Cristeta Comerford : Trente ans dans les cuisines de la Maison-Blanche, entre défis et réussite

24 octobre 2024  0  Destin de femme MADE BY F&S
 

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Dans l’histoire de la Maison-Blanche, rares sont les figures qui ont marqué leur époque comme l’a fait Cristeta Comerford. En 2005, elle est devenue la première femme à occuper le prestigieux poste de chef exécutif de la résidence présidentielle et la première personne d’origine philippine à se distinguer dans cette fonction. Pendant près de trois décennies, elle a orchestré les repas des plus puissants de ce monde, de George W. Bush à Joe Biden, avec une maîtrise et une précision sans égale. Aujourd’hui retirée de ses fonctions, Comerford se remémore son parcours, non sans fierté, et partage avec nous les moments marquants d’une carrière hors du commun.

Une enfance à Manille, entre traditions familiales et passion naissante

Cristeta Comerford attribue à ses parents l’éveil de sa passion pour la cuisine. Née à Manille, elle raconte : « Mon père venait de Batangas, où ce sont les hommes qui cuisinent, tandis que ma mère, originaire de Bulacan, appartenait à une communauté où la cuisine était une affaire de femmes. De ce mélange de traditions, j’ai hérité le goût de la cuisine. »

Cette culture familiale l’a profondément marquée et influencée dans son cheminement. Très tôt, elle a compris que sa vocation se trouvait derrière les fourneaux. Sa passion l’a menée à Chicago dans les années 1980, où elle a commencé à travailler dans les hôtels, avant de se frayer un chemin vers la capitale américaine.

De Chicago à la Maison-Blanche : un parcours exemplaire

Si la Maison-Blanche a représenté un sommet pour Cristeta Comerford, son arrivée à Washington D.C. ne fut pas le fruit d’un plan prédéfini. « Une amie de ma mère travaillait dans un hôtel à Chicago et m’a recommandé. Là, j’ai eu mon premier contact avec le milieu professionnel en tant que chef. Mais je ne savais pas que cette rencontre allait m’ouvrir les portes de la Maison-Blanche. »

Elle intègre finalement les cuisines de la résidence présidentielle en 1995, sous l’administration Clinton, comme sous-chef. Dix ans plus tard, alors qu’elle n’était encore que sous-chef, un événement va bouleverser sa carrière : la préparation d’un dîner d’État en l’honneur du Premier ministre indien Manmohan Singh. À l’époque, le chef exécutif de la Maison-Blanche, Walter Scheib, avait quitté ses fonctions, et Comerford s’est retrouvée, à son insu, observée de près par Laura Bush. C’est ainsi qu’elle s’est imposée comme une évidence pour succéder à Scheib.

Le défi d’une cuisine sous pression permanente

Cristeta Comerford compare souvent la gestion des cuisines de la Maison-Blanche à celle d’une équipe sportive : « Comme un entraîneur, je devais comprendre les forces et faiblesses de chacun, tout en veillant à ce que tout soit parfaitement synchronisé. Chaque repas, et en particulier les dîners d’État, est une opportunité unique. Il n’y a pas de deuxième chance, tout doit être parfait du premier coup. »

La pression est omniprésente, et pourtant, elle évoque une « chaos organisé » : « À l’intérieur, nous avons tous des papillons dans le ventre, mais à l’extérieur, tout semble parfaitement calme et contrôlé. »

La place des femmes dans la gastronomie : un combat toujours d’actualité

Dans le monde de la haute gastronomie, la place des femmes reste marginale. En 2023, seulement 6 % des restaurants étoilés Michelin étaient dirigés par des femmes. Ce chiffre reflète un déséquilibre persistant dans un secteur dominé par les hommes. Pour la cheffe, le conseil aux jeunes femmes qui aspirent à des postes de direction est simple : « Suivez votre passion. Si Dieu vous a donné cette vocation, il vous donnera également les moyens de l’accomplir. Il est crucial de travailler intelligemment. Vous n’avez pas besoin d’employer la force brute, il suffit d’utiliser votre cerveau. »

Des anecdotes mémorables d’une carrière unique

Lorsqu’on lui demande si tout s’est toujours déroulé comme prévu, Cristeta Comerford partage avec humour une mésaventure survenue lors du sommet du G20, tenu au National Building Museum à Washington. La cuisine, qui lui avait été présentée comme « splendide », s’est révélée être une simple pièce avec un évier et un micro-ondes. « Heureusement, nous avions planifié avec précision, et grâce aux nouvelles technologies comme l’immersion circulaire, nous avons pu maintenir la qualité des plats. »

Elle se souvient également d’un dessert, une sphère chocolatée représentant le G20, qui a commencé à fondre sous l’effet de l’humidité. Malgré tout, grâce à la préparation minutieuse de l’équipe de pâtisserie, le dîner s’est déroulé sans accroc, laissant une fois de plus la magie opérer.

Un héritage à la Maison-Blanche

Aujourd’hui, alors que Cristeta Comerford a pris sa retraite, son nom reste gravé dans l’histoire culinaire de la Maison-Blanche. Ses années de service ne sont pas seulement synonymes d’excellence gastronomique, mais également de la démonstration que, même dans les environnements les plus masculins, les femmes peuvent non seulement réussir, mais aussi exceller et inspirer les générations futures.

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