La crise des Gilets Jaunes plonge ce restaurateur dans des difficultés financières, il décide de vendre ses trois restaurants et de s’expatrier.
Dans pas mal de régions françaises la crise des gilets jaunes a mis beaucoup de petits entrepreneurs en difficulté, la restauration n’est pas épargnée, certains ne passeront pas le cap, de nombreux licenciements et fermetures sont à craindre.
Dans le journal La Provence, le restaurateur Ludovic Azalbert va vendre ses trois restaurants, sa maison et s’expatrier, entre ras-le-bol général et incompréhension, il jette l’éponge.
Comme beaucoup de petits entrepreneurs et commerçants qui ont soutenu et compris la naissance de l’action gilets jaunes, beaucoup s’en éloignent car les tournures qu’ont pris le mouvement est contre productif pour un pays déjà en souffrance avec chômage et
Depuis le début de la crise des gilets jaunes, Ludovic Azalbert, gérant des établissements Sushika d’Avignon, Le Pontet et Carpentras, a perdu 30 % de son chiffre d’affaires. Écoeuré, il a décidé de tourner la page
Pour pouvoir me dégager un salaire, avec ma compagne, nous avons dû, au début du mois de décembre, faire un emprunt à la consommation », déclare Ludovic Azalbert, créateur et co-gérant des trois restaurants asiatiques Sushika de la zone Auchan Le Pontet, Agroparc et Carpentras.
Ces dernières semaines, le dépité chef d’entreprise, face à la chute vertigineuse de son chiffre d’affaires depuis le début du mouvement des gilets jaunes, a rédigé une lettre sous forme de cris d’alarme à la Chambre de commerce et d’industrie. Mais la réponse qu’il a reçue, tout comme celles de l’Ursaff ou des Impôts, ne l’ont pas empêché de prendre des décisions radicales. « Durant les deux premières semaines de manifestation des gilets jaunes, j’ai perdu 80 % de mon chiffre d’affaires, explique Ludovic Azalbert. Sur les deux mois, la moyenne des baisses a été de 24,51 % sur le restaurant du Pontet, 26,79 % à Agroparc et 25 % à Carpentras. J’ai créé mon premier restaurant avec cette enseigne au début des années 2000 au centre d’Avignon. Puis, j’ai ouvert le restaurant d’Auchan en 2009, et les deux autres en 2016 et 2017. L’entreprise qui fait travailler onze personnes sur les trois sites se portait jusque-là plutôt bien. Mais avec cette réalité économique, j’ai décidé de tout mettre à la vente. Je dois également signer avec un promoteur immobilier pour la vente de ma maison. »
Que ce soit les « possibilités d’ouverture le dimanche », les « propositions de financement de court terme pour les difficultés de trésorerie », » l’octroi ou maintien de crédits bancaires », l' »échelonnement des charges »… proposés dans le courrier de la CCI, n’ont non seulement pas satisfait le patron de Sushika mais l’ont plutôt désespéré.
« Parmi les solutions, la CCI m’a même proposé de me retourner vers les assurances. Comme si j’avais subi des préjudices matériels, s’exclame-t-il. Sinon, d’un côté l’Ursaff m’a donné des délais de paiement et de l’autre, comme j’avais des bulletins de salaire en attente, on m’a envoyé des courriers me disant que mes cotisations étaient doublées parce que je n’avais pas déclaré mes heures dans les temps… D’ailleurs, dans toute cette galère, je passe sur les pertes de temps passées en coups de téléphone aux différents organismes, les négociations avec les banques… »
Deux coups de poing reçus à Réalpanier
Cela dit, s’il n’a pas appelé les assurances à la suite d’une altercation sur un rond-point, Ludovic Azalbert a fini chez le médecin. « Je me suis fait agresser le 18 décembre au rond-point de Réalpanier par deux gilets jaunes et j’ai eu deux jours de ITT. Ils m’ont donné deux coups de poing sous prétexte que j’avais renversé une de leurs palettes qui barrait une voie alors que j’attendais dans le ralentissement depuis plus de dix minutes et que j’étais particulièrement pressé. J’ai dû appeler la police et me protéger avec un taser afin de ne pas me faire lyncher par 30 personnes excitées et alcoolisées. Je pense que les gilets jaunes se trompent de combat. Les gens vont se monter les uns contre les autres. Au départ, je n’étais pas contre le mouvement, qui répond à un véritable mal-être. Mais quand ce mouvement se retourne contre vous, cela remet des certitudes en cause. À un moment, j’ai contacté les gilets rouges mais je me suis aussi aperçu qu’ils donnaient de mauvaises réponses. »
L’envie de l’exil
L’entrepreneur, assuré de ne pas être le seul à connaître des problèmes de trésorerie, est surpris du silence relatif du monde de l’entreprise. « J’ai l’impression que peu de gens font état de leur situation. Il faut dire que nombreux sont les petits commerçants qui ont souffert. Certains disent qu’ils vont récupérer le manque à gagner dans les mois à venir. J’ai beaucoup de doute. Ce qui est perdu est perdu. Je ne veux pas m’apitoyer sur mon cas. Tout simplement je suis un entrepreneur indépendant, je ne fais pas partie d’un groupe et je veux juste mener ma barque. Le cadre juridique et social français est l’un des meilleurs au monde pour travailler. Cependant, pendant cet épisode, notre gouvernement qui essaie aujourd’hui de nous aider, n’a pas assuré la sécurité de ses concitoyens. Le préfet refusait de prendre les plaintes contre les agissements de certains gilets jaunes. Je ne sais pas comment cela se passe ailleurs, mais le maire du Pontet n’a fait aucun geste. Il ne s’est même pas préoccupé de la santé de nos commerces. Pour toutes ces raisons, lorsque j’aurai tout vendu, je vais sans doute m’investir dans un autre pays », confie le dynamique quadragénaire qui a grandi à Monteux et toujours développé ses affaires et créé des emplois dans le Vaucluse.