Consommation d’alcool – l’étude qui dérange – depuis 15 ans tout et son contraire est affirmé
C’était la grande question de la journée d’hier, radio et presse se sont engouffrés sur le sujet, la consommation même avec modération d’alcool a t’elle ( ou non ) un effet négatif sur la santé de chacun d’entre nous ? – Un pavé dans la marre de beaucoup d’études qui depuis 15 ans expliquaient le contraire. Toutes ces études qui émettent des avis, avec tout et son contraire finissent par polluer l’esprit des gens, qui finalement ne les suivent plus, et s’en remettent à la notion de » plaisir » trop souvent occulté par toutes ses analyses.
L’alcool associé à 2,8 millions de morts par an dans le monde
L’analyse de centaines d’études confirme qu’il n’y a pas de consommation sans risque et que l’alcool est la première cause de décès des 15 à 49 ans.
Les risques pour la santé liés à l’alcool sont modérés pour des consommations représentant l’équivalent de 20 à 30 centilitres de vin ou une canette de 37,5 cl de bière par jour, mais s’accroissent de manière importante pour des niveaux plus élevés.
Cette notion reçoit une confirmation de poids avec la parution, vendredi 24 août, dans The Lancet, d’un article émanant du réseau collaboratif international sur la charge mondiale des maladies, Global Burden of Disease. Cette vaste analyse de plusieurs centaines d’études montre que l’alcool est associé à 2,8 millions de morts chaque année dans le monde – un chiffre probablement en dessous de la réalité, estiment les auteurs eux-mêmes.
Les auteurs ont analysé près de 700 études dans le monde sur la fréquence de l’usage d’alcool entre 1990 et 2016. Il en ressort qu’une personne sur trois (32,5 %) dans le monde boit de l’alcool, soit 2,4 milliards d’individus (un quart des femmes et 39 % des hommes). En moyenne, les femmes consomment chaque jour 0,73 boisson alcoolisée et les hommes 1,7 boisson.
La palme du nombre de buveurs revient aux Danois (95,3 % des femmes et 97,1 % des hommes), la France se classant au sixième rang pour les hommes (avec un taux de 93,1 %) et au huitième pour les femmes (86,9 %). « Le taux de consommateurs est le plus élevé dans les pays occidentaux et particulièrement en Europe, le principal marché pour les alcooliers », remarque le professeur Michel Reynaud, président du Fonds Actions Addictions.
Si, pour l’ensemble de la population mondiale, l’alcool représentait en 2016 le septième facteur de risque de décès prématuré et d’invalidité, il occupe la première position pour les 15 à 49 ans. Chez ces derniers, il est principalement associé à la tuberculose, aux accidents de la route et à l’automutilation, et 3,8 % des décès féminins et 12,2 % des décès masculins lui sont attribuables.
Chez les 50 ans et plus, l’alcool est surtout lié aux cancers. Il est impliqué dans 27,1 % des décès féminins et 18,9 % des décès masculins. Pour cette population, dans les pays à revenu élevé, les cancers sont la pathologie la plus associée à l’alcool, tandis que dans ceux à revenu faible, cette place est occupée par la tuberculose, devant les cirrhoses et autres maladies hépatiques chroniques. Dans les pays à revenu intermédiaire, la maladie la plus fréquemment liée à l’usage d’alcool est l’accident vasculaire cérébral (AVC).
Bien que les auteurs aient « retrouvé quelques effets protecteurs vis-à-vis de l’infarctus du myocarde et le diabète chez les femmes, ces effets sont contrebalancés lorsque l’on prend en compte les risques globaux pour la santé ». Un constat qui bat en brèche l’argument des bénéfices d’une consommation modérée d’alcool. « Les courbes présentées dans l’étude montrent qu’avec six verres d’alcool par jour, le risque relatif pour l’ensemble des problèmes de santé s’accroît de 50 % et qu’il double avec neuf verres, souligne Michel Reynaud. Les alcooliers font leurs bénéfices avec les gros buveurs. En France, 50 % de l’alcool vendu est consommé par 8 % des Français. »
La consommation d’alcool est, pour l’instant, plus faible dans les pays moins développés, remarquent les auteurs, pour qui il importe dès à présent d’y prendre des mesures concrètes pour « prévenir l’augmentation potentielle de la consommation d’alcool dans le futur ». M. Reynaud rappelle la stratégie suivie par l’industrie du tabac, qui a déplacé vers les pays en développement ses nouveaux marchés.