En projet : le toit-terrasse du 52 de l’avenue des Champs-Elysées, 1000 carrés et un restaurant de 450 places avec des chefs du monde entier
Laurent de Gourcuff agite les nuits parisiennes et prévoit le lancement d’un restaurant de 450 places sur le toit du 52 de l’avenue des Champs Élysées, où des chefs du monde entier cuisineront le mercredi soir … c’est sur Capital.fr que vous pourrez retrouver l’ensemble de l’article …. LINK
AccorHotels a annoncé hier être en négociation pour prendre une participation minoritaire dans le Groupe Noctis. Créé en 2008 par Laurent de Gourcuff, Noctis est un acteur majeur de la restauration et l’événementiel parisien. Découvrez comment cet entrepreneur a créé un petit empire de lieux de fêtes et de restaurants chics.
Les ténors du show biz et de la politique se retrouveront-ils bientôt dans des bars et restos AccorHotels ? Le groupe a en effet annoncé lundi être en négociation exclusive pour acquérir 100% de la participation minoritaire du FCDE (Fonds de consolidation et de développement des entreprises) au sein du groupe Noctis. Une nouvelle diversification pour le géant hôtelier et une consécration de plus pour le discret groupe Noctis. Ce groupe, créé par Laurent Gourcuff, possède des restaurants et des bars haut de gamme ainsi que de prestigieuses salles de réception en région parisienne (Monsieur Bleu, Loulou, les Pavillons des Etangs, le YOYO, le Château de Longchamp, Raspoutine, Castel…). Sans compter quelques sites huppés à Marseille, La Baule et sur l’île de Ré.
©William Beaucardet pour Capital.
Ce petit empire de 65 millions de chiffre d’affaires et 20% de marge, ce trentenaire l’a bâti brique par brique, à coups de milliers de nuits blanches. Car c’est dans le business de la nuit que ce dur en affaires a fait ses armes. À 16 ans déjà, il faisait la sortie des lycées huppés de l’Ouest parisien pour y distribuer les flyers de ses soirées. « Une salle sympa (Bobino, Wagram…), un bon DJ et l’alcool à bon prix, on s’y ruait », se souvient Olivier Salem, aujourd’hui en charge d’un des lieux phares de l’écurie Noctis : Le Yoyo, au sous-sol du palais de Tokyo.
Pour le jeune Gourcuff, c’était de l’argent de poche vite gagné. « Fatigués de me voir viré de trois écoles par an, mes parents ne finançaient plus mes vacances« , nous précisait lors d’une interview l’an dernier cet ancien cancre, qui a fini par décrocher son bac grâce aux antisèches.
C’est à 22 ans seulement qu’il a acheté sa première boîte, Les Planches. « J’y organisais déjà des fêtes, se souvient ce réfractaire à l’alcool. J’ai dit au patron : tu me la vends ou j’emmène mes 3.000 clients à la concurrence. » Et voilà comment, de 1998 à 2006, il a mis la main sur le Régine, la Galerie, le Madam…
Pour financer ces fonds de commerce, toujours la même méthode : le » prêt brasseur » avec, comme banquiers, Bacardi, Ricard ou Moët & Chandon. « Nous avançons l’investissement, garanti sur le fonds de commerce, en échange de quoi le client ne se fournit en alcool que chez nous », révèle un de ces acteurs.
Et puis, à l’aube de ses 30 ans, patatras. Connu pour éplucher chaque ligne de bilan, Laurent de Gourcuff s’est fait avoir comme un bleu. Par un copain, en plus, Alexandre Huchez, producteur de dessins animés, qui lui avait promis un coup en or sur des rachats de mangas. Fan de Goldorak, Gourcuff a dit banco, entraînant une dizaine d’amis dans l’affaire. Ils y ont perdu 3 millions d’euros. Le contrat en japonais était en réalité un copié-collé de la liste des restos nippons de Paris ! L’affaire sera jugée au printemps, mais « Laurent a remboursé chacun de nous« , précise l’un des floués. Sans hésiter pour ça à revendre toutes ses boîtes de nuit. Et même son appartement, dit-on.
PAS DÉCOURAGÉ, CE SERIAL ENTREPRENEUR EST REPARTI DE ZÉRO.
