Ils ont tout plaqué à Paris pour ouvrir un restaurant au Cambodge … depuis ils en ont deux, et pensent déjà au troisième.
Nous avions envie de vous faire partager cet article, l’histoire de ce couple de français qui ont tout plaqué à Paris pour se lancer dans la restauration au Cambodge. Un article repéré sur la plateforme Les Échos Star
Lorraine, 31 ans, était épuisée par son job dans une agence de communication. Son mari, Renaud, 34 ans, était lui las de son emploi de revenu manager dans une chaîne d’hôtellerie. Ensemble, ils se sont expatriés au Cambodge en 2017, où ils gèrent désormais deux bars à cocktails et restaurants. Lorraine raconte.
« Travailler dans une agence de communication, c’est exactement ce que je voulais faire après mon diplôme en école de commerce. Si le boulot de chargée de clientèle me passionnait, le rythme et la pression étaient lourds. Un jour, après une semaine aux journées à rallonge, je suis rentrée épuisée et ai lancé en blaguant à Renaud : « Si je m’écoutais, je lâcherais tout et j’ouvrirais un resto au soleil. »
En plaisantant, on a imaginé à quoi ressemblerait notre restaurant idéal. A ce moment-là, Renaud était ‘revenue manager’ dans une chaîne d’hôtellerie. Sa mission : analyser des données pour fixer les tarifs des hôtels selon le remplissage, la demande… Si ce job l’avait passionné les premières années, il commençait à s’embêter et à s’interroger sur le sens de sa mission.
Un soir, alors qu’il buvait un verre avec un ami très épanoui professionnellement, ce dernier lui a lancé : « Tu n’as même pas 30 ans et tu restes dans ton boulot pour le confort matériel. Si tu continues comme ça, tu vas mourir à petit feu ! » Le déclic pour Renaud. Le soir même, il me dit : « Ok Lorraine, ton restaurant, on va le tenter. On se donne un an pour que ça décolle et si ça ne marche pas, on rentre en France. »
Anticiper avant le grand départ – Mais où aller ? On a tout de suite pensé au Cambodge. On y avait passé deux semaines de vacances 2016 et on avait adoré le pays, sa culture, et la gentillesse des Cambodgiens. Le pays semblait intéressant pour entreprendre sur plusieurs points : le coût de la vie peu élevé, qui permet de se lancer sans trop de fonds et de tenir plusieurs mois sans rentrée d’argent, peu de démarches administratives, et beaucoup de relations avec la France, notamment avec des fournisseurs.
Pas du genre têtes brûlées, on a anticipé un maximum de choses avant de partir, pour être le plus efficace dès notre arrivée. En parallèle de notre travail, on a préparé pendant une bonne année un business plan, imaginé un menu en testant une multitude de recettes, pensé à la déco…
Pour in fine arriver à ce concept : un bar-restaurant avec des cocktails – parce qu’on est passionnés de mixologie – et des nems et rouleaux de printemps. On en avait mangé beaucoup durant notre voyage sur place et on se disait qu’il y avait moyen de les revisiter avec des recettes originales.
Un emplacement stratégique – En 2017, nous avons quitté nos emplois et rendu les clefs de notre appartement du 8e arrondissement de Paris pour décoller direction le Cambodge. Nous nous sommes installés à Siem Reap, une ville pour laquelle on a eu un coup de coeur pendant nos vacances. C’est un endroit à taille humaine, qui combine les avantages d’une petite ville, loin des tumultes et du stress parisien, et d’une grande ville, notamment de par la diversité des restaurants présents, et son dynamisme, qu’elle doit aux nombreux touristes venant visiter les temples d’Angkor. Ce qui nous laisse penser que notre établissement pourra être fréquenté toute l’année.
Sur place, nous nous sommes mis en quête d’un endroit à louer. Nous avons jeté notre dévolu sur une maison familiale traditionnelle inhabitée depuis plusieurs années. Malgré les déchets accumulés dans son jardin et les travaux à faire, on y a cru, car c’était l’une des rares à avoir un espace extérieur.
Six mois après notre arrivée, place à l’ouverture de notre restaurant nommé Wild, avec deux salariées en cuisine. On a tenté d’avoir un maximum d’aliments locaux à la carte mais nous sommes obligés d’importer certains produits, notamment laitiers, d’Europe, d’Australie ou de Nouvelle-Zélande.
Un deuxième établissement à Phnom Penh – Si notre établissement a très vite bien fonctionné, la pandémie nous a durement affectés. Avec les frontières fermées pendant près de 18 mois, notre clientèle a fondu. Nous avons surtout reçu des touristes cambodgiens. Beaucoup de touristes de Phnom Penh, la capitale, nous ont recommandé de dupliquer notre concept chez eux, en nous disant que cela pourrait vraiment marcher.
L’idée a fait son chemin… et nous avons finalement ouvert un bar-restaurant là-bas en mai 2022, quatre fois plus grand que notre premier établissement ! Ouvrir un deuxième restaurant était inespéré. Désormais, avec nos deux affaires, nous employons plus de trente personnes.
Quand on explique à certains Français notre nouvelle vie, certains pensent qu’on se la coule douce. Peu imaginent toutes les heures de travail qu’il y a derrière. Mais peu à peu, les équipes prennent leurs marques. Si bien que notre établissement de Siem Reap tourne très bien sans nous !
L’idée serait d’arriver à la même chose dans notre deuxième établissement… avant de penser à un troisième projet éventuellement. Objectif à moyen ou long terme : mener de front plusieurs projets et avoir plusieurs mois libres dans l’année, pour voyager dans d’autres pays. Evidemment, nos amis et famille nous manquent. Et on redoute toujours un peu d’avoir un grave problème de santé ici car le système de soins n’est pas performant. Pour autant, nous nous projetons au Cambodge. On reste des amoureux de Paris mais ici, notre qualité de vie est incomparable. La météo est agréable pour nous qui aimons la chaleur, les gens adorables, on ne manque de rien. Nous avons l’impression de mener une vie plus simple, saine et d’avoir une utilité pour la communauté locale. »
Par Chloé Marriault