Hommage de L’Élysée au Chef Joël Robuchon » Avec les décès de Paul Bocuse et de Joël Robuchon, la gastronomie française est douloureusement endeuillée cette année «
Joël Robuchon s’est éteint aujourd’hui, mais ses 32 étoiles au Michelin brillent de tous leurs feux dans la constellation de la gastronomie mondiale. Son nom et son style incarnent la cuisine française dans le monde entier, symbolisent un art de vivre, une exigence du travail bien fait, et disent les richesses de nos traditions.
Né à Poitiers en 1945 dans une famille catholique modeste, Joël Robuchon se destinait à devenir prêtre, entrant au séminaire à 12 ans. C’est en aidant les religieuses à préparer les repas qu’il découvrit sa véritable vocation. A 15 ans, il débute alors un apprentissage de cuisinier-pâtissier auprès du chef Robert Auton.
De maisons en régions, il effectue un tour de France des restaurants et des traditions, s’initiant à bien des styles, des techniques et des manières de travailler. Auprès de Jean Delaveyne, il s’intéresse tout particulièrement à la Nouvelle cuisine dont il apprécie le sobre raffinement et la saine légèreté.
Il débute sa carrière de chef très jeune, à 28 ans, au restaurant de l’hôtel Concorde Lafayette, puis à l’hôtel Nikko. En 1981, il ouvre son premier restaurant : le Jamin, à Paris. Il y obtient une première étoile dès l’année suivante, en 1982. Une deuxième en 1983. Et une troisième, consécration absolue, en 1984.Son ascension au sommet de la de la gastronomie mondiale est fulgurante.
Le style de Joël Robuchon consistait avant tout en une attention fondamentale, quasi obsessionnelle, à la qualité des produits. Sa signature se lisait dans la simplicité revendiquée de ses plats et dans un perfectionnisme qui transformait cette simplicité en harmonie accomplie, d’une justesse et d’une précision partout admirées. Il a ainsi œuvré au développement de la Nouvelle cuisine, préférant l’éloquence gustative des plats à l’élégance et l’abondance superflues des assiettes, et a su faire rayonner cette nouvelle approche gastronomique dans le monde entier.
Successivement sacré « Meilleur ouvrier de France » en 1976, « Chef de l’année » en 1987, et « Meilleur cuisinier du siècle » en 1990, Joël Robuchon est l’un des chefs les plus étoilés par le Guide Michelin. En 1994, il ouvrait à Paris, avenue Raymond Poincaré, un restaurant qui porte son nom, « Joël Robuchon », et qui se voit rapidement proclamé « Meilleur Restaurant du Monde » par l’International Herald Tribune. A Paris ou Las Vegas, New York, Londres, Hong Kong, Bangkok ou Shanghai, les gourmets se précipitaient dans les nombreux restaurants du chef pour goûter sa fameuse purée, si onctueuse, mais aussi sa tarte aux truffes, sa crème de chou-fleur au caviar ou encore ses raviolis de langoustines.
Harassé par le quotidien de la haute gastronomie, il avait développé au début des années 2000 un nouveau type de restaurants, les Ateliers, moins formels et plus conviviaux, servant des plats moins techniques, moins sophistiqués, mais toujours aussi exigeants en termes de qualité des produits et de plaisir gustatif.
Joël Robuchon a aussi toujours eu à cœur de transmettre ses connaissances et ses savoir-faire. Auteur de plusieurs ouvrages de référence et présentateur d’émissions culinaires, il a voulu être un passeur pour éveiller les vocations d’une nouvelle génération de chefs et donner au plus grand nombre le goût de nos terroirs et de nos traditions.
Avec les décès de Paul Bocuse et de Joël Robuchon, la gastronomie française est douloureusement endeuillée cette année, mais elle est forte de l’héritage vivant et vibrant de ses grands chefs, qui ont donné à l’apprentissage, à l’artisanat, et à la culture française de nouvelles lettres de noblesse.
Le président de la République adresse ses condoléances à la famille de Joël Robuchon, à ses amis, et au monde de la gastronomie française.