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En nourrissant le bétail français avec du soja brésilien, la France participe t’elle à la déforestation an Amazonie ?

28 août 2019  0  Non classé
 

signature-food-and-sens Les chercheurs s’accordent à dire que l’agriculture intensive est la principale raison des incendies qui dévastent la plus grande forêt du monde. Mais qu’en est-il réellement?

Bien que la sécheresse ait joué un rôle dans le développement des feux qui rongent actuellement la forêt amazonienne, la plupart des chercheurs s’accordent pour dire que la déforestation est la principale cause des milliers d’incendies qui durent depuis des semaines au Brésil.

incendie amazonie

Pour Greenpeace, c’est « l’élevage bovin extensif » qui est « le principal facteur de déforestation de l’Amazonie ». Selon lui, « un peu plus de 65% des terres déboisées en Amazonie sont aujourd’hui occupées par des pâturages ».

Depuis plusieurs années déjà, le Brésil est le deuxième plus gros producteur de viande bovine au monde (9,9 millions de tonnes produites en 2018), derrière les États-Unis (12,3 m. de t.). Une culture qui va continuer à croître au cours de la prochaine décennie, si l’on en croit les prévisions du ministère américain de l’agriculture.

Ces stocks énormes permettent au pays gouverné par Jair Bolsonaro d’être le plus important exportateur de boeuf de la planète. Le Brésil vend ainsi sa viande aux quatre coins du monde: en Chine et à Hong-Kong principalement, mais aussi en Iran, en Égypte, en Russie… Si le boeuf brésilien a séduit de nombreux pays, ce n’est pas vraiment le cas de la France, dont moins de 1% des importations de viandes bovines sont issues de ce pays. De manière générale, l’Hexagone achète peu de boeuf à l’étranger, et ses rares importations sont très majoritairement réalisées au sein de l’UE.

Si l’élevage reste le premier facteur de déforestation de l’Amazonie, difficile de ne pas lier cette culture à celle du soja. En effet, la plupart des bêtes sont nourries grâce à cette légumineuse. Donc si la production de viande  augmente, celle de soja doit suivre le rythme. Un « cercle infernal » extrêmement néfaste pour l’Amazonie, puisque les cultures de soja occupent déjà près de 6,5% de la surface déboisée, une part amenée à augmenter dans les prochaines années.

L’envol du soja au Brésil est inévitable, selon les prévisions du ministère américain de l’Agriculture, qui assure que le Brésil devrait devenir le premier producteur de soja au monde dès 2019. Si le besoin de nourrir les élevages est une des raisons qui pousse le Brésil à développer la culture du soja, elle n’est cependant pas la seule. La légumineuse est très recherchée dans le monde, notamment en Chine, premier client du soja brésilien. 

Et la guerre commerciale qui oppose Pékin et Washington depuis près d’un an a conduit l’empire du Milieu à acheter davantage au Brésil pour nourrir son bétail. Résultat : le pays sud-américain conforte un peu plus son statut de premier exportateur de soja au monde, en augmentant ses exportations vers la Chine.

Même si elle représente une faible part du total des exportations, l’Europe reste dépendante du soja brésilien. Greenpeace évoque même une « addiction » du Vieux contient au soja sud-américain, utilisé en particulier pour les élevages industriels de volaille et de porc. Et la France ne fait pas exception.

Avec seulement 415.000 tonnes de soja produites dans l’Hexagone en 2017, notre pays s’est retrouvé forcé d’importer massivement du soja. Si une partie non négligeable provient de l’Union Européenne, l’immense majorité du soja importé en France vient du Brésil – malgré le fait que les cultures locales soient composées à 92% d’OGM.

Une situation difficile à régler, selon Greenpeace, car la relocalisation des importations de soja en France nécessiterait près de 12.000 kilomètres carré, soit l’équivalent de l’ensemble des terres agricoles du Morbihan, des Côtes d’Armor et du Finistère.

La « dépendance française » est cependant amenée à baisser au fil des années, assure France AgriMer. Notamment car la filière se développe dans le pays, même si l’Hexagone reste toujours un tout petit producteur. C’est en fait le contexte international qui pousse la France à diminuer ses importations brésiliennes.

Les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis l’ont par exemple poussée à se procurer de plus de plus de soja en Amérique du Nord. Une situation géopolitique tendue à laquelle s’ajoutent les récentes tensions diplomatiques entre Paris et Brasilia. Depuis quelques jours, le ton monte en effet entre le gouvernement de Jair Bolsonaro et celui d’Emmanuel Macron.

Et au-delà des invectives, les négociations autour du Mercosur – un accord de libre-échange entre Amérique du Sud et Europe – sont au point mort depuis quelques jours, le président de la République française a déclaré qu’en l’état, il ne signerait pas l’accord.

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