Fréderick E. Grasser Hermé épinglée au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur
Fegh – pour ceux qui ne le savent pas c’est Fréderick E. Grasser Hermé, une sorte d’ovni qui bouscule le milieu de la gastronomie, de la pâtisserie et de l’art contemporain depuis des lustres, depuis au moins 30 ans d’ailleurs…
Hier soir, c’est dans les salons du très Palace Le Meurice qu’elle a été épinglée de la Légion d’Honneur, en présence de nombreux journalistes dédiés à la food, de ses proches et mais aussi et surtout du chef Alain Ducasse avec qui elle a toujours collaboré, certes parfois avec des hauts et des bas, mais avec une fidélité exemplaire.
C’est dans le cadre de la nomination par Le Ministère des affaires Étrangères et du Développement International que – Madame Grasser Hermé, née Grasser ( Monique, Michelle, Ernestine dite Frédérick E. ), gastronome, écrivain ; 49 ans de services. – a été élevé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur par décret du 14 avril 2017.
F&S a trouvé pour vous quelques images de cette belle remise de distinction.
Relisez cet extrait d’article réalisé par Camille Labro pour M Le Monde
Extraits … PAIN SURPRISE
Figure iconoclaste de la gastronomie, l’auteure murmure à l’oreille des grands chefs, milite pour le « droit au gras » et défend les plats populaires, comme ce couscous de pain rassis.
J’ai très mal démarré dans la vie. Toute petite, j’ai été placée chez des nourrices à la suite d’une maladie infantile, ce fut une période triste et douloureuse. Ensuite, comme tous les enfants de la famille, je suis allée en pension, de 7 à 16 ans. A l’Institut Sévigné, un établissement religieux de Vincennes, la nourriture était affreuse. Il y avait le verre de lait de 11 h 30 et de 16 h 30, des repas sinistres au réfectoire et (heureusement) de petites cachettes pour nos gourmandises secrètes. Mon père, alsacien, avait une usine de sculpture sur ivoire, et ma mère, d’origine normande, était femme au foyer. Ancienne pensionnaire, elle aussi, pupille de la nation, elle cuisinait un peu et adorait les bons produits mais, à l’époque, je ne m’y intéressais pas. Je rentrais au bercail tous les week-ends, mais c’est la pension qui a forgé mon caractère. Sans cette expérience, je n’aurais sans doute pas développé mon côté rebelle et rock’n’roll.
Je n’ai découvert les plaisirs culinaires qu’à 30 ans, grâce à un homme, mon pygmalion gourmet, qui a disparu par la suite dans un accident. C’était l’époque de la “nouvelle cuisine”, au début des années 1970, et je me suis prise de passion pour tout ce qui se mange. Je travaillais dans la pub et, tous les ans, j’allais au Festival de Cannes pour le boulot.
A Juan-les-Pins, je suis allée goûter la cuisine d’Alain Ducasse sur les conseils du chef Jacques Maximin : le meilleur repas de ma vie. Je me souviens de ses pâtes incroyables, avec des pommes de terre nouvelles, des petits pois, des févettes, des cigales de mer. A partir de là, je l’ai suivi au marché tous les matins, jusqu’à ce qu’il me laisse entrer dans ses cuisines… huit ans plus tard. Au Louis XV, à Monaco, je suis devenue sa cuisinière personnelle. Je lui mitonnais des petits plats quand il en avait marre de manger sa cuisine de palace. J’ai beaucoup appris de Ducasse, et lui de moi – j’ai un côté chineur, j’aime chercher des textes anciens pour comprendre d’où vient ce que l’on mange.
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