Philippe Etchebest –  » Je suis sympa avec les gens sympas mais je peux être très con avec les cons. « 

07 avril 2019  0  Non classé
 

signature-food-and-sens Retrouvez ci-dessous l’interview qu’a consacré le quotidien Nice Matin au chef Philippe Etchebest. On y retrouve bien le chef Etchebest avec son franc parlé et sa sincérité, il n’aime pas tricher comme dans son émission  » Cauchemar en Cuisine « , c’est cash mais qu’est ce que c’est bon !

EXTRAITS –

Photo – Thomas Vollaire/M6

Sa gueule et son franc-parler de rugbyman font les délices de M6, aussi bien dans Top chef que dans Cauchemar en cuisine. Ce chef perfectionniste et bosseur a, en fait, un cœur gros comme ça puisqu’il est également parrain des Pompiers solidaires. Il est à la une de notre magazine Week-End ce vendredi.

Quand on le voit entrer dans une cuisine qui est un vrai cauchemar, s’agiter et devenir fou de découvrir un tel désastre… on se dit que le mec au gabarit de gladiateur n’est pas commode. Voire même qu’il va mettre un coup de boule!

Eh bien non. Philippe Etchebest c’est, en fait, le pote qu’on aimerait avoir. Déjà parce qu’il sait faire de la (très) bonne cuisine, ensuite parce que c’est un sportif, un bon vivant et aussi parce qu’il a serré la main de Paul Bocuse. Comme disent les Américains (visionnez à nouveau Ocean’s Eleven): le mec qui a serré la main de Sinatra mérite le respect. Pour nous, et surtout pour un cuisinier, ce sera la main de Monsieur Paul.

Alors, il est comme ça Philippe Etchebest: sympa mais franc, comme un direct en boxe, sport qu’il pratique. Il ne faut donc pas trop le chercher! Quand on lui demande si c’est vrai qu’il mange un petit Big Mac de temps en temps, la réponse fuse: « Ben oui si j’en ai envie. Je fais ce que je veux ».

La franchise, la sincérité et, en fait, la gentillesse (oui, oui) du bonhomme nous ont fait passer un bon moment et donnent envie d’aller manger chez lui à Bordeaux, si possible un 21 juin car Philippe Etchebest joue aussi de la musique devant son restaurant ce soir-là. Une bête de scène, une bête sur le ring et, évidemment, une bête en cuisine. Cet homme-là est hyperactif et il nous en parle…

En 2000, vous avez obtenu le titre de Meilleur ouvrier de France (Mof). Qu’avez-vous ressenti en le recevant?
La satisfaction d’avoir bien fait son travail. J’ai pris cela comme un défi, une compétition. Au moment de l’annonce du résultat, j’ai ressenti la même sensation que si j’avais gagné un combat…

Comme sur le ring?
Oui, je dis souvent qu’avoir des étoiles dans un établissement c’est d’abord le résultat d’un travail d’équipe. Je l’assimile toujours au rugby, un sport que j’ai pratiqué pendant dix-sept ans.
Mais le titre de Mof, c’est un combat de boxe car on est seul, c’est un défi que l’on se lance à soi-même. Ça a été une très belle victoire et, bien évidemment, une satisfaction personnelle d’avoir été au bout, d’avoir réussi la première fois.

À propos d’étoiles, votre restaurant à Bordeaux en a obtenu une…
Non, ce n’est pas une étoile qui a été attribuée à mon restaurant bordelais Le Quatrième Murmais à La Table d’hôtes qui est au sous-sol du Quatrième Mur. L’attribution d’une étoile à une table de douze couverts installée dans la cuisine d’une brasserie, c’est une première mondiale. J’en suis donc très fier.

Quand vous avez rencontré Monsieur Paul (Bocuse), qui avez-vous eu l’impression de rencontrer? Un monument?
Ah oui c’était une référence en matière de gastronomie. On est dans ses petits souliers, c’est quand même un modèle. Il y a, bien sûr, le respect du bonhomme pour ce qu’il a fait, la voie qu’il a montrée à tous les cuisiniers. On ne peut être qu’en admiration..

Est-il toujours la référence mondiale en matière de gastronomie française?
Paul Bocuse a été et est encore connu dans le monde entier. Son nom seul résonne au niveau de la gastronomie mondiale, comme cela a toujours été.

