Et si vous partiez en vacances en Bretagne sur les conseils du chef Patrick Jeffroy ?
Patrick Jeffroy prendrait-il des vacances ? … sûrement pas, il ne lâche pas ses cuisines, par contre il vous livre ses bonnes adresses et ses coups de coeurs dans un région qu’il connait mieux que personne…
Depuis Carantec et son restaurant doublement étoilé, il vous dresse un petit parcours culturel, gastronomique et gourmand … suivez le chef le plus emblématique de Bretagne !
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Le chef deux étoiles de l’Hôtel de Carantec (29), Patrick Jeffroy, nous évoque ses parties de pêche, l’artichaut, les Vieilles Charrues, Maria Lambour…
Une commune bretonne ?
Carhaix (29). Apprenti en 1969 à Port de Carhaix, je n’imaginais pas qu’un jour, ce Centre-Finistère serait mondialement connu. C’est une entreprise extraordinaire que ce festival des Vieilles Charrues. J’ai une pensée affective pour Jean Philippe Quignon (l’ancien président des Vieilles Charrues décédé en 2012). Et maintenant, j’attends les papis Rolling Stones.
Un lieu en particulier ?
La baie de Morlaix (29), c’est une histoire d’amour : d’abord, de mon enfance, avec mes parents sur les plages de Primel-Trégastel, la découverte, à 5 ans, des viviers du Diben avec Monsieur Oulhen (une caverne d’Alibaba de trésors de mer). C’était écrit : le monde de la nourriture me captivait !
Une Bretonne ?
La Bigoudène Maria Lambour et ses copines. Quand j’habitais le centre-ville de Morlaix, Maria Lambour était souvent à côté du kiosque à journaux et elle brodait sans cesse des petits napperons de forme et aux dessins qui me fascinaient.
Un Breton ?
Yann Kersalé. Je suis admiratif du travail de cet artiste. C’est un « illuminé » dans le bon sens, c’est une lumière. Il transforme la lumière en un monde vivant.
Un livre ?
« Le Dictionnaire amoureux de la Bretagne », de Yann Queffélec. Tout est dans ce livre. Il suffit de le lire. Après, on mange une cotriade, un lieu jaune aux pommes de terre nouvelles au lait Ribot et une crêpe aux fraises de Plougastel (29).
Un loisir ?
La pêche à pied. La magie de notre mer qui se retire et qui nous offre sa richesse. L’odeur captivante et différente de ses algues et petites mares plus ou moins chauffées par le soleil. La musique douce des animaux cachés dans les innombrables interstices des cailloux. Combien de fois je me suis accroupi pour écouter cette partition ? Et puis, la récompense arrive par deux ou trois ormeaux, quelques étrilles, une coquille Saint-Jacques… et quelques doigts écorchés.
Un produit ?
L’artichaut. Pour moi, c’est l’un des emblèmes de notre Finistère. À l’école, j’étais très fier de constater que sur les colonnes grecques et romaines, les feuilles sculptées ressemblaient fortement aux feuilles d’artichaut. Enfant, encore, pour aller à l’école, je passais, au printemps, devant un champ d’artichauts et, avec les copains, nous nous régalions de bébés artichauts crus. Il fallait voir nos bouches et dents de lait, en rentrant à la maison, noircies par l’oxydation du légume cru. J’adore travailler ce légume qui est une sculpture végétale qui termine sa vie en superbe fleur mauve.
Un restaurant ?
Les Glazicks à Plomodiern (29). Son chef, Olivier Bellin, est comme la mer qui l’effleure. À fleur de peau, ou de genêt, de landes ou de sarrasin. Un cuisinier breton avec dans ses bagages la culture et le savoir de la cuisine réfléchie.
Une odeur ?
Toutes les odeurs m’intéressent même celle du tas de fumier d’antan à base de paille souillée à l’étable. C’est l’odeur première quand j’allais chercher le lait à la ferme, ensuite, c’était l’odeur un peu rance du petit local ou était entreposé le lait frais, l’écrémeuse, le petit-lait.
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