Un jour, un livre « Artusi, la Science en cuisine et l’Art de bien manger » par Alessandra Pierini et Stéphane Solier
C’est un coup de coeur qui a rendu possible la réédition de cette pépite. Celui d’une éditrice, Sabine Bucquet-Grenet et d’un livre,« La Scienza in cucina e l’Arte di mangiar bene » de Pellegrino Artusi.
« Certains livres de cuisine révèlent en creux, entre les lignes et les recettes, des mœurs, des codes sociaux et des chroniques de la comédie humaine. Il y a plusieurs années, à Rome, je suis tombée sous le charme de l’une des plus anciennes éditions de « La Scienza in cucina e l’Arte di mangiar bene » de Pellegrino Artusi, monument italien paru à la fin du xixe siècle. Ma ferveur bibliophile me suit partout !
La collection “Faim de l’histoire” est née ainsi, à force de fureter et d’échanger avec d’autres passionnés de vieux livres. Elle rassemble des grands classiques de la littérature culinaire d’ici et d’ailleurs, parfois édités pour la première fois en France. Vendus à plusieurs millions d’exemplaires, jadis offerts aux jeunes mariées et transmis de génération en génération avec une dévotion quasi religieuse, ces ouvrages témoignent à la fois d’une époque révolue et d’un patrimoine gastro- nomique encore vivant. On les qualifie volontiers de “bibles” et il arrive, quand la cuisine devient outil de propagande, qu’ils fassent autorité au sens le plus littéral. Tous ont traversé les siècles sans perdre leur charme, devenant presque des noms communs portant majuscule tel “le Beeton” qui a ouvert ce bal anthologique. Sabine Bucquet-Grenet
LES AUTEURS – ALESSANDRA PIERINI ET STÉPHANE SOLIER signent une nouvelle traduction du livre, bible de la cocina italien – Les deux spécialistes de la cuisine italienne proposent une nouvelle traduction du livre.
ALESSANDRA PIERINI – Passionnée et experte en gastronomie italienne. Gênoise de naissance, Parisienne de coeur. Son goût pour la cuisine, les bons produits et la quête d’excellence s’enracinent dans l’enfance. Parcourant inlassablement les routes d’Italie, elle a partagé dans son épicerie et cave à vin, pendant trente ans, toutes ses découvertes et coups de coeur, les produits rares et les histoires d’artisans croisés pendant ses voyages. Aujourd’hui, elle transmet son savoir au travers de nombreux livres, des reportages, des articles de presse, des émissions de radio ou des conférences. Vive, intelligente, passionnée et passionnante, aventurière et audacieuse, elle fonce, elle défile sa vie de baroudeuse culinaire de Marseille à Paris où elle met l’Italie à portée d’assiette, de goûts et de saveurs. Alessandra Pierini voue un amour furieusement immodéré aux produits de sa terre: parmesan, huile d’olive, citron, mozzarella, pâtes, elle déniche les meilleurs en sillonnant l’Italie dans tous les sens, elle est une authentique renifleuse de talents et d’excellence. Elle partage fièrement et généreusement ses merveilleuses découvertes. Entre deux conversations, deux escapades, deux émissions de radio, elle écrit… L’Italie ce n’est pas que des pâtes et des pizzas ! Elle est à l’origine de la sélection française du Championnat du monde de pesto de Gênes au mortier qui se déroule à Paris et fait partie du comité d’organisation du Championnat de France de panettone. Elle a accompagné François-Régis Gaudry dans la conception de son livre On va déguster l’Italie, et signé plusieurs livres et monographies aux éditions de L’Epure.
STÉPHANE SOLIER – Professeur agrégé de Lettres classiques, enseigne à Paris. Chercheur en culture et histoire de l’alimentation. Bibliophile culinaire amateur il se met volontiers à table avec les écrivains de la littérature pour découvrir leurs secrets, comme dans ses contributions à la série « On va déguster » de François-Régis Gaudry le dimanche sur France Inter.
Dix années en poste dans la diplomatie culturelle à Rome ont par ailleurs nourri sa passion pour l’italie et sa cuisine. Aujourd’hui, il est le maillon fort, le passeur culturel entre la France et l’italie, jette eun pont entre la cuisine française et la cuisine italienne, , il participe régulièrement au jury de la sélection française du Championnat du monde de pesto de Gênes et fait partie du comité d’organisation du Championnat de France de panettone.
