Jean-André Charial – Le Seigneur des Baux, âme de Baumanière

03 juillet 2025  0  MADE BY F&S
 
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BAUMANIERE PLEIN LES YEUX

Terminons la série d’articles sur l’évènement des 80 ans de Baumanière – Il est des évènements qui marquent, par leur contenu, par l’histoire qu’ils racontent, par l’étincelle qu’ils procurent !

Il est des lieux qui ne relèvent ni de l’hôtellerie ni de la gastronomie, mais sont un rêve éveillé, dans le merveilleux.

Baumanière, Les Baux-de-Provence, le Vallon, Raymond Thuilier, Jean-André Charrial, des noms mythiques. Churchill, reines, présidents, stars, tous sont venus pour quelques heures ou quelques jours goûter le charme fou de ce lieu qui est désormais un style, un esprit qui rayonne bien au-delà des pierres du Val d’Enfer, bien au-delà des Alpilles et attire tous ceux qui aiment  séjourner discrètement, loin de la décoration et la cuisine bling-bling qui signent certains lieux. Echappée au plus près de la forteresse des Baux, au coeur du domaine de Baumanière. Pour célébrer l’anniversaire du Seigneur des Baux et de la belle des Baux, Baumanière, et l’esprit Baumanière qui n’a pas changé. Ici une famille, une saga a eu en héritage l’amour du beau discret et du bon excellent.

Raymond Thuillier et Jean-André Charial

Aux Baux-de-Provence, (leur nom vient du mot provençal baou, qui signifie escarpement), village perché et retranché, suspendu entre ciel et calcaire, règne l’éternité. Les rocs et les pierres qui se dressent fièrement vers le ciel ont vu passer une petite communauté d’agriculteurs à la préhistoire, des grecs et des romains qui développent le travail de la pierre, des chevaliers en route vers les croisades, des troubadours, des pélerins, qui ont ployé sous les rafales violentes du mitral, des seigneurs, des ducs, des rebelles, des rois et une princesse des baux au XV qui va mourire sans descendance. Des seigneurs vont faire vivre le chateau et la cité, ils qui ont eu l’audace de faire résister au pouvoir, royal, aux comtes de Provence, aux papes d’Avignon. Ils sèment le trouble dans la région. Cela agaçait le pouvoir royal et le roi Louis XIII ordonne à Richelieu d’assiéger le château, de détruire le château du XIII en 1632. Ne restait que des pierres qui continuent à veiller sur le vallon avec noblesse et fierté. C’est la naissance de la « ville basse ». Le village périclite jusqu’à la découverte de la bauxite, la pierre rouge des Baux. Et ces pierres de légende dialoguent avec les pierres du vallon, avec celles du domaine de Baumanière en toute complicité, garantes d’une histoire qui continue à s’écrire au fil des jours. Si vous écoutez bien, certains soirs, le monde minéral et chaotique et tourmenté des Baux, les falaises percées de grottes récitent du Giono et du Cocteau. Sous la lumière.

Les débuts de Baumanière
Jean-André Charial entre en cuisine

ON L’APPELLE BAUMANIERE

Au détour de la route qui déroule ses lacets, apparait un pic et juste en-dessous une maison, niché au creux du vallon, un domaine qui s’étale, prend le soleil et le vent, une maison du cœur, du goût, du temps retrouvé. On pourrait croire voir une photo du bonheur, du bonheur d’hier d’aujourd’hui et de demain, qui tient de la grâce et de la rareté, de la simplicité et de la nature qui depuis toujours arrondit les pierres des chemins et des falaises, agite les feuilles des platanes centenaires, laisse filtrer des raies de lumière dans les volets de toujours qui protègent du froid et du soleil brûlant, qui laisse l’ombre des feuilles d’un figuier sur un table brinquebalante souhaiter la bienvenue. Les chants de cigales se mélangent au bruissement des feuilles d’oliviers, aux échos du vallon. Au pays de Baumaniere poussent le talent et l’éternité sous la lumière provençale. Quand le soleil se couche, une étoile accrochée au rocher, brille et éclaire le vallon et la Maison Baumanière. Une Maison de Seigneurs.

