Roberta Sudbrack – depuis la cuisine de rue, jusqu’à devenir Meilleure chef d’Amérique Latine
Elle a été classée Meilleure chef femme d’Amérique Latine il y a quelques jours, elle est classée numéro 10 sur la liste des 50 meilleurs chefs du continent sud américain, elle a même attrapé une étoile Michelin au premier guide du Brésil édité en 2015, Roberta Sudbrack, 46 ans une femme dont le destin est lié à la cuisine et à son histoire familiale.
Retour à ses origines, au Brésil elle a démarré la cuisine dans la rue avant d’entamer une longue carrière qui l’a menée même à tenir les cuisines de la Présidence de Fernando Henrique Cardoso pendant 7 ans.
Quelques années avant d’être récompensée comme meilleure chef femme en Amérique latine, Roberta Sudbrack faisait la cuisine dans la rue, son seul moyen de soutenir sa famille, une nécessité comme tant de femmes dans le monde entier, elle a franchi les étapes une par une, elle a maintenant 20 ans de carrière derrière elle.
Maintenant propriétaire de son restaurant dans un des quartiers les plus chics de Rio de Janeiro, elle continue d’arpenter les rues de la mégapole pour apporter sa nourriture au plus près des gens.
Au Brésil, les femmes cuisinent à la maison, elles sont très importantes dans la structure familiale, en même temps elles ont joué un rôle essentiel pour conserver les traditions et les racines et assurer l’évolution de la cuisine brésilienne jusqu’à sa situation actuelle. Par contre malgré les progrès économiques la position de la femme dans l’univers de la cuisine professionnelle est très compliquée, la progression est très lente, la prédominance masculine dans la scène culinaire brésilienne est imposante, c’est un défi d’exister pour une femme.
Des hot-dogs dans la rue
Elle vivait avec ses grands-parents à Brasilia, lorsque son grand-père est décédé, la famille fait face à des difficultés financières importantes, alors Roberta commence à vendre des hot-dogs dans les rues de la capitale. Son souci quotidien, c’était non seulement survivre, mais aussi faire à manger avec des produits de qualité. La sauce tomate minutieusement quotidiennement préparée par sa grand-mère, les saucisses artisanales, ont vite assuré le succès de son stand de hot dog.
Grâce à l’argent que produit son petit commerce elle part à l’université aux Etats-Unis au nord-ouest de Washington. Aux États-Unis, Roberta a son premier contact avec la vraie cuisine, c’est le coup de foudre, jusque là, elle savait tout juste faire cuire un œuf, ses visites dans les marchés sont une révélation.
Elle décide d’acheter des livres de cuisine et imagine des recettes. Elle trouve des petits boulots dans les cuisines tout en continuant ses études.
La cuisine comme passion
C’est là quelle sent le désir de continuer dans la cuisine est plus fort que tout, elle décide donc d’abandonner son projet de retourner au Brésil, deux ans passeront sans arriver à trouver sa voie, elle sent qu’il lui manque les bases techniques.
Elle apprend intensément auprès des chefs réputés de Rio de Janeiro, puis se lance dans les repas à domicile. Lors d’un repas chez des clients privés elle sert le Président d’alors, Fernando Henrique Cardoso, il était parmi les invités, séduit le Président fait appel à elle pour des repas évènementiels à sa résidence, avant de la recruter définitivement.
Depuis elle a créé un des restaurants les plus aimés des Brésiliens, son établissement est situé à proximité des jardins botaniques dans zone sud de Rio. Elle a rendu son restaurant accessible au plus grand nombre grâce à une tarification particulière, elle octroie des rabais très importants les jours de semaine les plus calmes.
Ouvert en 2008, le restaurant propose une ambiance de bistrot, le menu dégustation en 8 services change tous les jours en fonction des produits disponibles uniquement dans les marchés du quartier.
Son style de cuisine est contemporain et relativement simple, elle porte beaucoup d’intérêt à la préservation des traditions régionales et à la richesse de l’identité culinaire brésilienne.
Le pays est vaste, le ministère de la Culture brésilien a fait un effort important pour cartographier l’héritage immatériel du pays, y compris sa culture alimentaire. Le but de ce travail est de référencer précisément les produits alimentaires du pays, ses recettes traditionnelles et ses modes de cuisson. Elle est très impliquée dans ce défi, « c’est une nécessité de préserver notre patrimoine culinaire » explique t ‘elle.
Il faut travailler pour la survie des agriculteurs traditionnels et des producteurs, ceci consiste à veiller à ce que leurs activités soient économiquement viables et leur accorder une réelle incitation à continuer à produire.
Elle explique qu’il faut créer des passerelles entre les producteurs ruraux et la distribution afin que les consommateurs urbains puissent consommer des bons produits.
« Tous les ingrédients ont quelque chose à dire, et le dernier mot est loin d’avoir été dit «, ceci lui permet de continuer à explorer les nouveaux produits arrivant d’Amazonie, elle est constamment en alerte, ça stimule sa créativité et lui permet de partir à la recherche de nouvelles expressions culinaires.
Elle essaye de privilégier les ingrédients qui sont considérés comme marginaux, en les incorporant dans notre cuisine et les goûts de tous les jours. Considérant que la cuisine est un langage universel et le dialogue fondamental, elle désire que soit reconnue l’identité culinaire de son pays.
Elle recherche les meilleurs produits, leur qualité, leur originalité et la nature écologique des ingrédients lui permet d’offrir la meilleure nourriture, elle considère que sa mise en place commence dans la nature et dans le jardin de l’agriculteur.
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