Le Français Accor Hôtels sera t’il dévoré par le Chinois Jin Jiang
C’est le journal LaCroix qui révèle l’information, le groupe d’hôtel Jin Jiang basé à Shanghai pourrait dévorer le groupe Accor Hôtels. Jin Jiang grimpe dans le capital, pourtant la chaîne n’est pas image de qualité dans la région de Shanghai. Mais l’envergure financière et la puissance économique de toute une région pousse l’ogre chinois à un développement international.
Le consortium chinois Jin Jiang détient à ce jour 15 % du capital de l’hôtelier Accor. Depuis le début de l’année, il ne cesse d’augmenter sa participation au capital au point d’en être l’actionnaire principal.
C’est une opération éclair, mardi 20 avril le groupe hôtelier chinois Jin Jiang a annoncé détenir 15 % du capital et 13 % des droits de vote au capital du géant français de l’hôtellerie Accor. Le consortium chinois est entré au capital en début d’année.
En février 2016, il détenait 11,7 % du capital et environ 10 % des droits de vote au conseil d’administration du groupe dirigé par Sébastien Bazin, qui gère Sofitel, Pullman, Mercure, Ibis et HotelF1.
La société chinoise a affirmé en février dernier « ne pas vouloir prendre le contrôle d’Accor » mais « participer à la définition de la stratégie de la société » et n’excluait pas de « demander la nomination d’un ou plusieurs représentants au conseil d’administration ». À ce jour, le groupe touristique chinois est le premier actionnaire d’Accor.
Jin Jiang, un concurrent direct d’Accor. Une entrée très rapide au capital qui n’a pas été commentée outre mesure pour la direction d’Accor, confrontée à une baisse de 5 % de son activité au premier trimestre de cette année, notamment en raison des attentats qui ont frappé la France. Accor ne souhaite pas faire de commentaires en février, Sébastien Bazin affirmait pourtant n’être « ni craintif, ni anxieux ».
L’an dernier, la holding chinoise avait déjà racheté la société Louvre Hôtels, qui détient les enseignes Campanile, Première Classe ou encore Kyriad. « Il est clair que ce n’est pas un actionnaire totalement comme les autres puisqu’il possède à 100 % mon principal concurrent en Europe », déclarait Sébastien Bazin, en février.
Fondé en 1995, par la municipalité de Shanghai, Jin Jiang est le premier groupe hôtelier chinois. Shanghai est encore le premier actionnaire du groupe. Il y a aussi ouvert une école hôtelière, en 2005, en partenariat avec la Suisse qui a accueilli plus de 1 500 élèves.
Les investisseurs chinois de plus en plus nombreux en France
Cette offensive s’inscrit dans un mouvement de fond plus large. De nombreux investisseurs chinois s’installent de façon croissante en France. La manœuvre de Jin Jiang n’est pas sans rappeler le rachat du Club Med par le consortium Fosun, pour 1 milliard d’euros ou le rachat des terres agricoles du Berry et de l’Indre.
Le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll a d’ailleurs déclaré vouloir « faire en sorte que la terre et la production en France reviennent à des agriculteurs qui s’installent et investissent, et ne pas accepter que l’ensemble des hectares d’une exploitation puissent être achetés par d’autres ».
Le fonds d’investissement chinois Anbang est aussi en passe de racheter le géant américain de l’hôtellerie de luxe Strategic Hotels, basé à Chicago.
À ce jour, la France est le deuxième pays européen où la Chine investit le plus. Les secteurs les plus convoités sont l’immobilier, l’hôtellerie et le tourisme qui représentent 84 % des investissements chinois en France.