La rencontre qui changera tout – Geneviève

LES SEIGNEURS DE BAUMANIERE

Raymond Thuilier, le fondateur, le premier des seigneurs. Nous sommes en 1945. La guerre est finie, laissant ruines et chagrins. Un homme rêve, rêve de trouver la demeure qu’il va transformer en demeure de rêve. Au gré de pérégrinations dans les Alpilles, il arrive dans la vallée des Baux et tombe en amour d’un mas provençal, abandonné. L’endroit n’est pas facile d’accès, isolé. Mais il sait qu’il a trouvé le lieu qui deviendra lieu de légende. Il sait tout de suite que c’était là précisément qu’il allait créer Baumanière. Avec l’audace un peu folle des hommes de goût. L’assureur de Lyon, homme d’affaires pointu, bourgeois de province qui porte avec panache la moustache, élevé par une mère cuisinière, veut faire de son lieu unique et confidentiel, un lieu de haute gastronomie et d’art de vivre. Ce ne fut au début qu’une simple maison banche dont le soleil caressait les murs, un jardin, puis vint une salle, d’autres salles où s’alignaient sobrement mais élégamment des tables nappées de blanc, les premières chambres. Dans un décor sobre mais raffiné. Déjà. L’Oustau était né et débutait la folle histoire d’une aventure familiale et culturelle, sous le sceau du goût du bonheur. Raymont Thuillier sent pousser les ailes de chef, il apprend auprès de ses amis chefs1947, Georges Pompidou alors commissaire au Tourisme, inaugure l’hôtel. Très vite affluent artistes, politiques aussi, et même les reines… Au menu, il y avait des truffes, des grands vins, les femmes portaient des robes de soirée de soie, les hommes la cravate, sous la glycine, et déjà goutaient à cette façon unique de servir le bonheur. Tout le monde chuchotait, mangeait sans se hâter, prenait le temps de vivre. Depuis l’esprit du lieu n’a pas changé. Nous sommes tous aujourd’hui encore sous le charme, sous la magie de la maison, des maisons, des terrasses protégées de mûriers, des piscines, de la cuisine comme l’ont été les visiteurs célèbres, qui ont choisi Baumanière pour savourer le goût et l’esprit, Jean Cocteau, Georges et Claude Pompidou, Pablo Picasso, Marc Chagall, la Reine-Mère d’Angleterre et sa fille la Reine Elisabeth II. Tous conquis par cet Oustau intemporel, cette maison à l’âpre beauté qui touche le coeur et l’âme des épicuriens, des poètes, des artistes.

Après la transmission, l’affirmation

LE SEIGNEUR DU XXI – Jean-André Charial qui a su garder l’âme du domaine, ses légendes et ses secrets. L’établissement et lui ne sont-ils pas nés la même année, en 1945.

Nous sommes à l’été 1969Jean-André Charial aime l’économie, les études. Il a 24 ans, il est diplômé d’HEC mais va quitter Paris pour retrouver le domaine et son grand-père Raymond Thuilier qui va lui léguer les clés et les secrets, lui apprendre le métier, les codes et les manières pour continuer à faire briller l’esprit de Baumanière. Chef  de cuisine, Jean-André ne pensait pas le devenir, lui le spécialiste de la gestion, il ne lui reste qu’à faire le tour de France des plus belles maisons – les Frères Troisgros, Alain Chapel, Paul Haeberlin, Paul Bocuse, Frédy Girardet – et revenir aux Baux riche de savoir culinaire, cuisiner auprès de son grand-père… Le grand-père et le petit-fils collaborent pendant 23 ans, décrochent des étoiles, au coeur du premier Relais&Châteaux, né en Provence,  entre pierres et rochers, sous le mistral fou et le soleil brûlant, dominé par le château et le village des Baux-de- Provence.

Une maison que le chef a su faire perdurer, développer, et s’affirmer

Depuis, Raymond Thuilier a rejoint le paradis blanc et Jean-André règne sur les différentes « maisons » qui font le domaine. Il s’attache à l’adapter à l’air du temps sans le trahir, il le fait évoluer avec grâce et élégance, harmonie et respect sans choc ni révolution, en suivant les goûts et demandes de toutes celles et ceux qui prennent la route du sud et des Alpilles, du Luberon mythique pour goûter à un repos protégé, entre oliviers et cyprès. Jean-André Charial est le seigneur des beaux établissements que sont l’Oustau de Baumanière et la Cabro d’Or, hôtels de luxe 5* et le Prieuré de Villeneuve-les-Avignon. Mais il est aussi passionné de vin, vigneron reconnu du « Château Romanin » en viticulture biodynamique  et du Domaine de Lauzières. Le temps passe et Jean-André anticipe, transmet ses valeurs « belles manières, art de vivre et d’accueillir êtres et choses avec un sens aigu du bonheur », son élégance et son savoir-vivre, ses manières exquises et sa belle éducation, son souci constant de respect à la nouvelle génération de chefs qui officie autour de Glenn Viel, chef breton, passé par le Plaza Athénée, Le Meurice, le Hyatt Madeleine…

