Gastronomie – Pour le New York Times, la France vit au-dessus de ses moyens
Gastronomie – Cet article du New York Times sur cette France qui vit au dessus de ses moyens, laisse quelque peu perplexe quand on connaît un peu les États-Unis, comme beaucoup de Français qui connaissent l’Amérique des régions, l’Amérique profonde, celle où il faut faire plusieurs centaines de kilomètres pour trouver une bonne table, une table qui puisse produire de la gastronomie.
La France est en complète évolution, la bistronomie remplace la gastronomie plus en phase avec notre monde actuel, avec notre société qui recherche du bon à prix raisonnable. Partout dans les régions, des restaurants font de beaux succès, et depuis fort longtemps des restaurants ouvrent et d’autres ferment, c’est la loi de la concurrence et du commerce. Mais les Américains aiment bien appuyer sur ces transformations pour dramatiser une situation qui fait partie d’une évolution économique.
Voilà ce qu’en dit le JSL ( le Journal de Saône et Loire ) qui couvre l’actualité locale sur place.
C’est un « papier » au long cours. Un article qui donne à découvrir la « France profonde » pour les citadins américains, ce que le journaliste américain de l’article nomme « The other France », loin des strass, paillettes et prestige d’une capitale-lumière, cette France où « 10% des commerces de rue sont à vendre ».
L’auteur de cet article est Adam Nossiter, Prix Pulitzer en 2015, l’équivalent au journalisme des Oscars du cinéma avec le Prix Albert Londres. C’est dire l’influence et la notoriété du correspondant du New York Times en France.
Il s’est donc intéressé au phénomène d’abandon d’étoile au Guide Michelin, à travers l’exemple d’un restaurant gastronomique, celui de Jérôme Brochot, dans le contexte sociologique de Montceau-les-Mines*.
Un scène de théâtre qui reproduit parfaitement, pour lui, « le reproche lancé perpétuellement à la France : celui de vivre au-dessus de ses moyens » écrit-il.
Un tableau pas très joyeux de Montceau et le pragmatisme du chef-cuisinier
Il décrit ainsi le restaurant, le parcours et ‘la cuisine étincelante » de Jérôme Brochot, et raconte en parallèle le déclin de Montceau-les-Mines, « une ville industrielle délavée dont les jours de gloire remontent a 100 ans », avec « un taux de chômage deux fois supérieur à la moyenne nationale », sa rue Carnot qui comptait 3 bouchers, un seul désormais, une maire qui ne veut pas répondre a une interview, et « quelques personnes qui se promènent dans les ténèbres d’un froid matin de décembre courbées contre le froid et la vieillesse ».
Un article pas forcement joyeux, mais très réaliste, qui salue le pragmatisme économique du chef-cuisinier « Sa décision ne vient pas d’une arrogance, d’une ingratitude ou d’une rancune. Elle vient d’une raison banale : il ne pouvait plus se le permettre ».
Le sujet ne manque pas, ainsi, d’opposer un symbolisme typique de l’esprit français (qui fait à la fois l’admiration et l’incompréhension de beaucoup d’étrangers) à celui d’un pragmatisme socio-économique; et pour cela il reprend un propos de Jérôme Brochot se souvenant de son installation comme chef à Montceau : « Un restaurant étoilé, dans une ville ouvrière, quel beau symbole » !
Le sujet est illustré par les photographies de Dmitry Kostyukov, là aussi une grande signature, du photo-journalisme, lauréat de plusieurs prix internationaux.