Elie Cazaussus – Le sud-Ouest perd un grand Pâtissier MOF
Un grand nom de la pâtisserie vient de disparaître, c’est toute la profession qui est affectée, et surtout régionalement où le chef avait fait toute sa carrière, le quotidien La Dépêche lui consacre un bel hommage.
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Homme de caractère et de perfection, Elie Cazaussus luttait depuis deux ans contre la maladie qui voulait l’empêcher de franchir la soixantaine, heureux auprès de sa compagne Sandrine Bruzau et de son fils Lino qui n’a pas encore 10 ans. Avec ce dernier, il avait d’ailleurs participé à un épisode de la saison 10 de Top Chef, diffusée sur M6 le mercredi 6 mars dernier. » Je suis en train de sortir la tête de l’eau « , nous avait-il confié l’été dernier, plein d’espoir, quand nous avions appris qu’il avait cédé son commerce de la place du Marché-Brauhauban.
Audacieux, entreprenant, innovant, Elie Cazaussus s’est nourri tout au long de sa vie de tout ce que ses maîtres lui ont appris. Son apprentissage de pâtissier, il l’avait fait auprès de Simone Derung où le fils, Yves Jouy, lui avait confié les secrets du chocolat.
Cet enfant de Luquet issu d’une famille d’ouvriers a tout juste 20 ans quand il crée son premier atelier à Bordères-sur-l’Echez. Quelque temps plus tard, il attire l’attention d’une grande figure de la gastronomie bigourdane, Louis Berger. Meilleur ouvrier de France (MOF), le pâtissier du « Royalty » (repère tarbais des gourmets) incite Elie Cazaussus à s’engager sur la voie de l’excellence. Va pour une formation continue à l’Ecole nationale supérieure de la pâtisserie du château de Montbarnier, à Yssingeaux (Haute-Loire). » J’y ai rencontré d’autres MOF, j’y ai beaucoup appris. »
Audacieux, perfectionniste, Elie Cazaussus est exigeant envers lui-même. Pour ce faire, il se confronte à ses pairs dans toutes sortes de concours. » Je ne les ai pas tous gagnés mais ils m’ont permis de progresser, d’apprendre, de me perfectionner, mais aussi de faire des rencontres. » Progresser au-delà de la technique. Conscient que le CAP ne lui suffit pas, le Tarbais reprend des études de culture générale, d’art, de géométrie, de gestion… tout en faisant tourner la boutique.
Son talent de pâtissier et de glacier, les titres glanés tout au long de ses décennies, les fonctions confiées par ses pairs lui avaient ouvert de prestigieuses portes, dont celles de l’Elysée, depuis Jacques Chirac.«Comme quoi, mon petit métier m’a ouvert des portes», se plaisait-il à dire.
Plusieurs fois distingué – En 2003, Elie Cazaussus remporte la Coupe du Monde de pâtisserie par équipe. En 2004, il revêt le col tricolore de Meilleur ouvrier de France (MOF) glacier. En 2009, il est le coach de l’équipe de France avec laquelle il remporte deux coupes du Monde en 2014 et en janvier 2018. Depuis 2015 il était le président de la Confédération nationale des glaciers de France et il comptait se représenter en sa qualité de président de classe «glacier» MOF. Il avait participé à la préparation de la finale de glaciers en novembre 2018.
35 apprentis – Trente-cinq apprentis peuvent se prévaloir d’avoir travaillé aux côtés du grand maître. Elie Cazaussus, soucieux de la transmission des savoirs, était également intervenu au CFA et au lycée des métiers Lautréamont de Tarbes.
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Belmir Dos Reis, président des MOF des Hautes-Pyrénées. « Je suis très profondément affecté par l’annonce de sa disparition. Lors d’un échange, récemment, Élie me disait regretter d’être passé à côté de beaucoup de choses, de ne pas s’être davantage engagé localement pour rapprocher les hommes, encourager les jeunes. Je lui avais répondu que chacun avance a son rythme. C’est comme s’il n’avait pas mesuré qu’il comptait parmi les plus grands. Élie était de la trempe des Paillasson, des Bocuse, des Thuriès. »