Il est des rencontres qui marquent une carrière – Glenn Viel

2025 – Par une belle journée d’été, nous fêtons les 80 ans d’un seigneur dont le nom rime avec noblesse. Il est le veilleur de jour et de nuit d’une maison et d’une famille, le passeur d’une histoire, d’une culture, d’une cuisine. Entourée de Geneviève, sa belle aimée, de ses proches et d’autres seigneurs de la gastronomie, d’une tribu de comparses, Jean-André avance à pas feutrés sur ses terres. Il ne court pas, ne vocifère pas, s’approche discrètement pour vous murmurer des mots de bienvenue. Si vous avez de la chance, vous attrapez cette rare élégance, racée, discrète qui respire la pudeur. Un homme de la race des seigneurs qui sait l’importance de l’ombre et de la lumière, de la tranquillité et du temps qu’il ne faut pas bousculer.

Fêter ses propres 80 ans et ceux de sa propre maison, c’est exceptionnel

En ce jour il offre des souvenirs et des émotions, de la grandeur et des bonnes et belles paroles, de la flamboyante et de la modestie.

Jean-André Charial aurait pu se contenter d’hériter. Après tout, il est né dans un mythe, celui que Raymond Thuillier, son grand-père. Il a choisi d’être un bâtisseur, un maillon, un passeur. Fidélité à l’esprit et l’âme du domaine de Baumanière depuis 1945. Un domaine né d’un coup de coeur, de celui d’un homme pour une ruine abandonnée au creux du vallon des Baux…

Il y avait des chefs … beaucoup de chefs – des amis, beaucoup d’amis
Laurent Pourcel, Jean Sulpice

BAUMANIERE AUJOURD’HUI – Un paradis au charme fou débordant de poésie et de bel esprit, l’esprit de famille. Comment ne pas devenir fous du charme de l’esprit Baumanière. Le charme est partout, façonné, défendu par la maîtresse de maison Geneviève Charial, « la fée des Baux » qui travaille entre passé et modernité, des maisons aux jardins. Des hectares de végétation de et de lumière, d’herbes folles et d’arbres fruitiers, au milieu d’un domaine de pierre et de silence.

Baumanière
La Cabro D’Or
La forte chaleur de cette journée … une pause avant de continuer les festivités

Le goût de l’avenir : la transmission, la jeunesse, la durabilité

Que de chemin, que de souvenirs depuis la première étoile en 1949 qui récompense le rouget, l’agneau de lait en croûte, la seconde en 1952, la troisième en 1953, jusqu’à l’arrivée du talentueux Glenn Viel, qui reçoit avec respect et bonheur tout ce que Jean-André Charial transmet avec générosité pour continuer, toucher à l’intemporel. L’aventure continue, l’histoire s’écrit chef après chef, recette après recette, rencontre après découverte, d’anniversaire en anniversaire… Glenn viel « l’important c’est de s’amuser, d’être heureux, il est heureux depuis que par un coup de téléphone Jean-André Charial lui a demandé en 2015 de rejoindre « la plus belle maison du monde qui vit de sa passion »

La transmission … le talent, le partage
Georges Blanc, Gérald Passédat, Jacques Chibois, Christophe Michalak
Les chefs dans le potager

Demain… Marie-Noëlie. L’esprit du lieu elle l’a adopté depuis ses premiers jours dans la maison, la maison elle la connait depuis toujours. Elle maitrise la gestion et l’administratif, elle est la responsable des opérations, assure la promotion de Baumaniere, ici, à l’étranger. En parfait accord avec Relais & Châteaux, elle veille au respect de l’environnement, surveille les consommations, s’implique et implique tous les acteurs du domaine dans les démarches de RSE. Elle se souvient de son arrière-grand-père avec émotion et raconte à son fils les biches qui courraient dans les jardins. Elle veut préserver ces jardins, les potagers, la faune et la flore des 20 hectares. Dans la tradition de la devise des gens de Baumanière : « Nous sommes là pour vous recevoir, nous espérons vous émouvoir », pour vous initier à l’art de vivre à la provençale, dans un esprit de flânerie, sur la place des artisans où une boutique et une chocolaterie invitent à la gourmandise et au beau.

