Beurre – Inquiétude au Canada, il s’étale mal sur les tartines et fond qu’à très haute température – en cause l’huile de palme !

27 février 2021  0  F&S LIVE
 

signature-food-and-sens On parle déjà de #buttergate au Canada, en effet, même si le beurre par lui-même n’est pas « trafiqué », c’est l’alimentation des vaches laitières qui l’est. L’acide palmitique provenant de l’huile de palme adjointe en nourriture aux animaux modifie le beurre que les Acadiens ont dans leurs assiettes. C’est la modification de sa résistance à être tartiné et à fondre dans la poêle qui a alerté les consommateurs.

Lisez ci-dessous le papier du blog du Journal du Quebec

L’huile de palme donnée aux vaches laitières hausserait la proportion de graisses saturées dans le lait par rapport aux graisses non saturées, ce qui augmenterait le point de fusion du beurre. Cela pourrait expliquer pourquoi le beurre fabriqué à partir de lait de vache nourrie à l’huile de palme est encore difficile à étaler à température ambiante.

L’utilisation d’acides palmitiques n’est pas quelque chose de nouveau. En raison de la fameuse gestion de l’offre, les agriculteurs subissent d’énormes pressions pour respecter leurs quotas et être payés. La demande de beurre en 2020 a augmenté de 12,4% au Canada. Le fait que plusieurs cuisinent maintenant à la maison aggrave les choses en forçant les producteurs à produire plus de lait, et surtout, plus de gras pour le beurre. L’usage de l’huile de palme n’est pas nouveau non plus, mais les quantités utilisées aujourd’hui sont telles que les consommateurs se rendent compte que la texture est différente, depuis l’été dernier. C’est probablement la raison pour laquelle le phénomène du beurre dur ne s’est pas produit avant. On estime qu’environ 30% des producteurs laitiers canadiens adoptent cette pratique pour respecter leurs quotas de production lucratifs.

Même si les acides palmitiques coûtent cher, cette façon de faire est certainement moins dispendieuse que de produire plus de matières grasses laitières, ou d’acheter d’autres vaches. Certains agronomes du pays sont très conscients de ce qui se passe, mais ils n’osent pas en parler. Quelle histoire incroyable.

Il n’y a rien d’illégal à donner de l’huile de palme aux vaches laitières, et rien n’empêche les producteurs laitiers de le faire. Mais c’est de l’huile de palme fabriqué à l’autre bout du monde, et nous connaissons tous l’impact de cette huile sur l’environnement. Étant donné que les producteurs laitiers nous rappellent constamment que les produits laitiers du Canada figurent parmi les meilleurs au monde, une telle pratique serait éthiquement et moralement répréhensible, et elle pourrait compromettre la réputation de l’industrie. Une situation assurément gênante pour Les Producteurs de lait du Québec, qui avouent maintenant que la pratique est répandue.

Ce sujet est manifestement tabou dans l’industrie, et de nombreux producteurs laitiers faisant preuve d’une très grande intégrité sont bouleversés et veulent que cette pratique cesse immédiatement. Le British Columbia Marketing Board a publié, en octobre dernier, une déclaration au sujet du «lait non moussant» et des acides gras libres. Il s’agit d’une autre façon subtile de mentionner l’existence de l’huile de palme. Ils savaient qu’il y avait un problème depuis des mois. La déclaration est accessible à tous, bien que la nature hautement technique du message n’ait pas attiré beaucoup l’attention au-delà de la communauté agricole. D’autres groupes se sont exprimés, mais de manière beaucoup plus discrète avec des notes internes.

Certaines entreprises s’affairent déjà à développer une technologie qui permettra aux fabricants de beurre de détecter les acides palmitiques dans le produit qu’ils reçoivent. Valacta, au Québec, est apparemment l’une d’entre elles, et sa technologie pourrait être prête dans les prochains mois. Des sources suggèrent que Les Producteurs de lait du Québec veulent l’utiliser pour mieux discipliner les agriculteurs, en permettant aux fabricants de rejeter le mauvais gras de qualité inférieure dans l’intérêt du secteur et du public. Autrement dit, les producteurs de lait du Québec et du Canada ont perdu le contrôle de la qualité de leurs produits.

Ce n’est pas tout le beurre qui est plus dur au Canada; certaines marques ont conservé la même qualité. Personne ne sait avec certitude quelles marques ou quels produits auraient été affectés par cette pratique. Tout ce que nous savons, c’est que la plupart des producteurs laitiers veulent que la situation cesse le plus tôt possible.

Espérons que l’industrie laitière pourra faire le ménage au plus vite. Étant donné que les Canadiens subventionnent maintenant la production laitière, ils méritent le meilleur beurre que l’industrie puisse fournir. Surtout, avec un tel constat, le contrat moral entre les consommateurs et l’industrie est brisé.

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