Baccarat passe sous pavillon chinois
Gastronomie – Baccarat pépite du cristal haut de gamme et du savoir faire français, déjà sous pavillon américain passe dans les mains d’un groupe chinois. Le chinois FFC (Fortune Fountain Capital), a signé vendredi « une promesse irrévocable d’achat » avec les fonds américains Starwood Capital Group et L Catterton pour acquérir leur participation d’environ 88,8% dans Baccarat à un prix valorisant la manufacture lorraine autour de 185 millions d’euros, soit 14% de moins que sa valeur boursière actuelle (environ 216 millions d’euros).
FFC compte lancer dans la foulée une OPA sur le reste du capital de Baccarat, sans avoir l’intention cependant de retirer le groupe de la Bourse de Paris. L’arrivée de ce nouvel actionnaire lié à une illustre famille de Chine, qui descend du calligraphe le plus célèbre de l’Empire du milieu, Wang Xizhi, ne change à priori rien d’un point de vue opérationnel pour la marque légendaire créée en 1764.
La totalité de la production haut-de-gamme (articles de table, luminaires, objets de décoration et bijoux), la main d’oeuvre (environ 500 personnes) et la direction seront maintenus chez Baccarat, assurent les parties prenantes.
Celles-ci visent plusieurs axes de croissance: la densification du réseau de distribution et l’expansion géographique dans les marchés émergents, principalement aux Etats-Unis, principal marché du luxe, et en Asie.
Viser les marchés émergents
L’opération permettra de « financer le plan d’expansion à l’international » de la célèbre maison qui, « comparée aux autres marques de luxe (…) a une présence limitée dans le monde en raison d’un nombre restreint de boutiques » (une soixantaine), a affirmé à l’AFP sa directrice générale, Daniela Riccardi.
La splendeur de son cristal, l’enseigne de renom l’affiche aussi dans trois « maisons Baccarat » (Paris-Moscou-Séoul), qui exposent ses collections dans des lieux exceptionnels aux atours étincelants flattant aussi les papilles avec des restaurants et bars.
La marque c’est diversifiée en 2015 avec la création d’un premier hôtel Baccarat à New-York. Elle est bien décidée à se développer davantage sur des marchés adjacents du luxe, notamment l’hôtellerie de haut de gamme, une des priorités du groupe avec l’intention d’étendre le domaine de la marque dans tout l’art de vivre.
L’entreprise a dégagé un bénéfice de 2,2 millions d’euros en 2016 pour un chiffre d’affaires de 148 millions – ce qui représente une marge assez faible, les futurs développements devraient permettre une meilleure rentabilité.
FFC et sa présidente Coco Chu, une collectionneuse de la marque très impliquée dans le secteur du luxe en Europe et qui voue une admiration au savoir-faire tricolore, ont « les moyens financiers, le goût et la compréhension de la clientèle du luxe qui apprécie le savoir-faire et l’authenticité », souligne la dirigeante italienne, qui reste aux manettes.
Elle compte aussi sur les synergies découlant de l’activité gestion de fortune du nouvel arrivant auprès d’une clientèle riche. Le fonds chinois compte effectivement investir « entre 20 et 30 millions d’euros à court terme, et peut-être 50 millions d’euros à moyen terme », se disant convaincue que « le développement effectif dépassera les prévisions ».
« L’association d’acteurs français et chinois est une très bonne chose car nous sommes tous deux des pays de vieille culture », a souligné Mme Chu, insistant sur la poursuite du « fait à Baccarat par des gens de Baccarat ». Cet achat s’ajoute à la longue liste d’acquisitions chinoises à l’étranger dans la mode, le tourisme, les vignobles, le football ou l’automobile.