017) sur France 5. Les Escapades de Petitrenaud ou la Grand-messe de la cuisine. Dès que sonnait 12 coups à l’église, tout le monde s’installe pour quelques minutes de bonheur et de furieux appétit. Chacun peut se retrouver dans de gourmand, ce Français qui partage leurs valeurs de bel appétit et de terroir, tous écoutent son sermon dominical haut en couleur qu’il déclame avec ferveur et passion. Sur la « scène », il s’agite comme un avocat défendant cette cuisine authentique et il gagne assurément les procès contre la mal bouffe. Drôle, il multiple les bons mots, la belle humeur. Furieusement passionné, il préconise de manger les meilleurs choses. Mais terriblement fatigué, il va quitter les écrans. Il reprend la plume pour partager son amour inconditionnel de la gastronomie. En 2018, il publie « Les Quatre saisons d’Émile et Marcelle« , livre hommage à ses parents. Il rêve de revenir sur le petit écran, il déclarait il ya a peu « … me voilà extrêmement disponible, prêt et heureux de repalpiter, d’être à nouveau face à une caméra et de coudre des histoires. » 

Il laisse en héritage une façon de vivre la gastronomie et de partager les richesses des terroirs français, une volonté de partager les émotions culinaires.

Jacques Chirac l’avait nommé chevalier de la Légion d’honneur en 2004. Jean-Luc Petitrenaud, à l’initiative de la Semaine du Goût, avait également reçu un prix du meilleur journaliste gastronomique.

Nous présentons à sa fille Louise et à son fils Antonin nos plus sincères condoléances.