Il y avait de la musique … ici Marie-Ange Chiari ( Food & Sens )
De la musique aussi dans le potager
Il ya fait des moments de partage
Et un grand moment d’émotion dans les Carrières des Lumières

LA SOIREE. Lumières, musique, fraicheur, souvenirs, et émotions pour une anniversaire qui restera dans les yeux et les souvenirs des invités. Quand la fin de journée se fait douce, direction Le Potager et Les Carrières des lumières pour un apéritif de légende. Des musiciens sont posés tout le long des allées de pierre, les murs s’éclairent d’oeuvres des impressionnistes. Les peintures accompagnent les chefs, amis, enfants, petits-enfants, partenaires jusqu’à la dernière salle où un film va résumer la vie de Monsieur Charial.

LES CARRIERES DES LUMIERES, carriere d’ou sont extraites les pierres qui ont servi à la construction du château et des maisons du village fortifié, perchés sur le nid d’aigle. Ici fraicheur bienveillante, parois dorées, salles hautes, piliers longilignes pour recevoir les projections géantes en trois dimensions, on se sent si petit dans cette immensité de calcaire. Tout Baumanière se raconte en toute sérénité .

La soirée peut démarrer

LE DINER, quand la soirée prend la douceur de l’heure bleue. Le vent souffle faiblement dans les oliviers, il murmure. Nous sommes tous accueillis par une longue et joyeuse haie d’honneur. C’est le temps béni du cocktail dinatoire, es serveurs glissent avec discrétion vers les tables où ils déposent avec le sourire des tranches d’agneau si tendre, tendre comme les gestes des équipiers qui découpent cet agneau fameux, ouvrent les huitres ou servent les mille et une petites pièces délicieuses.

Quand les équipiers de Baumanière rendent hommage à Me et Mr Charial
Jean-André et Geneviève Charial étonnés et émerveillé par les surprises qui leur ont été réservées

Puis vient le temps du spectacle son & lumière, des drones, de la musique et de l’émotion, des bravos et des souvenirs, Madame et Monsieur Charial sont assis et dévorent les mises en scène s’esclaffent de rire quand des collaborateurs farceurs tombent dans la piscine avec le gâteau… faux, quand des gladiateurs aux armes de carton amusent les invités, quand des équipiers heureux amènent le gâteau le vrai, les petits fours, fruits frais, fruits confits… alanguis sur d’immenses planches de bois. Et place à la musique et à la danse… du piano et des voix jusqu’au bout de la nuit..

Wolfgang Puck, Jacques Chibois et Michel Troisgros

Depuis le matin la fête se déroule fluide, naturellement simple, furieusement bien orchestrée. On devine la patte d’une famille investie et la joie de toutes les équipes de participer, de rendre hommage à un grand chef, de faire de ce rendez-vous un grand et beau moment de retrouvailles, d’amitié, et d’affection, un moment de famille vécu comme une grande cousinade autour du patriarche. Ici règne un seigneur. Le seigneur de Baumanière, authentique seigneur du lieu (que le prince de Monaco, dont le fils héréditaire porte le titre de marquis des Baux-de-Provence, rêve de mettre dans ses propriétés), et Dame Geneviève sont les hôtes de la fête, entourée d’une joyeuse tribu d’enfants et petits-enfants pas du tout intimidés par cette horde de grands chefs et de célébrités qui foulent leurs terres. Dans les yeux de tous des paillettes irisées. Dans le regard de Jean-André Charial, une sorte de gratitude tranquille. De bonheur simple d’avoir su conserver, faire grandir le domaine sans trahir l’esprit de son fondateur, de le transmettre fort des valeurs reçues. Fier de servir encore et toujours cette cuisine préparée comme une offrande à celles et ceux qui viennent vivre un rêve à Baumanière.

Le gâteau d’anniversaire pour le chef Charial
Somptueux buffet de pâtisseries

Nous sommes repartis le lendemain, le coeur rempli de beauté, de grâce, de gratitude, devant la noblesse du lieu et de son seigneur. Le soleil s’étalait sur les Alpilles, et le ciel avait cette couleur bleu de Provence, nous avions dans la main ce petit bouquet de fleurs séchées qui rêvait sur une serviette lors du déjeuner sur l’herbe…

Et tout à coup le ciel s’illumina

Bel anniversaire Monsieur Charial ! Bel anniversaire Baumanière !

L’étoile des Baux …. la plus belle !
Relais & Châteaux et fier d’en faire partie

BAUMANIERE – « Nous maintiendrons » –

3 étoiles – un pied de nez à ceux qui ont dénigré

RELAIS & CHÂTEAUX

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