Tous deux sont des chroniqueurs réguliers de l’émission « On va déguster » sur France Inter aux côtés de François-Régis Gaudry.
LE LIVRE – près de 800 pages & quelque 1234 grammes pour l’histoire d’un livre, d’un homme et un chapelet de chapitres de recettes : Entremets – Préparations à l’étouffée, braisées, bouillies, en sauce, en ragoût, au jus… – Service de mets froids – Légumes verts et légumes secs – Plats à base de poisson et de produits de la mer – Rôtis – Patisserie – Gâteaux et desserts à la cuillère – Sirops – fruits en conserve – Liqueurs – Glaces et sorbets – Pêle-mêle – Cuisine pour les estomacs fragiles – Déjeuners à la fourchette. Préface de l’historien réputé de la gastronomie italienne, Alberto Capatti.
LE SUJET – Histoire d’un homme et d’un livre Pellegrino Artusi. Histoire d’une rencontre de deux auteurs et d’une éditrice avec un auteur dont ils sont tombés amoureux, comme ils sont tombés amoureux de son livre né à la Belle époque, écrit avec les mots et l’ambiance, le style et les recettes d’un autre temps quelque peu poussiéreux. Mais c’était sans compter sur cette folle équipe passionnée de l’Italie et de sa cuisine, qui a soufflé sur la poussière du temps pour décrypter, dévoiler des recettes, âmes des traditions locales, de la vie paysanne et de la vie bourgeoise. Ce livre est livre d’histoire, de recettes, de voyage, de découverte, de confidences. Et de commandements !
Le livre conte la vie de Pellegrino Artusi, récit indispensable pour saisir l’identité de sa cuisine. Il était une fois un garçon né en 1820 à Forlimpopoli, petite ville de Romagne, dans une famille qui tient une épicerie- droguerie située sur la place centrale de la ville. Il ne sait pas qu’il allait devenir auteur et gastronome. Dès son enfance, il dévore des livres. Jeune adulte, il va s’investir dans l’entreprise familiale mais ne cessera jamais de lire. Il voyage, découvre d’autres traditions et cultures culinaires. Vie simple d’un jeune garçon qui cultive le goût des mots, est furieusement curieux des cultures et des gens d’ailleurs, jusqu’à ce qu’une bande de truands assassins et voleurs n’envahisse son village et mette à mal la population. La famille Artusi quitte La Romagne, s’installe à Florence et reprend le comptoir de soie d’un certain Alessandro Coen. Artusi a soif de connaissances, il va au théâtre, fréquente des salons littéraires, va au musée et lit intensément. Il découvre la cuisine… Ses affaires prospères, Il prend sa « retraite » à 50 ans, pour cultiver son amour de la gastronomie et de la littérature, la poésie et les discussions qui animent les salons et sociétés qu’il fréquente. Il développe un intérêt vif pour la nourriture et dans les lettres qu’il échange avec ses amis, ose donner quelques recettes. Ainsi nait l’ébauche de la « science en cuisine ». Il note tout, avec humour annote les recettes, il crée son écriture culinaire faite de détails pointus, de fines observations. Les pages se noircissent mêlant confessions comme un journal intime et recettes comme dans un livre de cuisine. Le livre nait peu à, peu avec des recettes que l’auteur collectionne depuis longtemps, des recettes des femmes de ses amis, des recettes de cuisinière glanées au cours de ses voyages et de ses rencontres. Un travail d’Hercule l’attend, classer, répertorier, écrire toutes ces recettes n’est guère facile. Artusi est aidé dans cette tâche par deux collaborateurs, sa gouvernante toscane Marietta Sabatini, et Francesco Ruffilson cuisinier romagnol. Ils vont participer l’écriture, à la naissance du livre, livre qui réunit l’Italie et la cuisine italienne. En 1981 est imprimé « La Science en cuisine et l’art de bien manger » mais aucun éditeur de veut prendre le risque de le publier. Artusi fait imprimer à ses frais quelque 1000 exemplaires. Les ventes sont discrètes au début mais le succès va arriver. Quinze éditions imprimées en vingt ans, dont la dernière de son vivant, en 1911, avec un tirage à cinquante-huit mille exemplaires ! En 1931, après trente-deux éditions, tout le monde désigne l’ouvrage par le nom de son auteur : l’Artusi et c’est l’un des livres les plus lus par les Italiens.
