Le restaurant 3 Fils de Dubai classé meilleur restaurant du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord pour le 50Best Mena’s

09 février 2022  0  Non classé

Le restaurant 3 Fils de Dubai est classé meilleur restaurant du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord

La remise des prix des MENA’s 50 Best, le classement des 50 meilleurs restaurants Moyen-Orient et d’Afrique du Nord a été dévoilée lors de l’événement organisé à l’hotel Conrad Etihad Tower à Abu Dhabi, le 7 janvier dernier. C’était l’occasion pour braquer enfin les projecteurs sur une région encore méconnue aux guides gastronomiques.

Des 19 pays faisant partie de la région visée par le jury populaire, 11 ont parvenu à classer au moins un restaurant : la Tunisie, le Koweït, le Qatar (1), le Bahrein (2), le Maroc, la Jordanie (3), l’Égypte (4), l’Arabie Saoudite, le Liban (5), Israël (6) et les Émirats Arabes Unis, qui dominent le classement avec 19 restaurants, dont 16 à Dubai. L’Algérie, l’Iran, l’Irak, Oman, la Palestine, la Syrie et le Yémen, pays plus ou moins touchés par des turbulences politico-sociales, n’ont malheureusement réussi à classer aucune enseigne. 

3 Fils, un petit restaurant à coté la plage de Jumeirah à Dubai, est le grand gagnant de cette édition. Ses particularités? Il ne prend pas de réservations, il ne vend pas d’alcool, il propose un dessert bar juste à coté de la salle principale et il fait de la cuisine asiatique aux fortes influences japonaises mais sans jamais utiliser de sauce soja car, comme le chef a déclaré en conférence de presse, “elle prend trop le dessus sur les saveurs”.

Sur le podium, on retrouve aussi Zuma, la célèbre chaine de restaurants japonais qui propose une enseigne au cœur de la ville de Dubai et Ocd Restaurant, une particularité de Tel Aviv dirigée par le jeune talent israélien Raz Rahav.

Quant aux prix spéciaux, ils sont allés aux trois restaurants de Dubai Low (prix de la durabilité), Trèsind Studio du talentueux chef indien Himanshu Saini (Art of Hospitality Award) et Kinoya (One to Watch). Le prix du meilleur chef choisi par les chefs (Chef’s choice) à été gagné par Reif Othman du restaurant Reif Kushiyaki à Dubai, celui de la meilleur chef femme (Best female chef) de la région est allé à Tala Mashmi, du restaurant Fusion by Tala à Manama, Bahreïn, et celui du meilleur pâtissier (Best pastry chef) à Sahar Parham Al Awadhi, ex chef pâtissière de l’un des restaurants situés dans le célèbre bâtiment Burj al Arab. Pour finir, le prix de l’icône culinaire (Culinary Icon of the Industry) est allé au chef, écrivain et entrepreneur libanais Kamal Mouzawak, fondateur du Souk el Tayeb à Beyrouth et promoteurs de l’agriculture durable dans la région.

En analysant le classement, on comprend tout de suite qu’il ne représente que la réalité des faits, c’est-à-dire la domination touristique, économique et médiatique des Émirats, resté ouverts aux touristes même dans les périodes de pandémie les plus difficiles. Cela expliquerait aussi pourquoi la plupart des restaurants classés ne représentent pas vraiment la cuisine arabe et moyen-orientale (la cuisine des émirats n’est pas du tout représentée, “mais on y travaille” nous assure le propriétaire de 3Fils). La population du célèbre pays du Golfe Persique étant en effet composé à 90% par des expatriés, provenant majoritairement de Pakistan, Inde, Bangladesh, Urss, Chine, Singapour, Japon et Europe, on retrouve dans le classement plutôt les cuisines asiatiques (17 restaurants sont japonais) et européennes – chaînes de restauration incluses, comme Zuma, Coya ou encore LPM.

Et pourtant, la cuisine des émirats existe. Les cuisines libanaise, israélienne, marocaine, algérienne ou égyptienne sont délicieuses. Pourquoi alors les 250 membre du jury populaire n’ont pas préféré les restaurants mettant en avant ces cuisines locales et identitaires ?

Pourquoi ne pas aller chercher des adresses en dehors des sentiers battus et des hôtels de luxe ? – Le mécontentement du public présent (surtout pour le restaurant Zuma classé en deuxième position qui a recueilli toutes les incompréhensions, le restaurant étant plus réputé pour la fréquentation festive et féminine de son bar que pour sa cuisine ) était d’ailleurs palpable à la fin de la cérémonie. Mais ce n’est que la première édition et on sait très bien que les choses ne peuvent que s’améliorer, et puis il fallait tenir compte d’une certaine clientèle qui fréquente ces endroits festifs.

Pour autant, c’est enfin le début pour les pays de cette région d’une très belle histoire gastronomique. On espère  donc pouvoir découvrir encore plus de pépites l’année prochaine. 

Par Lorena Lombardi 

Couverture Art of Hospitality Award – Tresind Studio – ici avec le chef Julien Royer

Crédits photo: Thomas Collins/The World’s 50 best