Disparition de Nicolas de Rabaudy
Nicolas de Rabaudy – Il aimait le vin, la table et la plume. Ilétait le critique gastronomique officiel du site Slate.fr, où il tenait la rubrique Boire & Manger .
Avant il avait été dans les meilleures rédactions et avait prêté sa plume fine et acérée, vive et pétillante à Paris Match, où il était journaliste de spectacles, avant d’écrire des chroniques de restaurants et de vins au Figaro. Il écrivait pour France-Soir, Télé 7 Jours, , Le Journal du Dimanche et le Guide Hubert… Il fut un temps restaurateur, il avait créé Le Bistrot du Sommelier avec Philippe Faurebrac. Il était aussi auteur et avait publié plusieurs livres, « L’Ascension et la chute d’un prince de table », « Les Vins de rêve », « Le Champagne et la Belle Époque », « Spaghetti, truffes noires et voluptés gourmandes ». Il avait d’ailleurs reçu en 1990, il a reçu le prix Brillat-Savarin pour l’ensemble de son œuvre. Il a publié plus d’une vingtaine de livres qui contait les coulisses de cuisines, d’acteurs de la cuisine et du vin.
Il faisait parti, comme Michel Piot, Henri Gault et Christian Millau, Philippe Couderc, Claude Lebey, Jean-Claude Ribaut, de cette génération de journalistes gastronomiques, celle qui était suivie par les lecteurs, celle qui avait un public qui se rendait systématiquement dans une table une fois que l’article était paru.
il promenait sa silhouette longiligne de dandy dans les rédactions et dans les restaurants, ne manquait jamais de murmurer à l’oreille des chefs dont il était souvent le confident et l’ami. Depuis plus de cinquante ans, Il jouait avec expertise pointue de la gastronomie et du vin et couchait sa plume (il jetait sur le papier et non sur un ordinateur ses réflexions et pensées) pour écrire dans son bureau près du parc Monceau, les mots justes qu’il partageait dans ses chroniques et rubriques après avoir déjeuné ici ou dégusté là. A 13 heures, immuablement, il partait à la découverte ou redécouverte d’un restaurant… et ainsi constituait des souvenirs et des notes qui allait figurer dans ses livres, ses bibles, « Mémoires d’un gourmet à table » ou « Histoire des 50 meilleurs restaurants de France« , livre, en forme de guide de la haute cuisine française.
Au fil de ses pages, apparaissent des aventures culinaires mémorables, des destins particuliers, des goûts et des saveurs authentiques, des portraits de chefs. . Et il en avait rencontré des chefs, il en avait fréquenté des tables, encensé ou critiqué vertement certaines adresses… Il savait boire et manger, il aimait la table et la cave, il maitrisait les mots de la table et de la vigne. Ce gourmand avait fait de sa passion un métier en devenant critique gastronomique, il savait planter la fourchette et lever le verre avec élégance. Il était un grand critique gastronomique qui pouvait en toute crédibilité, parler des restaurants car tous les jours, il était au restaurant et vivait des expériences qui le nourrissaient – ou pas – d’émotion et de plaisir. Il ne boudait aucune table, il s’est assis chez les plus grands étoilés comme il avait pratiquement son rond de serviette dans certains bistrots. Epicurien, il adorait ces moments partagés « de bonne chère, de voluptés intimes, de repas bien tournés« . Il passait sa vie dans les restaurants et gardait toujours cette curiosité, cet appétit et cet oeil perçant qui traquait le beau et le bon dans les assiettes. Il disait « La cuisine est affaire de désirs et de goûts ».
On le croisait dans toutes les rencontres de haute cuisine, il ne ratait pas la sortie des guides comme le Michelin, le Guide Les Grands Tables du Monde, ou Le Gault&Millau et être son voisin de table, c’était apprendre des anecdotes, la petite histoire la gastronomie.
Nicolas de Rabaudy s’en est allé mais il nous laisse des histoires de table, pleines d’esprit et de saveurs, de souvenirs oenophiles, de rencontres et d’amitié, de plaisirs de la table.
Il rejoint à la grande table céleste de la gastronomie, Monsieur Paul, Alain Chapel, Joël Robuchon et Roger Vergé, Jacques Pic, Jean et Pierre Troigros …