Avec ce livre Artusi avait la noble intention de réunir les Italiens à table, avec une cuisine simple, économique et à la portée de tous. Un livre de recettes de toute la Botte mais aussi un livre de conseils pour les ménagères, cuisinières qui doivent apprendre à remplir un garde-manger, assurer l’hygiène , cuisiner mais aussi gérer avec bon sens. Et pouvoir aborder et servir une cuisine régionale qui respecte et sauvegarde traditions et produits divers qui définissent la cuisine nationale, mélange d’identités culinaires diverses, d’expériences étrangères qui influencent, comme une cuisine juive italienne, une cuisine toscane ou corse, française, allemande , portugaise.
LES RECETTES – 790 – recueillies, collectionnées par Artusi lors de ses nombreux voyages ou reçues par la Poste de ses correspondants de toute l’Italie : la plupart d’entre elles sont augmentées de conseils et commentaires, après avoir été testées par l’auteur et ses cuisiniers. Artusi a réuni toutes ces recettes des différentes régions italiennes dans un seul volume, et ainsi a jeté les bases d’une cuisine nationale, dans une Italie fraîchement réunifiée.
“Libre à vous alors de vous y frotter ou d’envoyer à tous les diables la recette et celui qui l’a écrite !” PellegrinoArtusi,extraitdelarecetten ̊510
Soupes, potages, riz, pâtes : « Cappelletti à la mode Romagne », « Potage du paradis », « Riz aux courgettes, « Ravioli » – Hors d’oeuvre : « Tartines aux truffes », « Omelette aux épinards » – Sauces : « Sauce aux câpres et aux anchois », « Sauce du pape » – Oeufs : « Oeufs brouillés », « Omelettes variées » – Pâtes et pâtes à frire : « Pâte folle » – Fritures : « Beignets de picota », « Bouchées à la romaine », « Saltimbocca alla Romana » – Entremets : « Gnocchi de semoule », « Gâteau de farine de châtaigne »- Préparations à l’étouffée, braisées, bouillies, en sauce, en ragoût, au jus… : « Daube de veau », « Paupiettes de veau », « Quenelles », « Tripes à la corse » – Légumes verts et légumes secs : « Haricots verts et courgettes sautés », « Champignons grillés », « Tomates farcies » – Plats à base de poisson et de produits de la mer : « Poisson à l’escabèche », « Escalopes de langouste », « Sardines farcies » – Patisserie : « Strudel », « Savarin », « Biscuits moelleux aux amandes de Sienne » – Gâteaux et desserts à la cuillère : « Gâteau de riz », « Gâteau de semoule », « Gâteau au chocolat » – Sirops : « Griotte » – Liqueurs : « Liqueur d’orange » –
L’AVIS DE LA POULE SUR UN MUR – 200 ans et pas une ride. Le livre à dévorer parle d’un commerçant gourmet amoureux de la littérature qui s’est pris et épris de la cuisine, rêve de la réunification de l’Italie et des cuisines des différents provinces. « Sa mission a été d’unifier l’Italie à travers la cuisine mais aussi à travers une langue qui soit un italien parfait et non plus des dialectes ». Mission réussie. Livre indispensable. Pour s’inspirer comme un certain Escoffier qui a lu le livre et y a trouvé des recettes qui s’infiltreront dans sa cuisine. Bible essentielle, référence pour celles et ceux qui animent la scène culinaire dans leur cuisine familiale ou celle de leur restaurant. Une bible qui réunit confidences et recettes, annotations et carnet pratiques, lettres manuscrites échangées par Artusi avec ses correspondants, un index de produits et de recettes. Avec humour.
ARTUSI, LA SCIENCE EN CUISINE ET L’ART DE BIEN MANGER – ALESSANDRA PIERINI ET STÉPHANE SOLIER – ÉDITIONS DE L’ÉPURE – 32€