Avec une stratégie béton : reprendre des baux mal exploités et les doper avec une déco soignée, des DJ connus et des RP bien rodées pour attirer les people. Le Sanz, le Papillon…, très vite ses nouvelles adresses sont devenues des musts. « Il a professionnalisé le business de la nuit », souligne Antoine Ménard, consultant en événementiel.
Fini le cliché des parrains à gourmette, une pépée à chaque bras, brassant des liasses de cash. Ses concurrents Benjamin Patou (le Bus Palladium, le Globo) ou Addy Bakhtiar (le Faust, le Showcase) sont eux aussi des trentenaires bien nés, issus d’écoles de commerce, et travaillant surtout le jour. En outre, les paiements en carte bancaire ont rendu leurs comptabilités (presque) transparentes. « Sur 20.000 euros de recettes un samedi soir, 18.500 sont en CB », assure l’un d’eux.
Mais, anticipant de nouveaux modes de vie, Laurent de Gourcuff a été le premier à se diversifier. « Les gens ne sortent plus en boîte que trois jours par semaine et, dans dix ans, ce sera deux« , constate celui que personne n’a jamais vu se trémousser sur une piste de danse. Alors, depuis 2012, cet allergique aux vacances a enchaîné trois virages.
D’abord, pour les rentabiliser hors week-end, il loue ses boîtes pour des tournages, des lancements de produit, des anniversaires… Comme avec cette Russe qui a fêté le sien au Raspoutine, sur les Champs-Elysées, pour 50.000 euros. Ensuite, cette fine gueule s’est lancée dans la restauration en s’associant avec Gilles Malafosse, déjà propriétaire de Pétrus et du Flandrin. En 2015, le tandem a ouvert Monsieur Bleu, une concession du palais de Tokyo, devenu le QG du CAC40 et de la politique. François Hollande y a déjeuné avec Jean-Marc Ayrault. Avant d’inaugurer en 2016 le nouveau restaurant du musée des Arts décoratifs, Rose, puis Girafe, à la Cité de l’architecture, face à la tour Eiffel.
Enfin, pour financer cette diversification et structurer son groupe (800 salariés), Gourcuff a suivi les conseils de son amie Jennifer Johns, ex-banquière chez Rothschild, et ouvert son capital à deux fonds d’investissement : Audacia, dirigé par Charles Beigbeder (son associé dans le mythique Castel, lire ci-dessous), qui a mis 2,5 millions d’euros au pot, et le FDCE, un fonds de développement où figure la BPI, représenté par Amélie Brossier, qui y a injecté 12 millions. Une consécration ! L’arrivée de ces deux actionnaires a rendu le patron de Noctis encore plus exigeant. « On lui montre nos comptes chaque semaine et on repart toujours avec un conseil pour les améliorer », témoigne Olivier Salem, en charge du Yoyo. Aujourd’hui, c’est AccorHotels qui investit dans Noctis en rachetant la part minoritaire du FCDE. Avec cette alliance, le groupe de Laurent Gourcuff pourra bénéficier du savoir-faire du géant hôtelier.
Mais s’il a appris à déléguer, le nouveau roi de l’événementiel ne lâche pas le terrain. « Un vendredi sur deux, de 21 heures à 5 heures, je fais la tournée de nos lieux. » Rien ne lui échappe : une ampoule en panne, trop d’attente au bar, un mauvais mix de clientèle. « Il garde le nez sur le guidon tout en ayant trois coups d’avance », salue Jennifer Johns.
La prochaine manœuvre de ce fan de bateau ? Pas à Dubaï ou à Londres, d’où pleuvent les demandes de licence de Monsieur Bleu, du Raspoutine ou du Rooftop (Marseille). Mais de nouveaux projets à Paris, avec l’ouverture prévue d’une dizaine de lieux comme la Compagnie 1837 à la gare Saint-Lazare ou le toit-terrasse du 52 de l’avenue des Champs-Elysées. Et début juin, ça sera l’inauguration du Dernier Etage : 900 mètres carrés prolongé d’une terrasse avec Paris à 360 degrés, dédié aux évèenements corporate et privés. « La plus belle vue de la capitale, s’enflammait Laurent de Gourcuff lors de notre interview. On va y organiser des soirées inoubliables, et, le mercredi, un restaurant de 450 couverts avec des chefs du monde entier. » Sébastien Bazin, le PDG d’AccorHotels, aura-t-il sa place réservée ?
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