Julie Limont de l’autre coté du passe – L’émotion et le geste au travers de la photographie culinaire !
Une photo fige un moment, et réussir à donner vie à une photographie est tout un art ! Mais la photographie culinaire est quant à elle bien plus que tout cela ! En rencontrant Julie Limont, nous avons appris à découvrir une femme qui sait donner vie à la photographie culinaire, qui sait lui donner une âme, qui sait crée de l’émotion !
La cuisine n’est-elle d’ailleurs pas affaire d’émotions ? Et l’émotion dans la cuisine ne se transmet bien sur pas par la technique, elle se transmet par la philosophie personnelle de celui qui cuisine et c’est pour cette raison que @FoodandSens a décidé de donner la parole à Julie Limont qui se trouve régulièrement de l’autre coté du passe !
Au plus près des chefs pour partager avec vous ce qui fait l’âme même d’un restaurant ! Voici son texte :
Voilà ! Voila ce qui pour moi revêt du plus grand luxe.
Loin des dorures et des paillettes, du décorum et des étoiles, il se niche là, de l’autre côté du passe, dans le travail remis sur la planche jour après jour, à reprendre les bases, à les mener ailleurs, plus loin ou à côté, en en saisissant l’essence des intentions.
Privilège ultime que d’être au plein cœur de cette cuisine qui se crée, se cherche, se discute, se goûte, s’interroge et ne cesse de se remettre en questions ; que d’assister à une première cuisson, un premier dressage, à la première bouchée qui sera testée, décortiquée.
Je suis touchée par cette confiance. Je suis également émue par chaque assiette, quelle qu’elle soit, que l’on prend temps et soin de dresser à mon intention, parce qu’au delà des mets divins, « nourrir quelqu’un » n’est pas rien. Je suis de celles qui demeurent fascinées par le tri méticuleux des cèpes, le taillage d’une brunoise ou la délicate couture d’un lièvre à la Royale..
Ceux, bien rares par ici, qui m’ont connue dansante pourraient en témoigner : j’étais la première arrivée dans les studios, travaillant avant même de prendre le premier cours du matin, poursuivant inlassablement après les séances de répétition ou d’improvisation, creusant un état de corps en affinant la précision du verbe, dépeçant chaque geste pour en comprendre le sens et surtout d’où il émanait, répétant les pièces les yeux fermés, dans une rame de métro ou le soir avant de m’endormir, juste via le flux des énergies qui toutes vibraient du centre… mon luxe et délice d’alors était ce temps, allongée seule sur un plateau, des heures avant les représentations, où je recommençais à m’échauffer alors que le bal étaient encore aux techniciens et autres balances son et lumières.
Voilà bien ce qui m’anime : les coulisses, les créations, répétitions, la transmission, l’envers des décors, le travail de l’ombre sans lequel la magie ne saurait opérer… affaire à suivre.
© Julie Limont