Paris – la réalité pas aussi belle que le rêve que l’ont peut s’en faire
Paris jugé par les touristes internationaux, ce classement a été rédigé par le site TripAdvisor, le quotidien 20Minutes a analysé les pourquoi de ce mauvais classement.
- Selon une analyse effectuée par un site Internet britannique, Paris se classe dans le top 10 des villes touristiques les plus décevantes du monde, au regard des commentaires émis sur le site TripAdvisor.
- Selon les touristes interrogés par 20 Minutes, il existe en effet une vraie différence entre l’image qu’ils en avaient avant d’y venir, alimentée par les œuvres comme Emily in Paris ou Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, et la réalité.
- Outre la taille et la densité de la ville, c’est la surfréquentation des lieux touristiques qui marque le plus les touristes.
Paris occupe années après années le haut du tableau des villes les plus visitées du monde. Une donnée confirmée par les récents chiffres fournis par l’Office du tourisme de Paris qui attend 37 millions de visiteurs en 2023, soit l’équivalent du volume d’avant Covid-19 (38,5 millions en 2019).
La tour Eiffel, le Louvre, les Champs-Elysées… La ville ne manque pas d’atouts et, pour les voyageurs du monde entier, elle reste une destination de rêve. Mais pas que… Une analyse réalisée par King Casino Bonus, qui a scruté les avis déposés sur le site TripAdvisor pour classer les villes les plus décevantes du monde pour les touristes, situe Paris à la neuvième place (13,8 %) derrière Londres 8e (13,8 % également) et devant Tokyo (13,6 %). Une place dans un top 10 dominé par Bangkok (16,6 %), qui doit un peu énerver les professionnels du tourisme.
Une image déformée à l’étranger – « De nombreux voyageurs n’ont pas apprécié leur visite de Montmartre. Dans leurs avis, les touristes ont indiqué s’être sentis en danger, brusqués et harcelés. La tour Eiffel, bien que rencontrant les mêmes problèmes que Montmartre, ne se classe toutefois qu’au 6e rang des attractions les plus surcotées », commente l’analyse.
« Le trajet pour venir à l’aéroport fait un peu peur », explique Luiza, une Colombienne de 22 ans venue faire un petit tour d’Europe avec une amie. Le trajet en RER B et l’arrivée à Gare-du-Nord les ont fortement marqués : « Tout est tagué, ça sent mauvais, ce n’est pas du tout romantique. » Un choc confirmé en se baladant à Pigalle : « Heureusement, quand on monte la butte Montmartre, c’est plus calme et beaucoup plus joli. »
Cette surfréquentation, Glenn et Mary, deux Australiens qui sortent du musée du Louvre en témoignent : « Il faut faire la queue pour voir la Joconde ! En plus, ça presse derrière, on ne peut pas en profiter, l’admirer, alors que d’autres restent des heures devant à se prendre en selfie sans même la regarder. »
Une véritable ville à dimension internationale – « Quand on le voit à la télé ou dans les guides, ce quartier ressemble à “Amélie” [Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, N.D.L.R.], raconte Matthew, un Canadien venu pour quelques jours avec sa femme et ses deux filles, or cela s’approche plus d’un parc d’attractions ». Comme lui, plusieurs touristes témoignent de leur étonnement face aux très nombreux commerces « attrape-touristes » et aux sollicitations (goodies, cigarettes, etc.). Un vécu assez éloigné du village bucolique auxquels ils s’attendaient. « Même la place du Tertre, c’est extrêmement mignon, un véritable décor de film, admet-il, mais on pensait voir quelques peintres et c’est un véritable supermarché du dessin avec des centaines de personnes qui jouent des coudes. »
Et aux « locaux » se mêlent d’autres millions de touristes qui ajoutent à la densité de la ville, pas toujours adaptée à un tel flux : « On ne peut pas agrandir le Louvre ou la tour Eiffel parce qu’il y a trop de monde, c’est la rançon de la gloire… »
« Les touristes ont de nombreuses raisons d’être déçus à Paris », explique Alban, guide touristique depuis douze ans. La première, souvent la cause du fameux « Syndrome de Paris » est l’image de la capitale véhiculée à l’étranger : « La ville est toujours présentée comme un petit village, où on prend le temps de vivre. Les visiteurs ne réalisent pas, alors qu’il s’agit d’une ville internationale où vivent et travaillent des millions de gens. »
Cette sensation d’oppression revient souvent dans les propos des touristes que nous avons interrogés. « Même dans les restaurants ou les cafés, les serveurs sont toujours très pressés, il faut choisir et commander vite, c’est toujours la course, comme dans les transports », se désole Anya, étudiante allemande qui vient de finir un échange scolaire de six mois à Grenoble.
« Il suffit de s’arrêter et d’admirer » – Une réalité dont s’accommodent tout de même beaucoup de touristes interrogés par 20 Minutes. « C’est vrai que ce n’est pas Emily in Paris, s’amuse Ezequiel venu de Washington, je m’attendais à voir tous les Français boire du chardonnay en terrasse, et, en fait, ils courent partout. Mais c’est normal, ils ne vont pas s’arrêter pour nous. »
Loin d’être déçu, ce jeune Américain trouve un charme fou à la Ville lumière : « Je suis allé à Venise, c’est un vrai musée à ciel ouvert. Que des touristes. Ici, ça vit, c’est plus sympa. » Surtout, il arrive à profiter des charmes de la ville : « Il suffit de s’arrêter et d’admirer. Je ne sais pas si les Parisiens réalisent à quel point chaque quartier de la ville est magnifique. Il y a de belles choses à voir partout. »
Sortir des sentiers battus – Jean-Marc et Sylvie ne peuvent qu’abonder. Venus à la capitale pour la première fois de leur vie en touristes, ils ont vite compris que, pour profiter, il fallait sortir des sentiers battus : « On a fait tous les lieux touristiques, mais à côté de ça, on en sort vite pour aller dans des endroits très sympas qui respirent un peu plus. Là, on revient de la Butte aux Cailles, il y a plein de petits restaurants sympas et c’est nettement plus apaisé. »
Reste quand même le cas des travaux dans Paris. Voies en réfection, monuments en rafraîchissement, le nombre de chantiers étonne les visiteurs. « C’est pour les Jeux olympiques ? On dirait que vous refaites toute la ville », s’étonne Sofia, une Argentine de 24 ans obligée de ruser pour alimenter son compte Instagram : « Je coupe, je mets ma tête devant, je me débrouille… Je ne viens pas de si loin pour ne pas avoir mes photos de Paris. »
Conscient des réactions contrastées des touristes dans la capitale, Alban tient tout de même à positiver : « Oui, il y a des déçus. Mais ce sont toujours eux qui s’expriment le plus fort. Je vous garantis que les touristes que je vois tous les jours sont émerveillés devant les beautés de la ville et la grande majorité en garde un excellent souvenir. On n’oublie trop souvent à quel point Paris est belle. »