Le Poulpe – devenu à la mode, l’aquaculture s’essaye à l’élevage expérimental, ce qui risque de poser un problème écologique
Il y a encore 10 ans le poulpe cet invertébré marin avait mauvaise réputation, difficile à cuire, difficile à nettoyer, caoutchouteux, aspect ragoûtant, enfin il faisait partie des rebuts de la pêche, et se vendait pas cher. Mais c’était sans compter sur l’effet mode venu d’Espagne, le poulpe caramélisé à la plancha est aujourd’hui un incontournable sur beaucoup de cartes de restaurant, les prix flambent, le produit pourrait se faire rare, alors l’aquaculture s’y intéresse.
Des scientifiques tirent la sonnette d’alarme contre l’élevage de poulpes. L’élevage de poulpes encore au niveau expérimental, se développe de plus en plus au niveau mondial. Mais selon certains scientifiques, le passage à la phase industrielle serait catastrophique pour les océans.
L’élevage des poulpes en aquaculture s’est développé suite à la hausse de la demande. Or cette activité a des conséquences néfastes à la fois pour l’environnement et pour l’espèce. L’élevage expérimental de poulpes, en forte croissance, met l’espèce en danger
La consommation de poulpes a augmenté ces dernières années. Pour répondre à une demande en hausse, l’élevage expérimental s’intensifie, notamment en Espagne, en Chine et au Japon. Mais cette activité en plein essor a des conséquences terribles. Au total, aujourd’hui, 550 espèces marines sont élevées en aquaculture dans près de 190 pays.
Des scientifiques tirent la sonnette d’alarme dans une tribune publiée dans la revue Issues in Science and Technology(1). L’une d’eux, Jennifer Jacquet, chercheuse à l’université de New York, explique : « Nous vivons une période de domestication rapide des espèces aquatiques. Les universités et les entreprises investissent énormément de temps et d’argent dans l’élevage du poulpe, ce qui constitue à notre avis une grave erreur ».
Les poulpes, voraces, consomment trois fois leur poids en nourriture par jour
En effet, ces animaux, au cerveau développé et aux capacités hors normes, n’apprécient que peu la promiscuité et supportent très mal la vie en captivité. En 2012, la déclaration de Cambridge n’avait-elle pas permis de déclarer que le poulpe est le seul invertébré doté d’une « proto-conscience » ? Quid alors, de l’éthique ?
En outre, l’élevage de ces animaux carnivores particulièrement voraces pose un autre problème.Les poulpes consomment quotidiennement l’équivalent de trois fois leur poids en nourriture. Et donc, comme le détaillent les chercheurs dans leur texte : « Environ un tiers des prises mondiales de poissons est transformé en aliments pour d’autres animaux, dont environ la moitié est destinée à l’aquaculture. L’élevage de poulpes à échelle industrielle aggraverait considérablement ce problème ».
L’enfermement les rend agressifs – Au fil du temps, de nombreuses études scientifiques ont démontré que leurs conditions de vie, notamment l’enfermement de ces animaux intelligents, non stimulés, les rendait agressifs. Ils souffrent davantage de problèmes parasitaires et leur taux de mortalité en captivé est donc aussi beaucoup plus important.
Enfin, il est également important de rappeler que cette aquaculture a également des conséquences néfastes sur l’environnement. En effet, les scientifiques ne cessent de mettre à l’index les rejets d’azote et de phosphore massifs qui contribuent à l’appauvrissement des océans en oxygène.