À la Villa Pétrusse, le chef Kim de Dood signe une cuisine luxembourgeoise enlevée

Écrin paisible au luxe bon ton, la Villa Pétrusse, boutique-hôtel fraîchement ouvert au Luxembourg, s’emploie à célébrer la cuisine locale. L’adresse, estampillée Relais & Châteaux, s’est attirée les services du chef Kim de Dood. Ce Luxembourgeois d’origine est d’ailleurs rentré d’Asie spécialement pour ce poste. Nous sommes allés découvrir sa carte.

Un projet comme celui-là, voilà qui manquait à la scène culinaire luxembourgeoise. De fait, depuis son ouverture en juin dernier, la Villa Pétrusse, élégante maison de ville à tourelles du 19e siècle, ne désemplit pas. Si l’on y croise le who’s who local, c’est bien sûr en vertu du décor, superbe ; mais aussi en raison de la cuisine des lieux. Celle-ci vient d’ailleurs d’être remarquée par le Gault & Millau Luxembourg, qui a décerné au chef exécutif des lieux, Kim de Dood, le prix Découverte de l’Année.

Pour ce natif du Duché, tout droit rentré de Singapour (où il était chef de cuisine du doublement étoilé restaurant Saint Pierre), servir dans un tel écrin la cuisine de son pays est un motif de réjouissance. Il y dispose de deux restaurants : la brasserie Ciel – vaste verrière baignée de lumière et surplombant le petit parc privé de l’hôtel-, et le gastronomique Le Lys. Ces deux tables ont en commun leur intention : la cuisine doit correspondre « à l’histoire de la villa Pétrusse », explique le chef de Dood. Comme « c’est une ancienne bâtisse luxembourgeoise, qui a été rénovée pour être, en quelque sorte, redonnée aux Luxembourgeois », et que « les propriétaires du lieu ont spécifiquement choisi un chef luxembourgeois, il était clair pour moi que j’allais faire un focus sur la cuisine et les produits du Luxembourg », précise le chef. À la carte, ce parti-pris se confirme jusque dans les appellations, en luxembourgeois justement. « C’était l’une de mes idées », confie Kim de Dood ; qui précise qu’ailleurs dans la capitale, les menus sont plutôt en français ou en anglais, ce qu’il regrette.


Car s’il s’autorise des touches asiatiques dans sa cuisine, c’est bien les plats du Duché que le chef de Dood s’attache à sublimer au Lys. Ainsi en va-t-il du plat phare des lieux : les Kniddelen (ces sortes de quenelles de farine, plat luxembourgeois par excellence), ici servis dans une version gastronomique, avec des topinambours. Automne oblige, le menu découverte du Lys s’intitule depuis peu « Den Hierscht » (automne en luxembourgeois). Outre les Kniddelen, on y retient le canard, qui fait bel effet, servi sous plusieurs versions, dont une façon tapas. Si le turbot plaît moins, le dessert à la figue, « Int », convainc ; il évite l’écueil du trop sucré, sait demeurer finement gourmand, entête l’esprit et le palais, et se présente dans une vaisselle particulièrement soignée. Le service, attentif, n’est jamais pesant – une qualité que l’on retrouve ailleurs dans l’hôtel, où l’impression est celle d’une maison de famille. Un effet voulu, d’ailleurs, par la directrice Stéphanie Raimbault : « on s’intéresse à nos convives ; on souhaite créer avec eux une complicité, tout en restant discrets » ; le but étant de les entourer de « bienveillance », pour qu’ils se sentent « comme de retour à la maison ».

Au final, on ressort du Lys charmé, tout comme de la brasserie Ciel, où la cuisine se fait cette fois roborative, chaleureuse, gourmande. Des noms de plats s’y distinguent et accrochent l’œil, comme les Gromperekichelcher (galettes de pommes de terre), qu’on retrouve en Alsace sous l’appellation Rösti. Oui, se dit-on, cela mérite de faire un beau week-end au Luxembourg, ne serait-ce que pour les paysages verdoyants du Duché, ses vallées arborées, ses petits châteaux et sa route des vins. Et pour sa cuisine, toute indiquée en hiver, et somme toute peu connue hors de ses frontières – ce dont le chef de Dood a bien conscience, qui note « qu’il n’y a pas beaucoup de plats qui sont inhérents au Luxembourg, et qu’on ne trouverait qu’ici ». Pour autant, il évoque les recoupements entre certains plats que l’Alsace, l’Allemagne et le Luxembourg ont en commun. Comme la choucroute par exemple, « qui est pour moi Luxembourgeoise », ajoute- t-il en riant. Quant à la Villa Pétrusse, l’adresse espère s’inscrire un jour dans l’histoire des étoiles Michelin ; et s’active à signer, dans l’intervalle, une expérience soignée, dans ce petit cocon propice au délassement.

Villa Pétrusse : 1, Avenue Marie-Thérèse, 2132 Luxembourg
Photos : Gaelle Le Boulicaut @gaelleleboulicaut et Anastasia Chelini (dessert « Fig »)


















