
Alain Ducasse & Éric Vildgaard : retour sur un 4 mains entre le King et le Viking au château de Versailles
Certains dîners ne s’oublieront jamais — et ce, pour l’histoire qu’ils racontent mais aussi pour l’expérience qu’ils nous font vivre!
Ce mercredi soir au Grand Contrôle, dans l’enceinte même du Château de Versailles, la gastronomie a pris des airs de cérémonie royale. Un dîner orchestré au rythme des chandelles et des pas feutrés, dans un décor d’époque tiré au cordeau. Le personnel, vêtu d’habits historiques, accompagne le récit avec des gestes et des mots suspendus hors du temps.

Ce cadre évoquant les fastes du XVIIe siècle fut le théâtre d’un dîner imaginé lors d’une soirée organisée par La Liste, sous l’impulsion d’Hélène Pietrini, Kristian Brask Thomsen et Alain Ducasse. Leur souhait : réunir, le temps d’un soir, le « King » Alain Ducasse, figure tutélaire de la gastronomie française et le « Viking » Éric Vildgaard, chef triplement étoilé du Jordnær à Copenhague.
Pour Éric Vildgaard, ce dîner résonne comme un accomplissement intime, un chapitre inscrit dans la grande histoire du Château de Versailles. À ses côtés, son épouse Tina Vildgaard, maîtresse de maison du restaurant Jordnær, apporte cette hospitalité nordique incarnée. Ce moment partagé, selon ses mots, représente l’équivalent « d’une quatrième étoile symbolique »!

• Daurade royale à cru, algues et herbes marines du Croisic
• Homard, yuzu et baies de Sancha
• Concombre à la flamme, anchois et cerises
• Ventrèche de thon rouge, myoga et caviar
Soutenu par les équipes du chef Stéphane Duchiron, chef exécutif du Grand Contrôle, chaque assiette a su devenir un trait d’union entre la rigueur scandinave et le néo-classicismes français. Entre l’intensité minérale et marine du Nord et la splendeur des saveurs du Sud, le menu a dessiné une conversation culinaire en quête d’un accord parfait — sans emphase, sans concession, mais avec justesse. Une justesse rendue possible par ce travail d’orchestration invisible, minutieux, qui a su préserver le rythme du service sans jamais altérer la magie.

À présent, que reste-t-il à raconter sinon à contempler ? Voici, en séquence, les plats servis lors de cette nuit versaillaise à 4 mains :
Entrées : Après les canapés d’ouverture, le ton s’élève doucement vers une première triade d’émotions végétales et marines.



Relevé : Le tempo ralentit pour laisser place à une note d’équilibre, ancrée dans la justesse.

Grand entremets : Puis le cœur du dîner s’ouvre, ample, solaire, profondément français.


Rôti : La tension narrative culinaire atteint son apogée dans la maîtrise des cuissons et la noblesse des produits.

• Asperges blanches
• Pommes soufflées
Fromage & dessert : Le menu se conclut sur une partition laitière et sucrée, entre mémoire monarchique et sensualité.



Ce dîner, à la croisée des époques, des styles et des lignées gastronomiques, a prouvé qu’il existe des gestes capables de faire vibrer le temps. Une grande cuisine qui ne se contente pas d’impressionner, mais qui touche, en profondeur. Elle rappelle également que la noblesse d’un repas ne tient pas à l’or de la vaisselle, mais à la sincérité de l’intention des chefs qui incarnent leur cuisine !
Car au-delà du menu, ce soir fut aussi une ode à l’hospitalité dans sa forme la plus authentique! La preuve qu’une table est un théâtre et qu’il est encore possible, au cœur même de Versailles d’écrire l’histoire d’une gastronomie contemporaine !

Nous tenons à féliciter l’ensemble des équipes impliquées dans l’organisation de ce diner pour nous avoir fait vivre un moment suspendu, qui restera nous en sommes certain dans l’histoire.
Guillaume Erblang