Pourtant, le chef ne revendiquera pas la paternité de ce plat. « Je ne l’ai pas véritablement créée. Qui peut dire qu’il a créé quelque chose en cuisine ? » Paul Bocuse a été inspiré par deux recettes. La première est signée Paul Haeberlin,qui avait créé ce plat à l’occasion d’une partie de chasse sur ses terres alsaciennes : dans une petite cocotte blanche une truffe, le tout recouvert de pâte brisée. La deuxième appartient à la cuisine de terroir des paysans ardéchois, de ceux qui ramassent des truffes, et les coupent en fines tranches pour enrichir la soupe de légumes… Ainsi est née la « Soupe aux truffes VGE ».
Le président VGE avait d’ailleurs plus tard préfacé le livre du chef « Le feu sacré’ et rendait hommage à » Un homme de tradition et d’invention ».
Valery Giscard d’Estaing & « La Soupe aux truffes VGE » créée par Paul Bocuse
Valéry Giscard d’Estaing, chef de l’Etat de 1974 à 1981 vient de disparaitre. Il restera dans la mémoire des Français par des lois qui ont fait avancer la condition de la femme, la mise en place du Tgv, et autres mesure de progrès et de modernité. Il a marqué aussi le monde la gastronomie avec la fameuse « Soupe aux truffes VGE » passée à la postérité.
Rappelez-nous, nous sommes en 1975, un couple présidentiel est à l’Elysée. Les cuisines sont entre les mains du chef Bernard Vaussion qui a raconté par le menu le secrets et petites histoires des cuisines présidentielles et des chefs d’Etat. Le jeune Valery Giscard d’Estaing va tout de suite s’intéresser au quotidien des cuisines, aux menus d’Etat de gala et de parade, la première dame n’étant pas très attirée par les recettes de cuisine. Le président lui a à coeur de mettre en majesté les produits du terroir. Il est très strict sur les la réalisation des plats servis, et ne supporte pas d’écart quant à sa définition d’une recette comme celle des profiteroles dont « la pâte doit être molle et non croustillante ». Il est pointilleux et ne tolère aucune erreur et les cuisines peuvent vibrer de ses colères quant un plat servi n’a pas été à la hauteur de ce qu’il attendait. Il vérifie tout, de la mise de table à la vaisselle, de la cave aux menus. Il a des exigences pointues, à la hauteur du rayonnement de la France. Il demande à alléger les plats et fait entrer au Palais la nouvelle cuisine et ses grands cuisiniers.
C’est ainsi que le mythique Paul Bocuse s’est retrouvé en charge de l’élaboration du menu d’un dîner exceptionnel qui va devenir légende : le diner pour la remise des insignes de la Légion d’honneur à… Paul Bocuse lui-même. Lais tout était parti d’un canular fait par ses amis au chef Paul Bocuse qui avait reçu un courrier farceur à l’en-tête de l’Élysée, lui annonçant que le président allait lui remettre la Légion d’honneur… Valéry Giscard d’Estaing, informé, lui remit la décoration d’abord à Collonges. Puis le 25 février exactement. Un déjeuner est prévu au Palais de l’Elysée préparé par Paul Bocuse, accompagné de quelques chefs de cette nouvelle cuisine appréciée par le Président, avec la brigade des cuisines présidentielles. Paul Bocuse, « ambassadeur de la cuisine française », prépare pour la réception au palais présidentiel ce plat devenu mythique, la « soupe VGE » : une petite soupière remplie d’une soupe de petits légumes en brunoise, de viande rouge et blanche, d’une abondante râpée de truffe et coiffée d’un feuilletage. Paul Bocuse s’est inspiré de deux recettes pour créer cette soupe qui va marquer l’un des repas les plus mémorables de la table présidentielle et de l’histoire de la gastronomie française. Quand la petite soupière est présentée au président, celui-ci regarde ce drôle de plat et demande tout simplement « Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait? » Paul Bocuse avec humour répond: « On casse la croûte! » Le plat est entré dans l’histoire