Pascaline Peltier, son métier : Sommelière et MOF – Elle est une inspiration pour beaucoup de femmes
Pour en savoir un peu plus du la Jeune sommelière Pascaline Lepeltier lisez ci-dessous l’article de Glamour/Paris
Par Z.Tavitian
Fin septembre 2018, Pascaline Lepeltier a reçu le titre ultra-prestigieux de Meilleure ouvrière de France. Une première pour une femme sommelière, dans un milieu qui reste très masculin. Rencontre.
Rien ne prédestinait Pascaline Lepeltier à travailler dans le monde du vin. Certes l’Anjou, région qui l’a vu naitre, n’est pas avare en vignes, mais ni ses parents « pas du tout dans ce milieu », ni ses études de philosophie n’annonçaient qu’elle deviendrait la première femme MOF sommelière de l’histoire. Son parcours ? Après ses études, la jeune femme prend une année sabbatique, enchaine les petits boulots et découvre les métiers de la restauration. Déjà, « c’est le vin qui lui parle », raconte-t-elle. Elle décide alors de passer un master de gestion hôtellerie-restauration. Chez les célèbres traiteurs Potel et Chabot, où elle travaille comme maitre d’hôtel (à l’époque, impossible d’être caviste chez eux, « ils ne prenaient que des garçons »), c’est la révélation : on lui fait goûter lors du mariage de Bernard Arnaud une bouteille de Château d’Yquem 1937. « Un vin exceptionnel, se rappelle-t-elle. Ça a changé ma vie. »
Après un an et demi en tant que sommellerie chez Jacques Thorel, chef étoilé « dur mais au grand cœur » qui lui apprend beaucoup, et un tour par le palace Georges V, elle est embauchée pour s’occuper de toute la carte des boissons du Rouge Tomate et part pour l’ouverture à New York du restaurant étoilé. « Je devais y rester 6 mois, j’y suis toujours », s’amuse-t-elle. Il faut dire qu’en 2008, New York redécouvre le vin : « J’ai tout de suite aimé la ville. J’avais un projet fantastique, d’énormes moyens, je pouvais promouvoir le vin bio, la biodynamie et j’y ai rencontré mon épouse ! » Dans cette ville où « on peut tout faire si on a du talent », elle est notamment la première Française à obtenir un master de sommellerie états-unien.
« Écoutez les gars, moi j’y vais ! »
En 2016, alors qu’elle s’occupe désormais du vin du restaurant Racines, à Tribeca, elle décide avec deux amis de se présenter au concours de MOF – « une façon de se rapprocher de la France. » Eux se dégonfleront au dernier moment, mais Pascaline Lepeltier commence l’entrainement intensif, qui va durer deux ans. « Je leur ai dit : ‘écoutez les gars, moi j’y vais !’ C’est le diplôme qui m’intéressait le plus, ça va bien au-delà de la technicité savante, ça parle aussi beaucoup de transmission. » A ce sujet, quel modèle choisir, dans un métier qui évolue mais reste très masculin (seulement un tiers des œnologues sont des femmes), et a fortiori, dans le milieu des concours ? La sommelière peut compter sur quelques amies du métier, comme Paz Levinson, sommelière argentine réputée. Ou encore Véronique Rivest, première femme à avoir concouru à la finale du meilleur sommelier du monde. « Une énorme source d’inspiration, un modèle », qui va d’ailleurs l’entrainer chez elle pendant une semaine.
Pour autant, Pascaline Lepeltier n’a jamais ressenti le fait d’être une femme sommelière comme une difficulté. « Le problème du manque de représentation féminine existe mais il est structurel, pas particulièrement lié au monde du vin », explique-t-elle. Et précise : « Comme partout, on est surtout beaucoup moins nombreuses à arriver à la tête d’une entreprise. Pareil pour les concours, qui demandent beaucoup de temps et beaucoup d’investissement personnel. C’est sûr que c’est un sujet sur lequel la sommellerie doit aussi progresser. » Avec, comme nouvel exemple, Pascaline Lepeltier, première femme à avoir été élue MOF le 30 septembre 2018.
Evidemment que je suis super fière, affirme-t-elle. Mais je crois que j’aurais été encore plus fière si je n’étais pas seule. » Ce qui la touche aussi beaucoup, ce sont « les nombreuses jeunes femmes que je ne connaissais pas [qui] m’ont contactée par Instagram, ou Facebook, pour me dire que j’étais une inspiration. » A la fin de notre interview, Pascaline s’excuse : « Je suis désolée, je dois filer… J’ai un entrainement de dégustation à l’aveugle. » Le 11 novembre prochain, elle disputera un nouveau concours : la finale du meilleur sommelier de France. Elles seront deux femmes en finale. Une première. Encore.