Catherine Barrier installe son agence de conseil et communication dans le restaurant de son père à Tours
Discrète mais redoutable et efficace, telle est Catherine Barrier l’attachée de presse et de communication qui dans l’ombre conseille, coache de nombreux chefs, des clients dans les domaines de la gastronomie et de l’art de vivre. Avec bienveillance, attention extrême, avec cet esprit de générosité, de savoir-faire, de recherche de l’excellence, qu’elle a hérité de son papa Charles Barrier. Elle est un référence dans le métier, bénéficiant d’une connaissance pointue du monde de la gastronomie et de ses acteurs, chefs, pâtissiers, boulangers, producteurs…
Elle n’aurait pu être que fille de… fille d’un grand chef, Charles Barrier. Elle a grandi à Tours auprès de parents attentifs et aimants et a connu, partagé l’ascension de ce chef triplement étoilé disparu en 2009. Aux côtés d’une maman Nicole – qui dans l’ombre, en coulisses, épaulait, soutenait, partageait les soucis et les joies d’une femme de chef lancé dans la course aux étoiles – et d’un papa, enfant de Touraine dans l’âme et dans le coeur. Certes Catherine n’a pas connu les débuts, les apprentissages du jeune Charles né Touraine en 1916, apprenti pâtissier à Langeais dès ses 12 ans, fondateur de son restaurant à Tours en 1944, Charles Barrier aimait profondément sa région dont il travaillait les viandes, les poissons de Loire, les fruits, les légumes… Dans ses veines coulait la Loire, majestueuse et imprévisible, fière et audacieuse, sa cuisine rimait avec la Loire, avec sa terre nourricière dans laquelle il puisait son inspiration, sa force. Il faisait son propre pain, fumait son saumon, créait son chocolat. Un circuit ultra-court avant l’heure. « Charles Barrier était un véritable ambassadeur du Val-de-Loire. Originaire de Cinq-Mars-la-Pile, il était issu d’une famille pauvre et paysanne, attachée à la terre. Pour lui, la cuisine venait forcément de cette terre nourricière, colonne vertébrale de sa vision de la gastronomie », explique Catherine Barrier. S’installer à Paris ? « Pourquoi y aller ? Ici, j’ai mon cœur, je connais les routes, les arbres que j’ai plantés. Avoir deux restaurants, c’est avoir le double d’emm… Avoir plus d’argent ? Plus de nénettes, de godasses neuves, d’impôts ?… », avait répondu Charles Barrier, avec son franc parler habituel, au journaliste François Simon, dans les colonnes du Figaro en mai 2006.
Dans son restaurant au 101 avenue de la Tranchée, à Tours, il a vécu toutes les émotions, a reçu tous les gourmands de tous et d’ailleurs qui venaient découvrir déguster la cuisine d’un chef qui mettait en majesté la Loire dans l’assiette, déroulait une cuisine made in Loire.
Meilleur Ouvrier de France, Charles Barrier a décroché une première étoile Michelin en 1955, une deuxième en 1960, et le troisième macaron, en 1968. Une reconnaissance que Charles Barrier partageait avec sa complice de vie et de travail, son épouse, Nicole Barrier. En 1996, le chef précurseur de la Nouvelle Cuisine, au même titre que Paul Bocuse ou Michel Guérard, raccrochait toque et tablier tout en restant propriétaire des murs du restaurant. Le restaurant a eu d’autres vies, a connu d’autres cuisines, jusqu’au printemps 2023, « date du dépôt de bilan de notre dernier locataire, présent depuis 1996, notre famille a dû repenser la destination du lieu », explique Catherine Barrier. Avec sa mère Nicole, elles décident de réinvestir cet espace autrement avec la volonté de mettre en avant les archives liées au parcours de Charles Barrier.
Catherine Barrier aujourd’hui continue, marche dans la voie de son père en investissant le lieu, en donnant au restaurant une autre vie, une autre dimension, une nouvelle définition dans le souci de transmission. Plus qu’une renaissance, c’est la continuité d’un travail initié il y a quelques décennies par un homme discret, un chef talentueux qui a laissé en héritage à sa femme et à sa fille, le goût du beau et du bon travail. Catherine en accord avec Nicole, déménage les locaux de son agence de conseil et de communication dédiée à la gastronomie, créée en et s’installe avec joie dans les 300m2 du restaurant familial.
Au delà d’une agence de presse et de com, c’est un espace hybride pour faire revivre le savoir-faire et les archives de son père. Archiviste de formation, Catherine a su avec amour et respect récolter, trier, classer notes, textes, recettes, menus, livres, photos, films… tous les souvenirs de Charles Barrier et peut ainsi partager l’histoire de sa famille. C’est tout un patrimoine culinaire, culturel, identitaire que la famille Barrier partage. Le public va découvrir, redécouvrir, le parcours de ce chef hors du commun véritable artiste qui ne jouait pas seulement du piano en cuisine mais sculptait… des compositions de glace destinées au service en salle. Les 300 m2 de l’ancien restaurant de Charles Barrier, héberge désormais l’équipe de l’agence de conseil et communication fondée par Catherine en 2016. Une agence indépendante, éthique spécialisée sur les métiers de la gastronomie, les chefs attachés à leurs terre et territoire et les institutions impliquées dans la valorisation d’un patrimoine culinaire. Catherine a installé ses bureaux et apposé sur la façade son logo, le phénix, symbolise la renaissance…
Ainsi se partage et se transmet, se découvre un trésor culturel, culinaire et artistique, avec ces archives qui content et racontent le parcours d’un chef de Touraine, d’un jeune paysan sans le sou qui a conquis la France et le monde avec sa cuisine sincère, qui a voyagé avec lui de la Touraine au Japon, a conquis Paris, Monaco… Charles Barrier tout comme Christophe Hay, était un ambassadeur de la Touraine et de la Loire.
Catherine Barrier, jamais à court d’idées, invite aujourd’hui, sous les lustres de cristal, chefs français et internationaux, jeunes pousses et talents confirmés à faire vivre le patrimoine culinaire de Charles Barrier en s’emparant de ses recettes emblématiques. À l’instar de la fricassée de poulet au vinaigre de framboises, « une recette simple, populaire que j’aimerais proposer et servir au plus grand nombre », détaille Catherine Barrier. Elle invite les Tourangeaux à partager, raconter leurs souvenirs de déjeuners, de dîners, témoigner devant une caméra. Ces courts métrages seront mis sur le web et traceront l’histoire d’un chef, d’un restaurant, d’une famille, d’une ville.