Vous animez Cauchemar en cuisine depuis 2011 et Top chef depuis 2014. Pourquoi avez-vous accepté de faire ses émissions? Un besoin de reconnaissance?
(Il glousse) Le besoin de reconnaissance, c’est pas mon truc du tout. Quand c’est cela qui motive les gens pour faire les choses ça ne marche pas. J’ai refusé plusieurs fois de faire Cauchemar en cuisine et j’ai finalement accepté en posant comme condition à M6 de ne pas jouer un rôle mais raconter la vraie histoire. Si, aujourd’hui, ça marche, c’est grâce à cette condition de départ. Ce qui m’a motivé, c’est d’aider des gens. Dans Top chef, c’est l’idée de transmettre des valeurs, des choses que je pratique au quotidien avec mes équipes.  Pour un Mof, c’est un devoir. Cela m’a permis de montrer une autre image que celle de Cauchemar en cuisine où je suis un chef qui rentre dans le lard. Mais j’assume tout.

Êtes-vous fier de la réussite de certains candidats de Top chef?
Moi et tous les autres membres du jury on est juste là pour leur apporter notre savoir-faire, notre expérience. Top chef c’est un accélérateur au niveau de la formation. Tous les candidats qui restent un peu nous ont dit qu’en six semaines ils ont appris deux années de métier. 
Aujourd’hui, beaucoup d’anciens candidats sont étoilés et tant mieux. Ça prouve que c’est une vraie émission, que ce n’est pas pipoté puisque l’on génère de l’excellence.

Ceux de Cauchemar en cuisine, sont-ils nombreux à avoir sauvé leur affaire?
Depuis 2016, on est sur des statistiques de réussite de 74 à 76%. 
C’est bien car on part de loin quand même.  Il y a un vrai suivi après le tournage de l’émission : pendant six mois, Rivalis, la société de pilotage d’entreprise, les accompagne pour la gestion, la comptabilité afin qu’ils réussissent. Ce n’est donc pas qu’une émission de cuisine, il y a tout un accompagnement. Il y a également des psychologues qui suivent des candidats, on ne les abandonne pas. C’est pour cela que je me suis investi: au-delà de la cuisine, je veux qu’il y ait des résultats après.

Vous êtes un gros sportif (boxe, rugby, judo) ça peut faire peur quand on vous voit débouler furax en cuisine. Dans la vie, comment êtes-vous?
Je suis sympa avec les gens sympas mais je peux être très con avec les cons. Je ne suis pas un emmerdeur mais faut pas qu’on m’emmerde, c’est tout.

Dominique, votre épouse, a dit que vous n’étiez pas macho. Derrière la façade il y aurait donc un cœur moelleux en chocolat?
Oui, bien sûr, évidemment. (il rit) On peut passer une très bonne soirée avec moi. Je suis quelqu’un d’assez gentil, de posé, mais, une fois de plus, je n’aime pas les cons. Remarquez personne ne les aime.

Vous avez dit: « Ce n’est pas la défaite qui est grave, c’est le sentiment de ne pas avoir tout donné »
Quoiqu’on fasse, il faut être engagé à fond afin de ne pas regretter: si on fait un concours, il faut y aller. C’est comme en sport: si on tombe contre quelqu’un de plus fort que soi –et c’est mieux d’ailleurs car ça permet de se remettre en question– on peut perdre. 
Mais perdre parce qu’on n’a pas donné le maximum ou parce qu’on a eu quelqu’un de plus fort en face de soi, c’est pas pareil.

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Donc vous faites du sport, vous gérez votre restaurant, les émissions à la télé, des cours de cuisine sur Internet…
Sur Internet, c’est un programme qu’on a mis en place cette année. Là aussi, c’est pour donner des conseils, accompagner les gens au quotidien. On donne des astuces, souvent sur des trucs élémentaires, auxquels les gens ne pensent pas forcément mais qui sont essentiels pour être à l’aise dans une cuisine, comme ranger son frigo correctement. C’est un programme gratuit où l’on fait aussi des recettes en direct avec des non professionnels.

…/…

Prenez-vous le temps de faire des pauses, de vivre tranquille?
Un peu. Je fais beaucoup de choses, c’est vrai, mais j’essaye d’équilibrer tout cela. Je fais de la musique, je joue de la batterie avec des potes dans un groupe. On a d’ailleurs joué deux fois du rock devant mon restaurant à Bordeaux pour la Fête de la musique.
Je m’entraîne le week-end chez moi où je suis tranquille pour être en famille, regarder les matches de rugby. C’est vrai que si on additionne tout cela, il n’y a pas de temps mort.

À quoi carburez-vous?
À rien, je ne me shoote pas.  En fait, j’ai toujours été très actif, ça fait partie de mon équilibre : toucher un petit peu à tout et essayer de bien le faire.

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